Rebondissement inattendu dans l'affaire Makram Laguem aux lendemains de la Révolution bénie avec déliement des langues jusque là « paralysées » par la peur et révélations tonitruantes de certaines exactions vécues sous l'ancien régime. Laguem n'a pas dérogé à la règle en montant ostensiblement au créneau avec des accusations très graves et dont il assume tout seul l'entière responsabilité. Ecoutons-le : Le Temps : Un bref rappel des faits ayant suscité votre courroux à l'endroit de vos employeurs, les fédéraux ? Makram Laguem : Je rappelle pour la petite histoire que j'ai été évincé de façon arbitraire et illégale de la liste des huit arbitres internationaux en début de saison par le BF. Sitôt débouté, j'ai diligenté une action contre la FTF auprès de la Cour Nationale d'Arbitrage Sportif (CNAS) qui me réhabilita dans mes droits. Mais l'instance fédérale ne l'entendit pas de cette oreille alléguant que la date butoir imposée par la FIFA pour l'envoi des listes a été dépassée et de ce fait je ne pus jusque là recouvrer mes droits. Chose que vous avez acceptée alors en dépit de la grande frustration que vous avez ressentie. Pourquoi remuer le couteau maintenant dans une plaie en voie de cicatrisation ? Le souffle de renouveau et de liberté qui balaie désormais notre pays avec la chute du dictateur autorise actuellement tous les opprimés à s'exprimer et à réclamer justice et réparation. Quels sont pour l'heure vos revendications et griefs ? J'ai agi selon deux axes distincts. La tutelle et la justice. Mais la Cour Nationale d'Arbitrage Sportif (CNAS) vous a déjà rétabli dans vos droits ? Non je ne parle pas de cet organisme mais de la justice pénale. Je m'explique : la tutelle d'abord a été saisie par une correspondance officielle de ma part pour mettre en exergue et dénoncer les abus de pouvoir du BF en s'entêtant à persister à m'éliminer de la liste internationale et le ministre des Sports devrait trancher dans ce dossier en ma faveur. Par ailleurs une action a été estée auprès des tribunaux à l'encontre de Ali Hafsi pour tentatives itératives de corruption. Des précisions ? A trois reprises, il m'a approché pour l'arrangement de trois rencontres que je devais diriger. Metlaoui- Tozeur ; SRS –Tozeur et CSHL-ESZ. Pour les deux premiers matches, Tozeur devait gagner. Je me suis désisté en dernière minute et refusé de les arbitrer. D'ailleurs Metloui-Tozeur (1-1) a été arbitré par quelqu'un qui a offert le penalty de l'égalisation aux tozeurois au temps additionnel avec comme récompense, son accession à la liste internationale. Inutile de le mentionner, il se reconnaitra…et il suffit d'éplucher les archives pour le connaître. Par contre j'ai dû diriger la rencontre CSHL-ESZ (0-0) car je devais passer un examen ce jour là et il ne m'était donc plus possible de me défiler. Les instructions étaient claires et fermes de Hafsi : Zarzis devait gagner. Je suis passé outre ses injonctions ce qui m'a valu ma mise à l'écart. Par ailleurs sur la feuille du match ASM-ASG, j'ai mentionné que Amor Jbali m'avait verbalement agressé avec des menaces et des paroles blessantes et avilissantes envers ma personne. Résultat des courses, Jbali n'écopa que d'une petite semaine d'interdiction de banc sous la pression de Hafsi tenant mordicus à être dans la bonne grâce du président Mehersi de l'ASMarsa. Lequel président est le beau frère du dictateur déchu pour ceux qui l'ignorent encore. Permettez-nous de douter un tantinet de toutes ces graves accusations du moment qu'elles paraissent dénuées de preuves, de fondement. Vous ne craignez pas un retour de manivelle de la part du président de la FTF Ali Hafsi vous attaquant pour diffamation ? Au contraire, je détiens toutes les preuves les plus irréfutables de tout ce que je viens d'avancer. Mais je ne les livrerai qu'au juge d'instruction en personne et vous comprenez parfaitement les raisons de mon abstention pour l'heure de les étaler au grand jour. Mais une fois les chefs d'accusation solidement établis par la justice, tout le dossier sera communiqué à votre sérieux journal en primauté et en exclusivité. Car je n'oublie pas le soutien indéfectible et grandement courageux de votre quotidien à ma cause alors nous étions encore sous l'ancien régime. Entretien conduit par Mohamed Sahbi RAMMAH