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Génération spontanée
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 05 - 2011

Cette propension à la multiplication sauvage des partis ressemble beaucoup à la génération spontanée de Louis Pasteur.
Il suffit de passer en revue les effectifs des formations politiques naissantes pour s'en convaincre. Des partis qui se grillent la politesse en se bousculant sur le perron du ministère de l'Intérieur pour triompher du visa accordé souvent par simple complaisance et par pur populisme, puisque non conforme aux prescriptions de la loi sur les partis.
De quelle cote de popularité et de quelle envergure politique bénéficient ces formations qui se disputent la préséance médiatique quant à la déclaration de leur naissance publiée à la va-vite sur les journaux ? Devrons-nous nous contenter des fiches techniques sibyllines qui font office d'acte de propagande avant terme et de proclamation de foi de campagne électorale prématurée ? Ces fiches suffisent-elles à cerner les orientations et les programmes de ces partis ? Faut-il se résigner à croire en une simple mode éphémère post-révolutionnaire ou au contraire en une réelle volonté de s'exprimer et de se doter d'une structure qui nous garantit l'institutionnalisation de cette liberté recouvrée. Comme si constituer un parti est la seule voie d'exercer son droit à la participation active à la vie politique. Est-ce la seule forme de faire la politique et d'assumer sa citoyenneté ? Est-ce l'air du temps qui l'inspire ? Comme si créer son propre parti est la seule possibilité d'affirmer son statut de citoyen libre. Cela relèverait plus d'un narcissime hideux et d'un voyeurisme indécent que de la profession de foi politique.
Serait-ce une fois de plus qu'une simple «clause de style» de la démocratie naissante que de «posséder» son parti propre ? Ou s'agit-il de l'unique forme de satisfaction que nous procure la révolution et qui se confine dans la parution, sur les journaux, du nom de son parti ?
Syndrome de l'armée mexicaine
La bonne marmaille dont a enfanté la révolution ressemble bien à des enfants naturels en quête de reconnaissance de paternité. Pour ce faire, ils doivent établir leur légitimité et confirmer le sérieux de leur rôle. Cela est possible, uniquement, en rendant publics leur ligne idéologique ainsi que leur programme et leurs instances dirigeantes. Pour qu'ils soient compétitifs et non pas simplement formation de parade, il est urgent de faire la présentation et amorcer l'action par des recrutements dans les rangs des jeunes, surtout.
Nos partis souffrent du syndrome de l'armée mexicaine (dix généraux pour un soldat), où sont leurs adhérents, combien sont-ils, qui sont-ils ? Des appellations à faire pâlir les cruciverbistes les plus chevronnés.
Pour être efficaces et performants, et pour être aptes à l'investiture politique le jour des élections, il faudrait qu'ils clarifient leur vision, qu'ils montrent plus de profondeur dans leurs choix idéologiques, ils sont appelés à asseoir leur audience et à assurer leur rayonnement populaire, surtout que l'échéance électorale nous harcèle et ne laisse plus de marge de manœuvre.
Il est presque juste de dire qu'une opération d'exorcisme s'impose pour expier les vieux démons de suffisance chez les apprentis sorciers de la politique, suffisance boostée par l'élan de générosité et d'altruisme que génère toute révolution. Cette purification est d'autant plus nécessaire qu'utile, surtout quand on convient que jusqu'à nouvel ordre, les partis demeurent le cadre idéal et le principal canal de la participation de l'individu à la vie politique militante, en témoigne le peu de crédit accordé aux candidatures indépendantes lors des élections générales.
Aucun parti ou presque ne possède de référentiel distinctif, aucun ou presque ne s'est prévalu qu'un quelconque héritage politique ou d'une légitimité historique, de surcroît, aucun ne semble assurer une suffisante implantation à l'intérieur du pays, autant d'atouts et autant de caractéristiques qui font office de gage de réussite. Partis, tous autant qu'ils se sont déclarés, semblent atteints de nainisme sociopolitique.  Aucun ne possède de carte de visite digne de la mission qu'il se donne. Aucune formation n'a pignon sur rue et n'est donc connue de personne. Aucun ne semble habité par le souci pressant de se faire connaître pour éviter le camouflet, du revers électoral, le jour de l'examen politique et le risque de ne pouvoir triompher de la consécration populaire.
La démocratie, boîte de Pandore !
La Révolution serait prise en otage par le propre jeu de cette foule de partis qui se présenteront au scrutin proportionnel, sans stratégie d'alliance, je suppose. En rangs dispersés, ils se présenteront devant les électeurs parce que leur formation est motivée par le désir d'emporter les voix pour assurer sa propre popularité.
La Révolution serait, également, en danger parce que le multipartisme naissant — et qui est un signe certain de bonne santé — ferait les frais de son excroissance périlleuse.
