De Hechmi GHACHEM - S'il fut au début comme ils disent, cela n'a pas empêché le Verbe d'être de tous les événements qui ponctuent la vie des peuples. Tout commence avec les mots et ces derniers perdurent et marquent de leur abstraction imagée les rendez-vous clefs de l'Histoire. Ce qui a nargué beaucoup de téléspectateurs lors de la diffusion sur France 2 de « l'Envoyer Spécial » consacré à Kasserine en plein effervescence est la réponse de l'égérie locale des ces événements exceptionnels, qui à la question de savoir si elle ne craignait pas de recevoir une balle mortelle répliqua par cette phrase que certains jugeront incorrecte parce que ne répondant ni à la syntaxe ni à la conjugaison française « Non ! Je ne PEURES pas les cartouches ». A quoi, ce qui apparait de prime abord comme un crime de lèse-majesté linguistique, doit-il l'attachement que lui vouent beaucoup d'observateurs tunisiens dont certains clament que ce qui n'était par un verbe et l'est devenu comme faisant partie du premier groupe en la matière devait réclamer son visa d'entrée dans la langue de Voltaire. L'égérie, métrisarde en droit et qui fait je ne sais plus quel boulot qui n'a rien à voir avec la loi, aurait répondu qu'elle n'avait pas peur des balles et cela serait passé inaperçu comme une lettre à la poste. Mais voila par cette réponse n'aurait pas suscité la ferveur provoquée par celle sublime qui rend compte de l'urgence, de la gravité et de la rapidité des événements et de la conception totalement chamboulée de la vie et la mort. En un mot celle de la Révolution : « JE NE PEURE PAS LES CARTOUCHES « . nous trouvons cette phrase tout simplement sublime et il est étrange que les journalistes et les intellectuels français habitués à nous coller des termes qu'ils gardent soigneusement cachés dans leur vieux tiroirs n'avaient pas relevé l'opportunité historique de ce nouveau verbe : « Peurer » ou « ne pas peurer ? » là est toute la question . Au lieu de cela, ils ont vite fait de nous coller un label déjà usité puisqu'utilisé à l'occasion de la destitution du dictateur vieillissant Bourguiba par son rat de garde Ben Ali. « La Révolution du Jasmin » Franchement vous n'avez pas honte ? Jasmin, mon œil, oui ! Pourquoi n'appelez-vous tout simplement cette révolution par le nom qui lui revient de droit : La Révolution tunisienne, tout simplement ? Laissez de coté ces résidus d'orientalisme qui sent les vieilles nippes, ne cherchez ni du coté de l'harissa et des figues de barbarie et acceptez le fait qu'un petit pays, vieux de quelques millénaires, puisse appeler ses richesses et ses enfants comme il l'entend. C'est une Révolution, oui, et elle est tunisienne. Alors appelez la comme tout le monde : « la révolution Tunisienne » et vous serez des intellectuels, des politiciens, des journalistes français qui Kalashnikovent et qui sont dans l'air du temps. Nous ne sommes pas que jasmin même si nous aimons cette fleur. Des dizaines de jeunes sont morts lors de ces évènements. Alors Messieurs, un peu de décence!