• Les hommes d'affaires tunisiens essaient quand même de positiver - Il existe certains bons signes de reprise, mais c'est le flou qui règne. C'est pratiquement le même message que véhiculent les hommes d'affaires travaillant sur la Libye et ont voulu faire passer lors d'une réunion avec différents organismes, notamment les banques, la Banque Centrale de Tunisie et la Banque Tuniso- Libyenne, en présence des représentants du ministères des Affaires Sociales (CNRPS, notamment), ceux du ministère du Commerce ainsi que les cadres du Cepex, Centre de Promotion des Exportations et ceux du Foprodex. Le président de la Chambre de Commerce Tuniso- Libyenne, Ali Dhaouadi a surtout insisté sur la nécessité « d'observer le calme, de ne pas s'engager dans les discours politiques, de garder une position objective face à ce qui est en train de se passer en Libye, et de penser surtout à l'avenir ». Car pour le moment, et selon le témoignage de la majorité des hommes d'affaires et des représentants des entreprises ayant des activités en Libye « la tendance des exportations ne suit pas le même rythme, certes, mais l'activité sur la Libye n'a cessé de reprendre, même très timidement, ce qu'il faudrait soutenir et faciliter ». Le temps des échanges commerciaux avec la Libye, importants de 1200 millions de dinars par an en volume, est peut être révolu, mais, ajoutent les hommes d'affaires et les responsables de la Chambre Tuniso- Libyenne « le choix stratégique fait sur la Libye date déjà depuis quelques années, et l'ancrage des relations d'interdépendance entre les deux économies peut nous être bénéfique dans les périodes à venir ». Car, selon un important nombre de ces hommes d'affaires « les deux pays ont besoin l'un de l'autre. Il n'a jamais été question d'exploiter les besoins des libyens, que ce soit durant l'embargo et encore moins actuellement. Nos deux pays ont une histoire et un avenir communs, il faut surtout penser à cela. Les relations avec les homologues libyens sont essentiellement basées sur les relations personnelles, ce qui est un grand atout pour nous en tant qu'hommes d'affaires et entreprises tunisiens». Mais les doléances de ces chefs d'entreprises sont multiples. Tout d'abord une partie d'entre eux s'est interrogé sur « l'absence de la Cotunace, la Compagnie Tunisienne pour l'Assurance du Commerce Extérieur, qui n'a pas clarifié sa position quant à ce qui se passe en Libye, comme elle n'a pas été claire sur sa disposition sur l'assurance de nos exportations vers la Libye». Alors que d'autres s'inquiètent sur la possible couverture des banques de leurs impayés en Libye et surtout les « encours et chez les clients et chez l'Etat libyens ». Alors qu'une troisième partie s'est demandé quant au sort des employés tunisiens en Libye, et leur situation actuelle surtout qu'un bon nombre d'entre eux « sont rentrés en Tunisie sans pouvoir trouver le temps de ramener leurs affaires et leur argent, puisqu'ils ont dû quitter à la sauvette le territoire libyen ». Officiellement, le nombre de Tunisiens résidant en Libye avoisine les 90 mille. Officiellement, 32 mille sont rentrés en Tunisie. sur le plan informel, le nombre des Tunisiens résidant en Libye pourrait s'élever à 100 ou 110 mille. La représentante du ministère des Affaires Sociales a affirmé que son ministère compte être flexible avec les entreprises souffrantes à cause de ce qui se passe en Libye. « Les entreprises ayant enregistré des retards de paiement pour le quatrième trimestre ne seront pas sujettes à des amendes de retard », a-t-elle dit. Pour la représentante de la BCT et dans des situations spécifiques comme celle que nous vivons « les décrets qui consistent à aider les entreprises en difficultés va aussi englober les entreprises actives en Libye et affectées par les événements dans ce pays. La situation spécifique de certaines de ces entreprises, notamment en ce qui concerne les encours impayés, les problèmes de trésorerie ou celles qui demandent le rééchelonnement de leurs dettes, va être traitée avec beaucoup de flexibilité ». L'engagement des entreprises tunisiennes en Libye n'est pas nouveau, certaines entreprises de travaux publics s'activent dans ce pays depuis les années 70 du siècle passé. Pour le moment, 70% des affaires entre Tunisiens et Libyens se font dans le secteur privé et la grande majorité de ces business sont dans le secteur agro-alimentaire. L'engagement ressenti chez la majorité de ces hommes d'affaires est à saluer du moment où « ils s'engagent à ne pas interrompre leur activité, qui passe normalement dans la majorité des cas, et surtout en ce qui concerne les produits de première nécessité ». La majorité des présents a surtout insisté sur la nécessité de « ne pas adopter un discours politique, mais plutôt de continuer l'activité et assurer la continuité avec les partenaires en libyens ».