Un multipartisme sauvage, démesuré, déraisonné et dispersé, porte en lui les facteurs de son autodestruction. Les autres forces vives de la nation ne seraient pas du reste dans un mouvement de cascade de l'effet domino qu'emportera la gabegie politique due à la compétition politique bloquée par le surnombre de compétiteurs, d'où il est difficile de sortir ou une majorité claire ou même un consensus populaire. La dispersion des voix sera si grande qu'on serait dans l'impossibilité de dégager une synthèse ou une nécessaire résultante des choix exprimés. Ce sont des éléments basiques de toute compétition politique. On ne saurait valablement apprécier tout jeu politique en dehors de ces paramètres.
La démocratie dont on peut croire que ce serait la panacée de tous nos problèmes et de nos maux n'est pas un état sociopolitique aisé. Elle est réellement une boîte de Pandore dont les exigences les plus élémentaires nous éclaboussent sitôt qu'on l'ouvre, pour peu que nous n'y soyons pas préparés mentalement et sur le plan du comportement et de la pratique quotidienne.
On ne se lassera pas de rappeler que la démocratie est un éternel apprentissage au plan individuel et surtout collectif. La démocratie n'est pas une sinécure, à bien y penser. Elle n'est pas faite uniquement d'avantages et de félicité, elle est également et essentiellement exigences et rançon des libertés qu'elle offre et qu'elle institutionnalise.
Parmi ces exigences, la responsabilité occupe une place privilégiée et primordiale. Corrélativement discipline et ordre viennent corroborer l'intérêt accordé à la responsabilité.
N'avons-nous pas consacré la notion de l'ordre dans l'armoirie de notre République ? Ce ne serait pas suranné de se le rappeler et de s'y conformer.
La multiplicité des partis ne se traduit pas forcément par un réel pluralisme politique au sens technique du terme et au sens intellectuel du mot. Autrement dit, la pluralité des partis n'exprime le besoin de diversité que s'il y a suffisamment d'adhésion autour des orientations pour pouvoir définir un style de pouvoir et une différence de gestion de la chose publique. Or toute cette constellation de formations ne semble pas offrir des possibilités d'options susceptibles de refléter un mode démocratique nouveau. Pourtant le pluralisme est une condition sine qua non du modèle démocratique.
Il est tout autant nécessaire (parce que signe d'ouverture et de liberté de choix) qu'utile parce que moyen d'assainir la vie politique et de purifier la compétition électorale. La multiplication sauvage voire anarchique fragilise l'échiquier politique et pénalise fortement et outrageusement la règle sacro-sainte de l'alternance, et ce, en diluant la représentativité et en fragmentant à l'infini l'électorat, au nom du droit à la différence.
Même si le respect de ce droit est chose noble, il n'en reste pas moins vrai que, sur le plan pratique, cela reste peu réaliste et peu utile.
Le salut est dans les alliances ou les fusions
Pour sauver la mise, les petites formations n'ont guère le choix, si elles veulent survivre à l'hécatombe du 24 juillet que de s'unir face à l'adversaire coriace et commun que sont le passéisme et l'obscurantisme moyenâgeux. Cette union passe ou par l'alliance ou par la simple fusion.
Pour ne pas servir involontairement de monnaie de singe à l'opération électorale attendue, elles se doivent, par réalpolitik, associer leurs potentiels.
Pour réussir l'examen de passage à la majorité politique, elles ne doivent pas se présenter en rangs dispersés. L'examen du 24 juillet sera celui sur épreuves et non un examen sur dossier. Il faut aller au marbre et peiner pour l'emporter ensemble et non séparément.
Face à la rigueur de l'urne, les petits partis ambitionneront la certification accordée aux seules formations ayant fait preuve d'un seuil de popularité suffisant et de probité morale.
Seuls les plus résistants obtiendront leur ticket de voyage, dans ce qui s'annonce comme une longue et périlleuse transition démocratique. Tous les autres seraient, impitoyablement, disqualifiés, pour insuffisance d'auditoire. Ils seraient balayés comme des feuilles d'automne.
En attendant la sentence des urnes, ces partis doivent éviter de servir de simples éléments de décor d'une mascarade électorale annoncée. Au lieu de servir de façade à un pluralisme vicié, et de participer à une parade tragicomique, ils gagneraient à parer à la tromperie qui se prépare.
Ainsi, et faute de moyens, toutes ces formations, pour endiguer ensemble, et par le jeu des alliances, l'invasion de l'obscurantisme, sont capables d'atteindre un degré satisfaisant de compétitions et enrayer tout hégémonisme de quelque courant que ce soit.
De cette manière, on aura gagné le pari de la transition. Dont acte !
A.D.
*(Enseignant à l'ENA)


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