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L'Egypte dans l'œil du cyclone
Kiosque inrernationale
Publié dans Le Temps le 30 - 01 - 2011

Le Devoir (Canada) - Un printemps arabe
Un vent de changement et d'espoir souffle sur le monde arabe, longtemps résigné à la pauvreté et à la répression. Après la Tunisie, le géant égyptien se réveille et pourrait entraîner le Yémen, l'Algérie et la Syrie dans son sillage.
Depuis 20 ans, peut-être même 30, tout ce que la planète compte de spécialistes, de diplomates et de politiciens se demandent quand la poudrière arabe va imploser. Et comment. «C'était une question de temps. Ça ne pouvait pas continuer», affirme Samir Saul, égyptien d'origine, qui est historien et spécialiste des relations internationales dans les pays arabes à l'Université de Montréal.
Après la «Révolution du jasmin» en Tunisie, qui a abattu en quelques semaines le régime répressif et corrompu de Ben Ali, en place depuis 23 ans, l'Egypte s'est enflammée. Depuis quatre jours, des milliers de manifestants défient l'autorité du président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 30 ans…
L'opposant et lauréat du prix Nobel de la paix Mohamed el-Baradei, ancien dirigeant de l'Agence internationale de l'énergie atomique, a été assigné à résidence dès son arrivée au Caire. Internet et les services de téléphonie cellulaire, qui ont largement servi à mobiliser les manifestants depuis mardi, étaient perturbés dans tout le pays…
«Le peuple veut virer le régime!», «Si les Tunisiens l'ont fait, pourquoi pas nous!?» pouvait-on entendre dans les rues envahies par une jeunesse qui brave l'état d'urgence — en vigueur depuis 1981! — et ses pouvoirs tentaculaires.
Alliée de Washington dans la région, poids lourd du monde arabe avec ses 81 millions d'habitants (10 fois plus que la Tunisie), l'Egypte est la clé de voûte de ce possible printemps arabe, ce mouvement de liberté, d'éclosion, tant espéré.
«Ce serait un miracle si le régime de Moubarak se maintenait», affirme le politologue et spécialiste du monde arabe Henri Habib, professeur à l'Université Concordia. «Si l'Egypte tombe, les autres tomberont. Revenons à l'histoire. Après l'abolition de la monarchie en Egypte en 1952, un coup d'Etat a eu un résultat identique en Irak en 1953; il y a eu aussi des coups d'Etat en Syrie et il a failli y en avoir en Jordanie. C'est l'Egypte qui donnait le ton. Ça semble se répéter.»
Les autres régimes de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient sont sur les dents. Si la Tunisie a été l'inspiration, l'Egypte pourrait donner du courage aux autres peuples, affirme Samir Saul, de l'Université de Montréal.
Au Yémen, la police et l'armée ont passivement regardé 16.000 personnes manifester dans les rues de la capitale, Sanaa, cette semaine. Du jamais vu depuis l'arrivée au pouvoir d'Abdallah Saleh, il y a 30 ans. Ce dernier a d'ailleurs promis de quitter la présidence en 2013. En Syrie, où la population est jeune, éduquée et au chômage, comme en Tunisie, le président Bashar El-Assad a convoqué cette semaine toutes les branches du gouvernement pour leur demander fidélité en cas de débordement. Mercredi, le gouvernement, dirigé par le parti Baâth depuis 1963, a resserré son contrôle sur Internet, interdisant notamment les discussions en direct sur Facebook avec les cellulaires. Le président El-Assad est conscient qu'en Egypte et en Tunisie, les émeutes ont été possibles grâce à une jeunesse connectée à Facebook et Twitter, les réseaux sociaux qui contournent les médias traditionnels contrôlés par les Etats.
En Algérie, contrôlée d'une main de fer par le président Abdelaziz Boutefika, au moins six personnes se sont immolées par le feu en public depuis quelques semaines, autant de tentatives pour lancer une fureur populaire comme en Tunisie, où le suicide par immolation du jeune Mohamed Bouazizi a canalisé la colère de toute une génération.
