Depuis la Révolution du 14 janvier, le bénévolat et le travail humanitaire ont gagné du terrain à tous les niveaux : national, régional et local. Le volontariat a été sous le régime du président déchu quasi absent dans le comportement des gens à qui on a inculqué une certaine « culture du profit » à telle enseigne que tout engagement dans une action sociale ou humaine devait être rémunéré. Une mentalité individualiste ayant pour devise « après moi, le déluge » s'est répandue dans la société et chacun voulait s'affirmer indépendamment des autres. D'où les grandes disparités sociales et régionales qui se creusaient durant 23 ans et que l'ancien régime a tout fait pour camoufler. Avec la Révolution et la ruée des réfugiés sur nos frontières avec la Libye, le sentiment volontariste s'est ressuscité chez tous les Tunisiens qui se sont mobilisés, individuellement ou au sein d'organismes sociaux et humanitaires, pour venir en aide à tous ceux qui en ont besoin. C'est dans ce cadre que la CAM (Caravane d'Animation Mobile), conduite par des étudiants issus de l'Institut Supérieur de l'Animation pour la Jeunesse et la Culture de Bir El Bey., avec la collaboration du Club Unesco de Radès, a lancé une campagne de bénévolat au profit de la cité « Noubou », l'un des quartiers les plus démunis de la commune de Radès, une cité populaire où la densité de population est très élevée, le taux de chômage est très important et les activités culturelles et récréatives sont totalement absentes, pourtant ce quartier est limitrophe avec la luxueuse cité olympique de Radès. Le but de cette campagne est de créer une certaine animation culturelle dans cette cité et de sensibiliser ses habitants, notamment les plus jeunes, aux règles de la citoyenneté et à une participation positive à la vie publique. C'est pourquoi cette campagne a été baptisée « la citoyenneté commence dans notre cité » Fresques, sports, culture dans un quartier populaire Pour ce faire, un programme d'activités diverses a été exécuté durant trois jours consécutifs, les 22, 23 et 24 avril courant pendant lesquels ce quartier populaire a connu une ambiance peu ordinaire : l'école primaire, les rues, les terrains vagues et la grande place de ce quartier se sont transformés en lieux de rencontre, de divertissement et de différents ateliers où les enfants ont exercé leurs vocations artistiques et culturelles sous les soins d'un nombre d'étudiants et des membres bénévoles d'un comité local constitué pour la circonstance. Des compétitions sportives ont également eu lieu et une séance de jardinage qui a permis aux jeunes du quartier à défricher des parterres et des plates-bandes depuis longtemps négligées pour y planter des fleurs. Les petits enfants ont été appelés à peindre des fresques murales sur le thème de la révolution et la citoyenneté. Une radio locale a été mise en place pendant ces trois journées pour diffuser des informations aux habitants sur cette campagne et sur les bienfaits du bénévolat en général. De même, une cellule de renseignements sur l'emploi et le lancement des petits projets a été mise à la disposition des jeunes sans travail. Concernant la propreté du quartier, des tas de poubelles entassées sur la place du quartier ont été ramassés et un nouveau dépôt a été aménagé pour les ordures ménagers. Les règles d'hygiène ont fait l'objet d'une séance consacrée à l'entretien des dents destinée aux petits enfants. La musique et la danse étaient également présentes : des enfants du quartier ont présenté des scènes de danses modernes et populaires et chanté des chansons de rap, d'autres ont déclamé des poèmes, ce qui a permis de dénicher des petits talents cachés dans ces différents arts. La clôture de ces journées a été marquée par la distribution des prix aux participants. Il faut dire que, d'après certains témoignages, cette initiative a été d'abord accueillie avec une certaine réticence par les habitants de ce quartier qui n'ont jamais vécu d'animation culturelle auparavant, à part celles organisées lors des campagnes électorales du RCD. Mais, ils ont fini par l'accepter pour les bienfaits qu'ils ont constatés. Les membres organisateurs de ces journées projettent de créer un club culturel à la place de l'ancienne cellule destourienne fermée depuis quelques mois, ainsi les jeunes et les moins jeunes de ce quartier auront un lieu où ils pourront vaquer à leurs loisirs. Une initiative louable qu'on espère voir dans d'autres quartiers populaires du pays en vue de familiariser les gens, notamment la jeune génération, aux principes de la citoyenneté et aux idéaux apportés par la Révolution.