La montée des mouvements intégristes interpelle et intrigue l'opinion publique en Tunisie. Notre pays est réputé pour son Islam modéré. Mais l'islamisme radical se faufile et s'intègre sans préavis dans la société tunisienne post-révolutionnaire. Profitant du climat d'insécurité, certains extrémistes prétextant l'Islam comme slogan surgissent de leurs carcans semant le trouble et le doute chez leurs concitoyens. En tant que religion monothéiste, l'Islam appelle à la tolérance, à l'équilibre, à l'amour et à la paix. Aujourd'hui certains mouvements s'arrogent le droit de dicter leur volonté et d'imposer leur diktat et leurs conceptions rétrogrades d'un autre âge et d'une autre époque pour obliger les autres musulmans à suivre un modèle de vie iconoclaste où la femme tunisienne devient le principal antagoniste. L'Islam serait-il instrumentalisé à des fins politiques ? Qui se cache derrière ces extrémistes ? Aujourd'hui la femme tunisienne est menacée. Avant-hier au centre ville, un groupe d'extrémistes religieux ont agressé un groupe de femmes les accusant d'être des mécréantes et leur ordonnant de rentrer chez elles. « Vous devez porter le voile (hijab), vous n'avez pas droit au travail », c'est sur ces termes qu'un vent de panique a semé dans la foule. Ces scènes deviennent de plus en plus fréquentes ces jours ci. « La fatwa » prend forme. Et loin de tout discours religieux raisonnable, mesuré et loin des principes même de l'Islam, cette bande d'extrémistes en font à leur tête et veulent imposer aux Tunisiens leurs convictions « religieuses ». Ont-ils oublié un principe élémentaire de l'Islam : « la Ikraha Fiddine » ou encore pas de contrainte en religion. A chacun sa moralité. Nul ne peut contraindre qui que ce soit de croire ou de pratiquer un culte. Où va la société tunisienne ? C'est la question qui circule un peu partout. Entre laïcs, islamistes modérés, salafistes, athées…la société tunisienne s'enlise en l'hétérogénéité. Ceci dit, la pluralité et la différence ne veulent pas dire répression et coercition. Après la Révolution, les femmes tunisiennes se sentent de plus en plus menacées (au vu de cette série d'interdictions levées au nom de l'Islam) et s'inquiètent quant au sort de la femme tunisienne libre, émancipée, sur l'avenir du code de statut personnel, un acquis intouchable et dont l'essence même émane de l'exégèse du Coran et du Hadith qui ont érigé la femme à un rôle qui lui sied dans la société tunisienne et dans le monde arabe et islamique. Voilées ou non voilées, les femmes ont droit au respect, au travail et disposent de droits et d'obligations au même titre que les hommes. Et ce sont les principes même de la religion musulmane. L'Islam considère la femme comme une créature semblable à tout point égale à l'Homme. La seule base de supériorité de l'homme par rapport à la femme serait la piété et la droiture. L'Islam appelle au respect mutuel entre l'homme et la femme et accorde une place privilégiée à celle-ci. D'ailleurs, Le Prophète Mohamed (Qu'Allah le bénisse et le salue) a dit : « Le meilleur d'entre vous est celui qui est le meilleur avec sa famille, et je suis le meilleur d'entre vous avec ma famille ». Il a dit aussi « Quiconque a deux ou trois filles ou sœurs et les traite bien entrera au Paradis ». Concernant le travail de la femme, le Coran n'interdit pas à la femme le droit au travail. A l'époque du Prophète Mohamed (Que la Paix et la Bénédiction soient sur lui), les femmes étaient actives et travaillaient dans l'agriculture, dans l'Artisanat et même dans la médecine. D'ailleurs, la première femme du Prophète Mohamed (que la paix et la bénédiction soient sur lui), Khadija, fut une riche commerçante à la Mecque, elle prêta son concours au Prophète qui travaillait avec elle et l'a choisi comme époux. Il s'est marié avec elle sachant qu'elle est veuve et mère de trois enfants issus de deux précédents mariages. Le Prophète n'épousa aucune autre femme durant les 25 années de leur union. C'est dire que l'Islam n'interdit pas le droit au travail à la femme. Dans quels versets du coran puisent ces extrémistes religieux, l'interdiction du travail aux femmes. Pour le port du voile, à chacune sa conscience. L'islam est loin d'être rigide (dinou yosr ou leysa dinou osr). Il est inadmissible et hors de question donc d'instrumentaliser l'Islam pour des fins politiques. Intimider les femmes dans la rue, les insulter, les agresser et les accuser d'incroyantes, sont des pratiques qui n'ont rien à voir avec l'Islam. La religion musulmane se repose sur la tolérance et l'entente. La question qui se pose aujourd'hui est la suivante : Comment peut-on arrêter ce nouveau fléau qui guette la paix sociale du pays ?.