De Hatem BELHAJ - Parmi les réflexions légitimes du moment chez le néo citoyen tunisien, il y a celle qui reflète une réelle phobie d'une rechute vers une nouvelle forme de dictature, celle de la pensée unique et imposée. Il y a sûrement des bourgeons de complots qui ont ce genre d'arrière-pensées mais je crois que la psychologie de la société tunisienne a rompu – pratiquement – définitivement avec le consentement acquis et la parole muselée. Encore faut-il garder l'énergie de contester et le pouvoir pacifique de mobiliser la majorité à imposer sa volonté. Donc, deux récents événements en Tunisie ont été comme deux uppercuts assénés par le peuple à la dictature, en tant que fatalité guérie. Le premier, la célébration par tout un peuple de l'anniversaire du décès de Bourguiba. Une revanche posthume sur celui qui négligea la reconnaissance de l'œuvre d'un vrai homme d'Etat avec ses faiblesses de fin de règne mais surtout avec la force d'une image intègre, propre et patriote. Et même si le dernier Bey de Tunis ne s'était pas fait mieux traiter de son vivant comme à sa double disparition, constitutionnelle et physique, les obsèques de si Lahbib ont été confisquées aux Tunisiens. Cette année, la célébration a atteint tous ses objectifs, surtout celui d'utilité publique, à savoir, rappeler au Tunisien le processus historique et politique qui l'a conduit aux portes de cette nouvelle étape porteuse de beaucoup d'espoir. Le second événement est sous forme d'un buzz créé par des témoignages sur une radio française sur le devenir de l'ex-couple qui régna sur la république de Bourguiba. Il paraît que Ben Ali continue de harceler ses anciens obligés à tel point que ceux-ci avaient dû, pour bon nombre parmi eux, changer de numéro de téléphone. Quant aux deux locataires des anciens appartements d'Amin Dada, ils ont fini comme un couple de vieux retraités grincheux sans la vue sur la baie de Carthage pour déstresser. Pour tout dire, ainsi finissent ceux qui ont voulu régner par la force et le despotisme… Avis aux futurs candidats ! La dictature c'est comme la malédiction, elle finit toujours par tomber un jour, au vrai sens comme au sens figuré.