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«Répondre efficacement à l'émiettement des énergies»
Entretien avec : Boujemaâ Remili, secrétaire national du Mouvement Ettajdid chargé de la coordination
Publié dans La Presse de Tunisie le 24 - 03 - 2012

Présenté par les observateurs comme le nouvel homme fort du mouvement Ettajdid, Boujemaâ Remili est, en tout cas, le champion de l'idée de fusion de sa formation au sein d'un parti unitaire groupant également le PDP, Afek Tounès, le Parti du travail tunisien et le Parti républicain, ainsi que les indépendants du PDM. En attendant que soit concrètement mise en route ladite «Initiative de M. Béji Caïd Essebsi», qu'une récente rencontre groupant autour de l'ancien Premier ministre de transition, MM. Néjib Chebbi, Ahmed Brahim, Taïeb Baccouche, Yacine Brahim, Omar S'habou, Abdeljelil Bédoui, Ridha Belhaj et Riadh Ben Fadhl, semble avoir remise au-devant de la scène.
Elu lors du récent congrès d'Ettajdid en qualité de secrétaire national «chargé de la coordination», il semble surtout pressé de coordonner avec les autres partis en vue de concrétiser en deux grandes étapes et trois actes d'union le grand parti centriste que l'équilibre démocratique de l'échiquier politique tunisien attend. Afin que les opportunités d'alternance soient réelles. Interview.
Tout d'abord , pouvez-vous nous éclairer sur votre lecture de la scène politique nationale actuelle ?
Grâce à la révolution et à la première étape de transition, la Tunisie a réussi à s'inscrire dans la démarche démocratique et à vivre des élections transparentes et équitables, à se doter d'une Assemblée constituante reconnue par tous et à s'apprêter à rédiger une nouvelle Constitution appelée à garantir l'indépendance des pouvoirs et l'équilibre des institutions.
Le mouvement Ennahdha est arrivé premier dans ces élections, ce que personne ne lui conteste, mais il ne doit toutefois pas se tromper sur la personnalité sociopolitique de la Tunisie en croyant qu'on pourrait mettre en place une société d'islamisme politique.
Par ailleurs, en ayant considéré que cette deuxième étape de transition est une étape d'installation (avec un gouvernement, une opposition et des institutions), Ennahdha commet une erreur.
Tout cela fait que la société tunisienne n'a pas compris ce qui se passait et est devenue déboussolée. De sorte qu'elle s'est mise à se demander ce qu'il fallait faire. Les gens ont perdu toute grille de lecture, et cette absence de lisibilité est valable pour les nationaux comme pour les internationaux.
On en est arrivé à se demander quels étaient donc les objectifs de la révolution. Ce qui était évident il y a 7 ou 8 mois, à savoir que la révolution a trois objectifs essentiels : mettre fin au despotisme, mettre un terme à la corruption et réduire la fracture sociale, a laissé place à une confusion dans les esprits et au niveau des attitudes.
S'y sont substitués des objectifs nouveaux étrangers à la révolution, tournant autour de l'identité. Alors qu'il a toujours été évident pour tous que s'il y a un consensus acquis en Tunisie, c'est bien sur l'identité.
Y aurait-il un malentendu dès le départ sur les véritables objectifs de la révolution ?
C'est vrai qu'on était tenté un peu, chacun de son côté, d'interpréter la révolution à sa manière. Mais il y avait aussi un certain consensus autour des fameux trois objectifs.
C'est avec le concept «d'épuration» (en arabe : tandhif) et ses deux thèses que les divergences se sont extrapolées. La première thèse estimant que le plus important c'est l'avenir et que pour le reste, il suffisait de rendre la justice. Alors que pour la seconde thèse, il fallait assurer une éradication du mal, sans trop savoir jusqu'où ne pas aller.
Cela a été un facteur de peur et d'expectative. Et quelque part, sans doute, la non-participation d'une part importante des citoyens au scrutin du 23 octobre est imputable à cette expectative.
On peut considérer que les Tunisiens n'ont pas suffisamment tiré les conclusions s'imposant au vu des autres révolutions. Et la plus glorieuse d'entre elles est sans doute celle de l'Afrique du Sud.
Car les révolutions ont souvent parié sur l'avenir et sur la re-naissance, en ne considérant le passé que pour ses enseignements.
Donc, les différents acteurs sont en train de se poser des questions sur leur rôle dans cette phase extrêmement importante de l'histoire de la Tunisie. Chacun y allant de ses propres conceptions.
Dans cette recherche, il y a des convergences et il y a des divergences. Mais rien n'exclut que l'on puisse tous travailler sur le consensus minimal autour des fondamentaux.
Là vous rejoignez le questionnement sur les objectifs fondamentaux de la Tunisie nouvelle. Autour de quels axes situez-vous le consensus minimal ?
