Les différents partis politiques qui jusqu'au 13 janvier 2011 étaient bâillonnés, ont eu leur droit de cité dans nos médias. Et c'est tant mieux pour la liberté de pensée et pour l'appartenance politique dans notre pays. Mais qu'en est-il des meetings politiques qui en découlent ? On aime un peu, beaucoup, passionnément ? Dans moins d'un mois, nous Tunisiens, serons en mesure de pouvoir voir enfin du moins par écrans interposés les meetings du Parti démocrate progressiste (PDP) et celui du mouvement Ettajdid. Ils ont été passés en revue lors du journal de 20 H qui s'ouvre désormais à tous les courants politiques même les plus radicaux. Les partisans du « Parti communiste des ouvriers de Tunisie » (PCOT), ceux « d'Ennahdha », et encore ceux du « Congrès pour la République » longtemps relégués aux oubliettes voire même persécutés, brimés, torturés, oppressés et opprimés retournent à leur pays, la Tunisie. Certains parmi eux préfèrent rester à l'écart de la vie politique alors que d'autres participent au bouillonnement politique qui s'opère et se propage à tous les échos. Et nos médias ne se font pas prier pour annoncer les scoops et inviter les figures de proue de cette nouvelle scène politique sur les plateaux télévisés et radiophoniques, voire même sur les colonnes des journaux. « C'est de bonne guerre. » remarque notre consœur Faouzia Mezzi, sociologue et journaliste lors d'une rencontre organisée par le CREDIF jeudi dernier où l'on a évoqué entre autres, la question de l'invisibilité de la femme journaliste lors des évènements ayant suivi le 14 janvier. Dans la foulée Mme Mezzi a dressé une « typologie des journalistes tunisiens » de l'après révolution. « Des journalistes ayant été marginalisés auparavant ont trouvé leur filon avec le changement de la conjoncture politique. Il y a ceux qui ont été obligés de travailler selon la ligne éditoriale imposée à l'époque et qui sont prêts aujourd'hui à faire des efforts pour surfer sur la vague de la révolution. Mais il y a ceux qui se sont retrouvés dans l'impossibilité de changer de style d'écriture. Ils sont conditionnés et ne peuvent s'exprimer que dans la langue de bois. » dit-elle. « Mais les journalistes doivent maîtriser les subtilités du monde de la politique en se familiarisant avec les différents partis et en se renseignant sur l'histoire des faits politiques pour pouvoir mener à bien un débat. Car aujourd'hui on assiste à un show médiatique qui requiert un minimum de connaissances en la matière. » fait remarquer de son côté Zied Krichen lui aussi présent au siège du CREDIF. Star system Le rédacteur en chef du magazine « Réalités » a donné un autre son de cloche, en évoquant le « star system » qui commence à retrouver tout son sens dans nos médias. Il suffit de participer à quelques débats télévisés et le tour est joué ! « J'ai toujours travaillé dans un magazine sans pour autant avoir de la notoriété auprès du commun des mortels, alors que mon portrait accompagne chaque publication. J'ai participé, il y a peu à quelques émissions sur nos chaînes nationales et du coup je suis sollicité dans la rue par des gens qui m'arrêtent pour me donner leur avis sur mes déclarations et en me proposant les leurs. » fait-il remarquer. Qu'on le veuille ou pas, le show politique auquel prennent plaisir certains parmi nos concitoyens fera des célébrités politiques au détriment d'autres qui n'auront pas la possibilité ou la volonté de se faire à la DICTATURE du système médiatique. C'est carrément marche ou crève. Et ceux qui resteront à la traîne ne seront que des figurants sur la scène politique. Notre prochain Président de la République, est-ce qu'on le connaît ? Pas pour l'instant. Mais une chose est sûre, le Président tunisien élu du peuple sortira de nos écrans de télévision. On ne zappe pas nos chaînes nationales pour le moment.