C'est justement parce qu'il n'était personne et tout le monde à la fois que Bouazizi est devenu ce héros qui a lancé la «révolution du jasmin»... et peut-être le printemps arabe. Ce marchand de 26 ans, vendeur de fruits et de légumes, a été arrêté le 17 décembre par deux policiers qui ont confisqué son chariot et détruit sa cargaison. On lui crache dessus, on le gifle. Son crime? Il n'avait pas de permis de vendeur. En sortant de la préfecture de police, désespéré, Bouazizi s'immole par le feu, laissant sa vie sans savoir combien il allait ultimement en sauver, en libérer.
Alec Castonguay
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Le Quotidien d'Oran (Algérie) - «Bougez, vous mangerez du rouget»
Les autocraties arabes tremblent et ne cachent même pas leur peur. Les peuples bougent et n'attendent aucune impulsion extérieure, les privant ainsi de l'argument de l'ingérence étrangère. Ces peuples sont dans leur temps, les régimes épuisés ne comprennent visiblement pas cette phase nouvelle de l'histoire.
Les Tunisiens ont ouvert une brèche énorme qu'aucune répression et qu'aucune politique populiste ne pourront plus refermer. Au Caire et dans de nombreuses villes égyptiennes, la peur a été surmontée. Le blocage d'Internet et des téléphones mobiles n'aura pas empêché les Egyptiens de réussir, dans la douleur, les violences et l'odeur des grenades lacrymogènes, leur vendredi de la colère. Le régime est acculé. Même ses protecteurs occidentaux, qui craignent une démocratie aux conséquences géopolitiques indésirables, demandent que des initiatives soient tentées, notamment l'ouverture du jeu politique. Ces amis occidentaux veulent qu'on leur sauve la face et les meubles. Le monde arabe est en mouvement. A l'est de la nouvelle démocratie tunisienne, c'est en cours. Et immanquablement, l'ouest de la Tunisie suivra. Le blocage de la dynamique naturelle des sociétés arabes au nom de la «menace islamiste» cesse de fonctionner.
Les Occidentaux eux-mêmes, surpris par des mouvements de contestation où les islamistes n'ont pas les rôles les plus importants, tentent de s'adapter. Seuls les régimes et les gouvernants se braquent et tentent, encore une fois, d'agiter la carotte et surtout le bâton. Ils ont tellement créé le vide qu'ils en sont arrivés à croire qu'ils peuvent annihiler les demandes politiques et sociales de leur peuple par la peur de l'effondrement. Cela ne marche plus.
Sur un forum algérien sur le Net, un Algérien s'est inquiété de la fin indigne de Ben Ali, désormais recherché par Interpol comme un vulgaire criminel. Il ne le regrettait pas, bien entendu, mais il estimait qu'en resserrant aussi fortement l'étau sur le dictateur tunisien, on envoyait un mauvais message aux autoritarismes en place qui seraient enclins à ne plus lâcher prise. Et à réprimer sans modération. On est dans le registre psychologique et non dans le politique, qui comporte normalement une part d'anticipation et de gestion rationnelle.
Ceux qui sont au pouvoir ont, jusqu'à ce que les choses leur échappent, tous les leviers en main pour éviter la fin indigne de Ben Ali. L'exaspération des Egyptiens contre le régime n'était pas un mystère. A moins d'un aveuglement total, les choses étaient claires pour les moukhabarate comme pour le citoyen lambda. Le régime comptait sur une présumée inaptitude des Egyptiens à la révolte. D'une certaine manière, cette idée était partagée aussi par les opposants. Une journaliste égyptienne l'a exprimée clairement en se disant «émerveillée par ce peuple auquel j'appartiens et que je croyais incapable de dire non». Tout a été dit en une petite phrase.
Méfiez-vous, gouvernants des peuples qui semblent dormir. Quand saute le mur de la peur et que les populations se mettent à bouger, c'est qu'il est souvent trop tard pour les régimes. Cela est valable à l'est de la Tunisie, cela est valable à l'ouest de cette révolution, en Algérie.
Les jeunes Algériens ont inventé la formule «Bougez, vous mangerez du rouget», qui dit bien que rien ne vient à ceux qui ne tentent rien. Les gouvernants devraient le méditer et se dire qu'il faut bouger avant de se faire bouger…


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