En premier lieu : les libertés, la démocratie, la citoyenneté, les droits de l'Homme, afin de construire la nouvelle République.
Les convergences auxquelles s'attache le plus Ettajdid vont dans le sens de faire émerger une force progressiste et démocratique qui sache répondre efficacement à l'émiettement des énergies et qui puisse proposer un projet crédible. C'est ainsi que nous nous sommes trouvés partie prenante d'un certain nombre d'initiatives qui visent à unifier et à rassembler.
Vous parlez tantôt d'un parti démocratique et progressiste qui vous unifierait avec le groupe des trois dont fait partie le PDP, tantôt d'un grand parti démocrate, et parfois d'une vaste mouvance réformiste. Quel est votre programme à ce sujet ?
En fait, tout dépendra de l'intensité de la volonté unificatrice et refondatrice. Cette volonté peut ne s'étendre qu'à un périmètre restreint, qui pourrait présenter l'intérêt d'être plus clair (ou, pour certains peut-être, «plus pur»). S'il est clair que cela présente une faisabilité plus évidente, cela risque aussi de ne pas être assez pesant pour changer les rapports de force à l'échelle nationale.
En revanche, une construction d'un rassemblement plus large peut s'avérer bien plus complexe, mais d'une portée politique historique et stratégique en termes d'impact aussi bien politique qu'électoral.
Ce qu'il est important de noter, c'est que le résultat de tous ces processus n'est pas connu d'avance. Il est en fait entre les mains des citoyens tunisiens dont le degré de participation active fera qu'on ira vers l'un ou vers l'autre.
Comment voyez-vous cet arbitrage des citoyens ? Va-t-on attendre les prochaines élections pour mesurer le niveau de leur adhésion ?
Il ne faut justement pas attendre les élections mais, au contraire, anticiper en essayant de développer la meilleure offre possible à la demande potentielle de la société.
A la lumière de toutes les expériences nationales, régionales et mondiales, l'attente politique de l'opinion se trouve plutôt favorable à un schéma de type social-démocrate ou centriste, qui allierait liberté, justice sociale, indépendance nationale, intégration régionale et réconciliation autour d'une approche de l'identité qui soit apaisée et consensuelle.
Faire triompher ce projet rassembleur, c'est là que réside à mon sens le véritable avenir politique de la Tunisie.
Votre vision de la 2e République ne semble pas mettre trop en avant les objectifs économiques et sociaux qui ont fait la révolution.
Ce pour quoi a été faite la Révolution a coïncidé avec les effondrements conséquents à ladite Révolution. Le début de l'espoir a été également celui des difficultés. Mais nous étions tous dans l'attente d'un rebondissement national qui puisse nous ramener aux exigences de la Révolution. Et c'est là qu'il y a eu une coupure générée par les élections, dont les résultats ont engendré des postures qui nous ont éloignés de ces exigences et ont fini par installer le doute.
Or, en disant que l'espoir est possible dans le cadre d'une alternative et d'un projet crédible, et que nous sommes capables de ressusciter l'espoir de nouveau et de focaliser les esprits autour d'un objectif de convergence et de construction, nous contribuons à chasser le doute, à rétablir la confiance et à préparer le terrain favorable au retour de la croissance économique, de l'emploi, de la satisfaction des besoins les plus urgents de la population et de la redynamisation des investissements publics et privés.
Le modèle de développement ne pose pas de problèmes majeurs à vos yeux ?
Il est clair que le modèle de développement nouveau ne pourra pas être une copie de l'ancien qui avait produit le dysfonctionnement que l'on connaît. Mais il ne s'agira pas de tout jeter à la mer. Nous devons nous appuyer sur nos acquis nationaux pour bâtir progressivement, et par étapes, un modèle plus conforme aux aspirations sociales, en termes de justice, d'emploi et d'équité.
Notre projet est ouvert et généreux. Il songe aux attentes des citoyens tunisiens. Il n'est pas dirigé contre qui que ce soit mais conçu «pour».
C'est un projet de rassemblement appelé à se faire sur des bases claires : la démocratie, la liberté et la fidélité au modèle réformiste tunisien. Il n'y aura aucune exclusive, dans la mesure où le projet sera ouvert à tous ceux qui se reconnaîtront dans sa plateforme. Mais c'est un projet anti-rcédiste, dans la mesure où il se conçoit précisément comme un dépassement des déviations de l'esprit de parti unique et de la volonté monopolisatrice.
Aspirer à rassembler large, y compris pour intégrer des courants patriotiques qui ont tiré les leçons du passé et des expériences de l'après-indépencance, cela n'est pas interdit mais au contraire nécessaire. Car sinon, tous ceux qui se sentiront rejetés iront se réfugier auprès de courants qui ne sont pas forcément favorables au projet démocratique.


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