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« L'activité gouvernementale s'était caractérisée par son opacité et un manque flagrant de communication » Me Brahim Bouderbala, ex-président de la section de Tunis du Conseil de l'Ordre des avocats
•Le Temps : Quel jugement vous pouvez porter sur le bilan de M. Ghannouchi après sa démission. - Me Brahim Bouderbala : Je pense qu'il est un peu tôt pour porter un jugement et une appréciation définitives sur le bilan de M. Mohamed Ghannouchi, durant la période relativement courte qu'il a passée à la tête du gouvernement. Cependant, et abstraction faite de la personne de l'ancien Premier ministre et de son intégrité que l'histoire jugera et de sa sincérité trahie par son émouvante sortie de la scène, l'on peut quand même relever dans un premier bilan, un échec relatif dû à certains facteurs dont notamment : - L'absence d'une ligne directrice claire de la nature du gouvernement et donc de son action et de ses objectifs : était-ce un gouvernement d'union nationale ? Un gouvernement provisoire ? ou un gouvernement de gestion des affaires courantes ? c'était le flou artistique sur ce plan et ce flou devient dangereux quand il a des conséquences constitutionnelles et politiques. Je pense qu'il est un peu tôt pour porter un jugement et une appréciation définitifs sur : - L'absence d'une vision claire du paysage constitutionnel. Et il est symptomatique que M. Ghannouchi émit son avis favorable à une assemblée constituante lors de la conférence de presse de démission. - L'activité gouvernementale s'était caractérisée par son opacité et un manque flagrant de communication préjudiciables à son efficacité et sa crédibilité. En outre, les nombreux faux pas et tergiversations dans les décisions importantes ont fini par porter le coup de grâce tant attendu par certains. Ces hésitations ont donné l'impression qu'il y avait des forces occultes ou un gouvernement de l'ombre qui tirait les ficelles. - La lenteur constaté dans la mise en marche des poursuites contre les anciens dirigeants du pays et l'absence d'une décision politique ferme de dissoudre et de mettre fin aux nuisances du RCD ont fini par convaincre l'opinion publique que le cordon ombilical avec l'ancien régime n'était pas coupé et cela a laissé le temps à l'ancienne mafia pour réorganiser ses rangs et de continuer ses nuisances jusqu'à aujourd'hui. Tout cela et d'autres facteurs ont fini par casser la branche. •Que pensez-vous de la nomination de M.Béji Caïd Essebsi ? -M. Caïd Essebsi est une personne rompue à la politique et un homme de poigne qui n'a pas hésité à dire non à Bourguiba. Cependant, il est défavorisé par son âge et son ancienne carrière ce qui pourrait le désavantager aux yeux de la jeune génération, mais paradoxalement cela peut jouer en sa faveur du fait que les jeunes ne le connaissent pas. Il doit être jugé par le choix de ses collaborateurs au sein du gouvernement et de sa vision claire et concrète des aspects constitutionnels de la transition. •L'UGTT a émis des réserves. Comment l'expliquez-vous ? - L'UGTT est une organisation nationale prestigieuse qui assume ses décisions et ce n'est pas à moi de les juger. Il reste à la base syndicale de juger les positions de sa direction. •Que pensez-vous de la vague de violence qui secoue le pays ? - Je condamne fermement la vague de violence et la tournure prise par les évènements ces derniers jours. Il est clair qu'il s'agit d'une poignée de jeunes désoeuvrés et de délinquants manipulés, financés et armés par des forces de la réaction qui a peur du changement et de rendre compte de ses forfaits passés et présents. Un surplus de transparence et d'information sur les personnes arrêtées depuis quelque temps déjà avait permis à la société de se prémunir et de se rassurer et de se défendre contre ces délinquants dangereux. Il faut mettre sur pied tout les moyens politiques, sécuritaires et judiciaires afin de mettre fin à ces nuisances. Interview réalisée par Néjib SASSI