Les partis politiques et les représentants de la société civile, sont aujourd'hui, divisés. Certains réclament la dissolution du gouvernement d'union nationale d'autres sont pour le maintien de ce gouvernement. Pour sonder les positions des uns et des autres nous avons invité des personnalités représentatives de ces deux tendances. Interview. ----------------------- Mme Maya Jribi, secrétaire général du Parti Démocratique Progressiste (PDP) « Ce gouvernement a une mission politique. Celle d'organiser des élections libres et transparentes » * Le Temps : Que pensez-vous de ce gouvernement de transition d'autant plus que Me Néjib Chebbi, membre du bureau politique du parti y figure ? -Mme Maya Jribi : « C'est une formule transitoire pour permettre à la Tunisie de vivre des élections libres et transparentes la première fois depuis l'indépendance. Ce gouvernement a une mission politique. Celle de préparer le pays à ces élections. Pour nous c'est la seule issue qui permettra une démocratisation de la Tunisie. Ce gouvernement est animé d'une volonté politique claire. Celle d'organiser ces élections dans les 6 mois à venir. * C'est la seule mission de ce gouvernement? - Oui et pour y arriver il a annoncé des mesures d'une très grande importance qui répondent aux aspirations du peuple. Des mesures qui concernent les libertés, les médias, , la révision des lois régissant la vie politique, l'amnistie générale, la lutte contre la corruption, la séparation du RCD et de l'Etat, la restitution des biens de l'Etat mis sous contrôle du RCD. C'est là une rupture totale avec le régime de Ben Ali. *Mais ce gouvernement est contesté par certains -Ce gouvernement ne jouit pas de l'unanimité, ce qui constitue un signe de santé et de vie. Nous, au PDP, nous sommes contre l'unanimisme et nous défendons le droit à la différence, à la libre expression et à l'opposition. Nous sommes en train d'œuvre pour que ce gouvernement s'ouvre à d'autres figures indépendantes. Mais nous défendons clairement et d'une manière dynamique ce processus démocratique qui permet de préserver les acquis de la République contre tout danger de violence, de situation chaotique ou de l'option militaire. ----------------------- Me Abderrazak Kilani, bâtonnier : « Pour un Conseil de sauvegarde de la révolution » * Le Temps : Comment le conseil de l'ordre des avocats juge-t-il ce gouvernement ? -Me Abderrazak Kilani : Nous sommes contre ce gouvernement car des figures de l'ancien régime s'y trouvent. Un régime qui a bâillonné et appauvri le peuple. Ce gouvernement ne répond pas aux revendications et aux aspirations du peuple et de la révolution. * Que proposez-vous ? -Quand j'ai rencontré le Premier ministre, M.Mohamed Ghannouchi je lui ai dit au nom du Conseil de l'ordre de démissionner de ce gouvernement et de former un autre de transition représentatif des forces vives de la nation. Nous avons confiance en la personne de M. Ghannouchi que nous considérons comme une personne intègre. Nous avons aussi proposé la constitution d'un conseil de sauvegarde de la révolution composé des représentants de l'UGTT et du Conseil de l'ordre des avocats qui a pour mission de préparer les projets de lois des réformes à introduire pour assurer la transition. *Mais il y a une commission présidée par M. Iadh Ben Achour qui a été chargée de cette mission ? -Nous respectons M. Ben Achour et nous sommes prêts à collaborer avec lui dans le cadre de ce conseil. ----------------------- M.Jouneïdi Abdeljaoued, membre du bureau politique d'Ettajdid : « Nous devons rester vigilants » *Le Temps : Quelle est la position d'Ettajdid en ce qui concerne la légitimité ou non de ce gouvernement d'autant plus que le secrétaire du parti M. Ahmed Brahim y figure ? -M.Jouneïdi Abdeljaoued : Ce gouvernement constitue une protection des acquis d e la révolution et va consolider le processus de la démocratisation et de l'instauration des libertés et la rupture totale avec l'ancien régime corrompu et totalitaire. *Mais pour certains, ce gouvernement n'est pas représentatif et ne répond pas aux aspirations du peuple ? -Nous sommes pour son ouverture à d'autres figures indépendantes. Nous sommes pour toutes les initiatives dont l'objectif est la préservation des acquis du peuple et leur enrichissement. Mais nous sommes contre toute démarche qui vise à paralyser les mécanismes du fonctionnement de ce gouvernement et à marginaliser les structures qui ont été instaurées. Les mesures prises par ce gouvernement commencent à donner des résultats. Mais nous devons rester vigilants contre ceux qui essayent de semer le doute et la confusion auprès de l'opinion publique. ----------------------- Me Brahim Bouderbala, ex-président : de la section de Tunis du Conseil de l'ordre des avocats « Ce n'est pas un gouvernement d'union nationale » *Le Temps : Que pensez-vous de ce gouvernement d'union nationale. -Me Brahim Bouderbala : Ce n'est pas un gouvernement d'union nationale. C'est un gouvernement chargé de gérer les affaires. Il ne représente pas toutes les composantes de la société tunisienne. Je ne peux pas qualifier ce gouvernement de gouvernement d'union nationale. -Que proposez-vous à la place ? -Je considère que ce gouvernement doit préparer les élections dans un délai ne dépassant pas les 6 mois. Des élections libres, démocratiques et transparentes et opter pour le régime parlementaire. Aujourd'hui, le pays a besoin de retrouver le calme et la confiance en l'avenir. Interview réalisée par Néjib SASSI