• « Il faut diligenter une enquête judiciaire », déclare Denys Robiliard chef de la délégation Amnesty International • « Il y a des techniques, d'autres possibilités pour maintenir l'ordre sans tuer ». • Impérieux besoin de transparence sur l'effectif des policiers Amnesty International a dressé hier, le bilan des événements survenus en Tunisie après le 14 janvier. Le rapport présenté lors d'une conférence de presse donnée par MM. Habib Marsit (Amnesty Tunisie), Denys Robiliard chef de la délégation Amnesty International et Said Haddadi, chercheur au sein de cette organisation a concerné essentiellement la période allant du 14 jusqu'au 23 janvier. Si le bilan des morts varie entre le gouvernement et les organisations internationales à savoir : le Haut Commissariat des Droits de l'Homme (HCDH) où on parle de 78 victimes côté gouvernement et 147 côté HCDH, le résultat reste le même. « Les victimes ont été tuées par des balles soit à la tête, soit à la poitrine, ou dans le dos, au cou, ou à la nuque… », déclare M. Denys Robiliard chef de la délégation. Il s'agit en fait « d'un meurtre », constate-t-il. Pour « enquêter » sur les circonstances du décès des victimes, la délégation a rencontré « les familles des émeutiers, des personnes blessées lors des manifestations, des témoins ainsi que des avocats, des défenseurs des droits humains, des syndicalistes et des professionnels de la santé ». D'ailleurs le travail a été effectué en collaboration avec l'Association Liberté et Equité. Le constat fait est que les « forces de sécurité derrière ces meurtres doivent rendre des comptes pour avoir tué des manifestants ». Outre les morts, on a enregistré également des blessés qui sont de l'ordre de 1200, d'où l'importance voire l'urgence de lancer une enquête judiciaire. « Il n'y a pas d'enquête pour le moment. Il faut diligenter une enquête judiciaire », insiste le chef de la délégation. Encore des morts Par ailleurs, M. Robiliard a indiqué que « depuis la chute de Ben Ali, il y a encore des morts lors des manifestations ». « Les circonstances sont différentes, mais il y a des techniques et des possibilités autres pour maintenir l'ordre sans tuer », fait-il remarquer. Cela est le résultat d'un système policier qui règne depuis 20 ans, « d'où notamment, l'imminent besoin de transparence sur l'effectif des policiers. Il doit y avoir une clarté immédiate », insiste le chef de la délégation. Cela se réalise d'après lui « en établissant un organigramme au sein du ministère de l'Intérieur ». « On parle de police politique, mais elle n'existe pas au sein de l'organigramme du ministère. On ne sait pas qui en est le responsable ni comment cette chaine travaille pour établir la responsabilité », tenait-il à préciser. « Le commissariat doit être un lieu de sécurité et de pas de torture », toujours d'après M. Robiliard. Toujours dans le même contexte, le chef de la délégation d'Amnesty International a évoqué la question des sanctions tout au long de l'ex-régime ainsi que lors des prochaines années. Il parle ainsi de l'indépendance de la justice et du Conseil Supérieur de la Magistrature. Les magistrats doivent ordonner des enquêtes en cas de torture. « Il importe d'établir une justice des droits de l'homme une justice sans peine de mort », conclut-il.