Par Docteur Khaled Guiga - Par respect à la mémoire des fondateurs de l'UGTT et des martyrs du 14 janvier, je vous demande de faire preuve de nationalisme, de patriotisme et de cesser de faire de la politique politicienne. L'article du journal Le Temps du 20/03/2011, résumant les décisions de la commission administrative, semble révéler un manque total de réalisme et de retenue. Alors que nombreuses entreprises sont en proie à des difficultés énormes allant du chômage technique à la fermeture et que d'autres, malgré leurs difficultés, ont consenti des augmentations de salaires et des incorporations d'agents des sociétés de services, comment peut-on leur demander d'avantage ? Est-ce que l'UGTT ignore ces difficultés ou a-t-elle des renseignements de bonne santé de l'économie nationale qui sont cachés au peuple ? L'UGTT cherche-t-elle à recruter parmi les anciens des sociétés de services ? De grâce, Messieurs, ni négociation salariale, ni avance sur les augmentations avant que la situation économique et politique ne soit stabilisée. Messieurs les syndicalistes, jouez pleinement votre rôle syndical en refusant les négociations triennales qui donnent un bon répit au gouvernement. Soyez en symbiose avec la situation réelle du pays. Vous préconisez la révision du code de travail ; il faudrait avoir le courage de s'attaquer au droit de grève. Tout en considérant que ce droit est inaliénable, il faudrait lui prévoir des modulations car en présence d'un pluralisme syndical que l'UGTT semble refuser, peut-on se permettre des grèves multiples à l'instar de ce qui se passe en France et bloquer notre machine économique ? Il faut se rendre à l'évidence que nous n'avons pas les moyens économiques de « jouer » à la politique. Par ailleurs, vous demandez au gouvernement provisoire de cesser l' « endettement », n'est-ce pas en contradiction avec la demande d'avance sur les augmentations de salaires ? Ou bien, vous savez qu'il y a beaucoup d'argent dans le pays à la disposition du gouvernement provisoire, auquel cas, éclairez notre lanterne. La Révolution du 14 janvier a été l'œuvre d'une frange de la population pour différents motifs. S'il vous plaît, n'essayez pas de prendre le train en marche et de récupérer et vous approprier la Révolution. Ni l'UGTT, ni les exilés politiques et pseudo-politiques, encore moins la classe moyenne silencieuse n'ont le droit de s'approprier le 14 janvier. Ayons un comportement nationaliste et patriotique en : · cessant les revendications irrationnelles · calmant le jeu politique · ayant un comportement tunisien : o acheter et consommer tunisien o limiter nos sorties de devise sauf en cas d'urgence · faisant une action auprès des Tunisiens à l'étranger afin qu'ils envoient des devises au pays (par exemple 50 euros par mois pour tout Tunisien ayant un emploi) · se remettant sérieusement au travail et en évitant de bloquer nos entreprises et donc notre économie · empêchant que des situations comme celle du lait déversé dans la nature ne se reproduise dans d'autres secteurs. Le peuple ne comprend pas et n'admet pas ! Encore une fois, Messieurs les syndicalistes de tout bord, le pays a besoin de vous. Soyez réalistes et patients et jouez votre rôle. Depuis le 14 janvier, aucune réunion syndicale n'a été organisée dans une entreprise. S'il est vrai que le code du travail doit être révisé, pourquoi ne pas proposer à vos adhérents les points qui doivent être revus en toute démocratie et demander leur avis. Vous abordez la question des sociétés de services. Depuis des années, ces sociétés ont existé au vu et su de tout le monde, ni l'UGTT, ni les partis d' « opposition » ne se sont intéressées à la question. Peut-on nier, en dépit du caractère inhumain et esclavagiste de ces sociétés, qu'elles ont permis à de nombreuses familles d'avoir un petit revenu régulier tout en profitant sans aucune pudeur ni émoi, des avantages de cette situation ? Encore une fois, arrêtons de nous disperser. Syndicats, jouez votre rôle avec pondération et réalisme.