Par Khaled GUEZMIR - En 1968 les barricadés du Boulevard Saint Michel à Paris criaient : « Il est interdit d'interdire. La liberté commence par une interdiction, celle de ne pas porter atteinte à la liberté d'autrui. » C'est dire si la liberté est problématique, où commence-t-elle et où doit elle s'arrêter… au juste. Les points de vue et les libres opinions fusent dans toute la presse tunisienne qui vit un véritable printemps et rien que pour cela on peut estimer que la révolution du 14 janvier a porté ses premiers fruits. Mais donnons nous le temps d'une pause, après toutes les angoisses et les joies intenses vécues pendant ces deux derniers mois, pour nous « amuser » un peu à imaginer ce qui doit être « interdit » à partir de maintenant, afin de préserver la révolution de certains virus résiduels et d'un retour des vieux démons du despotisme. Je ne vous cache pas que le premier interdit toutes catégories concerne les femmes ! Mais rassurons les, qu'elles ne se fâchent pas, je n'ai jamais trempé dans la misogynie primaire. Les femmes sont nos mères, nos sœurs, nos filles et les compagnes de notre vie et pour les honorer encore plus, elles ont joué un rôle déterminant dans la pré-révolution par des associations féminines et autres courageuses militantes et héroïques de passion pour la liberté et la dignité. Des dames comme Sana Ben Achour, Sihem Ben Sédrine, Radhia Nasraoui et bien d'autres, ont été de tous les combats et de tous les sacrifices contre la dictature et ont payé le prix fort au niveau de la répression et de l'atteinte à leurs droits civiques et politiques. Par conséquent notre « interdiction » s'adresse de fait à l'autre « statut » de la femme, celle de « l'épouse »… d'un chef d'Etat, d'un Premier ministre ou ministre, ou tout autre responsable et détenteur d'une haute charge de l'Etat ou dans le système politique. Il est nécessaire et même vital de décréter une « interdiction » ferme et absolue de tout pouvoir d'intervention et d'influence des conjointes dans la carrière et les fonctions de leurs époux ! Il est vrai que nous n'avons pas eu de chance jusque-là avec les « premières dames » à l'exception de la « Beya » du temps de la Monarchie beylicale ou de la première femme de Bourguiba qui ont tenu un rôle de retrait par rapport à leurs maris. Pour le reste et surtout du côté de la « Régente », la Tunisie en a vu de toutes les couleurs et de toutes les « saveurs » ! Il fut un temps où se réveiller le matin pour regarder les premières pages de nos journaux et revues flanquées du portrait « cléopatrique » de la Régente aux côtés du « Chef de l'Etat » ou supposé comme tel, était le pire des calvaires pour un écrivain publiciste ou des âmes sensibles. Alors plus jamais cela ! Et comme la future constitution pourrait permettre aux femmes de briguer la présidence ou le Premier ministère, cette interdiction doit être élargie – à égalité – aux « époux » des futures dames chefs d'Etat et de gouvernement ! Au fait quelqu'un peut-il me citer le nom de l'époux de Madame Angéla Merkel la chancelière Allemande, élue « femme la plus puissante du monde » ! Même les citoyens allemands qui le savent se comptent par quelques dizaines parmi leurs amis. Eh bien puisque vous tenez à le savoir, sachez que l'époux de Mme Merkel, est un chercheur professeur universitaire émérite de chimie du nom de : M. Joachim Sauer. Il roule à bicyclette comme tous les Allemands pour faire ses courses et s'occupe de son jardin le dimanche ! Ni voiture de service, ni tapage médiatique et surtout « Zéro influence » sur la chancelière dans sa vie politique ! Ceci est à méditer par Messieurs les rédacteurs et architectes de notre future constitution, et les candidats prétendants à gouverner la 2e République ! Il vous est permis d'interdire… tant qu'il y aura des « Régentes ».