Je ne cesserai pas de revenir au fondateur de la science politique le maître grec Aristote pour rappeler son petit-grand livre : « La Politique » écrit plus de 3 siècles avant Jésus Christ et qui demeure d'une actualité assourdissante. Je commencerai par ce qui peut nous être utile sur le plan national. Le « Stagirite » ami du Roi Philippe de Macédoine enseignait déjà au petit enfant Alexandre, qui ne tardera pas à devenir pour certains «Le grand » et pour d'autres « le conquérant », que la nature ou plutôt la forme d'un système politique est indifférente, pourvu qu'il soit guidé par l'intérêt général. Monarchique, oligarchique, ou Républicain – démocratique tous les systèmes se valent à condition que la Monarchie, l'oligarchie ou la démocratie, ne soient pas au service d'un « seul », ce qui traduirait un glissement vers la Tyrannie. Aristote invente ainsi le premier garde-fou et le plus essentiel : la nécessité de lier tout gouvernement et l'exercice du pouvoir de commandement, à l'intérêt général. De là confondre le bien privé et le bien public en faisant que les gouvernants puissent s'approprier l'Etat, ses institutions et ses finances, mène directement à la dictature d'abord et à la corruption ensuite. Aristote en tire une première conclusion d'une vision lumineuse : En démocratie ce sont les citoyens qui s'approprient l'Etat, parce qu'ils peuvent élire et être élus et en conséquence participer pleinement à la vie politique et à la gestion des affaires publiques et nationales par la désignation de ceux qui vont gouverner et par la possibilité de se présenter eux-mêmes aux suffrages et aux hautes charges de l'Etat. Le débat qui fait rage en Tunisie après la révolution, sur la forme de notre futur système politique : présidentiel ou parlementaire, pourrait être relativisé, en prévoyant les garde-fous nécessaires dans les deux cas pour éviter de nouveaux despotismes et même de nouvelles tyrannies corrompues comme celles de Ben Ali. A titre d'exemple en plus d'une séparation des pouvoirs effective, on peut prévoir pour le régime présidentiel d'autres contraintes « préventives » de tout glissement d'un nouveau super-pouvoir à l'instar de « l'Empeachement » aux Etats-Unis d'Amérique, où l'on peut destituer le président, aussi puissant soit-il, pour sa mauvaise gestion ou l'accomplissement d'actes illégaux interdits par la constitution américaine. On doit prévoir aussi que le président ne pourra en aucun cas dissoudre le parlement, ou interdire toute procédure de changements constitutionnels qui portent sur la limitation des mandats présidentiels ou l'élargissement des pouvoirs de l'exécutif au détriment du législatif et du judiciaire. On peut évidemment comprendre la large préférence des Tunisiennes et des Tunisiens pour le Régime parlementaire pour tout ce qu'ils ont enduré avec les présidentialismes totalitaires qu'ils ontvécus depuis l'indépendance. Mais lui aussi doit prévoir les garde-fous pour éviter de tomber dans les régimes « d'assemblée » tout aussi autoritaires. Dans tous les cas de figure il serait de plus en plus nécessaire d'instituer une « charte » qui protègerait le système politique de toute déviation totalitaire idéologique ou religieuse contraire à l'intérêt général. Les Anglais ont eu leur « Bill of rights » en 1689, les Français leur « déclaration » des droits de l'Homme et du citoyen en 1789. Nos ancêtres ont bien rédigé « Ahd Al Amen » à la moitié du 19ème siècle, mais très vite emporté par la révolte de Ali Ben Ghedahom. Alors pourquoi ne pas prévoir « Une charte » ou un « pacte Républicain » pour limiter toutes les tentations des hommes politiques et de leurs partis, qui un jour « grisés » par le pouvoir ascendant se mettent, comme le dit si bien Montesquieu, à en abuser ! Le pouvoir porte en lui les germes de la corruption et de l'abus, mais le pouvoir absolu corrompt absolument ! K.G