Ils s'y étaient pris dans le passé sous protection d'un membre influent du RCD - La mosquée séculaire de Sidi Bahri à Houmt-Souk n'est plus ; en l'espace de quelques heures, ce dimanche 13 février, triste journée pour notre mémoire collective et notre patrimoine, tôt le matin, deux bulldozers se sont attaqué, toutes griffes dehors, à tout l'édifice, n'épargnant que le minaret et ce, sous le regard admiratif et vindicatif d'une poignée d'écervelés constituant ce qu'on se plaît à appeler les « commissions des mosquées ». A notre arrivée sur place, il ne restait plus rien à récupérer, tant ils sont allés vite en besogne, et le colonel de l'armée sollicité en urgence ne pouvait faire grand chose. Ces prédateurs des circonstances exceptionnelles ont profité du relâchement sécuritaire et de la quasi paralysie de l'action municipale pour passer à l'action et concrétiser un rêve ancien insensé consistant à substituer au monument séculaire conçu à la dimension de l'homme, une mosquée digne des goûts stupides du jour adeptes de la démesure, du gigantisme et de l'exubérance. Ces profanateurs ignares ont tenté vainement, il y a deux ans, d'entreprendre ce qu'ils viennent de faire, parvenant même à se faire délivrer un permis de construire sur la base d'une demande de restauration sans plus, aidés en cela par un membre influent du RCD de la ville, mais l'Institut National du Patrimoine et l'Association pour la Sauvegarde de l'Île de Djerba ont compromis légalement leur démarche grâce à l'intervention salutaire de l'ex gouverneur de Médenine, Dr Mourad Ben Jelloul, qui a ordonné le retrait immédiat du permis de construire. Ces opportunistes de mauvais goût, ces pseudo-fidèles qui agissaient, il n'y a pas longtemps, sous la tutelle du RCD, osent maintenant émerger à la surface pour défier l'Etat de droit et agir à leur guise. Ils ne disposent d'aucune autorisation de démolition, comme le stipule le règlement en vigueur, ni de la part de la municipalité, ni du ministère des Affaires religieuses, s'agissant dans le cas échéant d'un lieu de culte. Mais, la bataille ne fait que commencer, et rien n'empêchera l'INP et L'ASSIDJE d'aller loin et demander que justice soit faite et que chaque fauteur paye sa dette à la société et à la mémoire de nos ancêtres ignoblement bafouée..