Des étudiants, des lycéens, des élèves des écoles primaires affluaient hier dès le matin à la place de la Kasbah, où se trouvent depuis une semaine les participants au sit-in. Ils étaient nombreux (des milliers) à se donner rendez-vous vendredi 25 février, qualifié d'après certains manifestants «le vendredi de la colère ». C'est clair que cet acte est très bien organisé. La foule des jeunes affluait des partout. De la rue Bab B'nat, du Boulevard 9 avril, de la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis, de la Faculté de Droit et des Sciences politiques d'El Manar… Une mobilisation tous azimut. C'était même l'effet boule de neige. En quelques minutes, la place de la Kasbah ainsi que l'esplanade contenaient à peine les participants dans leur quasi-totalité des jeunes. L'horloge affiche presque midi, la foule devient de plus en plus massive. Ils sont des dizaines de milliers à venir passer un message au gouvernement provisoire. Ils demandaient le départ de Mohamed Ghannouchi d'après eux illégitime, étant donné qu'il représente le régime du président déchu. « Il a préféré de se taire durant les dernières années. Nous ne lui faisons pas confiance, il n'a qu'à démissionner », commentent certains. D'ailleurs, ils considèrent que le gouvernement provisoire ne sait pas où donner la tête, il est « en train de danser », mais il ne sait pas sur quel pied le faire. Pour caricaturier ce schéma, un manifestant tenait sa marionnette « danseuse », accompagné d'une pancarte où on peut lire « le gouvernement danse ». Les messages Les messages changent selon les groupes. Il y a ceux scandant à travers les banderoles et les slogans la « dissolution » du gouvernement provisoire, de la chambre des députés et de la chambre des conseillers ». D'autres clament la “création d'une assemblée constituante” pour instituer « un régime parlementaire ». Ce n'est pas tout. Les opinions diffèrent selon les groupes et les orientations. D'autres appellent à « la constitution d'un gouvernement de salut national, à la dissolution du RCD et l'assainissement des institutions, des organisations, des associations et des syndicats des membres impliqués dans la corruption ». Ils affichaient aussi leur mécontentement contre les trois commissions formées pour enquêter notamment contre la corruption et la malversation. Chacun s'exprimait à sa manière. Il y a, en fait, ceux qui s'inspiraient des chansons de Mohamed Jammoussi, et des chants populaires pour dire à Foued M'Bazâa et ses ministres de partir et de laisser se former une nouvelle constitution. L'ironie et l'humour étaient également présents. On parle toujours de Leila Trabelsi, de ses escroqueries et de Zine El Abidine. Préparation judicieuse En fait, la manifestation s'est déroulée selon une préparation judicieuses et une bonne organisation. Les jeunes guidaient la foule de manière très synchronisée. D'autres formaient une barrière humaine à bord de la chaussée pour mieux orienter les manifestants. Mais ce qui est plus pittoresque c'est que, même, des écoliers étaient canalisés par des étudiants. « Il faut qu'ils participent à cet événement historique », d'après Khaled qui guidait les étudiants « islamistes du campus El Manar ». Ne se rendant pas compte de ce qui est écrit sur la pancarte, il a par la suite rectifié le mot pour écrire les « étudiants musulmans du Campus El Manar. « Nous sommes des étudiants musulmans indépendants. Nous ne faisons partie d'aucun parti politique » tenait-il à préciser. Reste à vérifier !. A remarquer que l'effectif des Agents de l'Ordre et les unités de l'Armée nationale n'était pas visible. Ils ont d'ailleurs, préféré changer leurs positions et se sont retirés aux abords de l'avenue du 9 avril, se contentant de surveiller ce rassemblement populaire pacifique. Une tente du Croissant rouge tunisien a été dressée par la même occasion où il y avait également des agents de la protection civile.