Mounir JOMNI - Les Révolutions dans tous les pays du monde ont toujours créé des situations inédites et inattendues. Ceci n'a rien d'étonnant tant que l'effet naturel d'une révolution est de balayer l'ancien système dans toutes les structures et facettes. Longuement dominée par le parti unique, la Tunisie post-révolutionnaire connaît, aujourd'hui, une véritable explosion du nombre de partis politiques. C'est normal et les expériences de plusieurs pays ayant passé par des révolutions le prouve. La multitude de partis s'explique également par une «soif» démocratique du citoyen à s'exprimer et à participer concrètement à la chose publique à travers la création et l'adhésion à des partis politiques ce qui n'est que l'expression de la nature même de l'Homme, cet « animal politique » (Aristote) qui ne saurait rester indifférent par rapport à ce qui intéresse sa société. Le constat qui se dégage c'est la difficulté de « faire le tri » ou de trouver la différence entre ces formations. Cette mosaïque de partis souffre encore du déficit de notoriété de la majorité de ses dirigeants et des autres membres des instances dirigeantes. Mais les expériences dans toutes les démocraties du monde montrent que la scène politique ne peut naturellement «supporter» un nombre aussi important de partis. Car, ce nombre crée de la confusion, rend le choix électoral difficile. Si l'on songe, en ce qui concerne la Tunisie, au rendez-vous crucial du 24 juillet prochain, on serait appelé à choisir entre des dizaines de programmes, ce qui ne serait guère aisé. Quelle équipe gouvernementale à l'issue de ces élections ? Quels consensus autour de la future Constitution si l'on sera dans une assemblée constituante aussi diverse dans sa formation, à l'image de la scène politique actuelle ? Or en présence d'un tel nombre de partis, les négociations autour des principes essentiels de cette constitution risquent d'être compliquées et le consensus difficile à dégager. On peut dans ce cadre songer à des coalitions pré-électorales entre les composantes des grandes familles politiques classiques pour dégager un minimum de visibilité pour les électeurs. Ce sera, dans une grande mesure, conforme aux règles essentielles du jeu politique et aux traditions politiques en Tunisie.