Pendant les premières semaines qui ont suivi la révolution on n'était qu'au stade de simples supputations : des forces plus ou moins occultes qui n'ont pas intérêt à voir la révolution réussir étaient suspectées de la faire avorter ou de chercher à en tirer seules profit excluant les autres composantes de la société civile. On nourrissait en effet des doutes concernant certaines parties aussi lugubres qu'opportunistes qui tentaient d'exploiter la chute de l'ancien régime à des fins et ambitions politiques inavouées. Pour la réalisation de leurs desseins ces groupuscules, de véritables apôtres de l'anarchie et du chaos, ne reculaient derrière rien pour semer le désordre et maintenir le pays dans l'état d'insécurité et d'instabilité qui le caractérise depuis le soulèvement populaire du 14 janvier. On cherche délibérément à nuire au pays Que des contestataires se sont allés jusqu'à bloquer une autoroute, interrompre une circulation ferroviaire, obstruent le quai où accostent les ferries qui desservent les Iles de Kerkennah et, pour ne citer que les dérapages les plus graves, arrêtent la production d'une usine sont autant d'agissements inquiétants pour la majorité des Tunisiens Une majorité qui continue à souffrir au quotidien en voyant leur patrie subir tant de sévices et de préjudices. Mais, malgré tout, l'on était plutôt enclin à mettre ces agissements sur le compte de l'effervescence et autres soubresauts propres aux lendemains post révolutionnaires. Et l'on se consolait à l'idée que ces actes ne pouvaient qu'être limités dans le temps. Malheureusement au lieu de s'estomper progressivement, on assise à une recrudescence de ces agissements irresponsables qui affectent tous les secteurs du pays. Aujourd'hui on ne peut s'empêcher de crier au complot contre la révolution après ce « spectacle » de désolation au stade du 15 Octobre de Bizerte. Plus que l'envahissement du terrain par une horde d'énergumènes, ce sont ces agressions perpétrées par ces voyous contre les responsables les joueurs et les stadiers et les saccages des biens et des équipements de l'Etat et des personnes qui font si mal au cœur. Désespérante aussi et surtout la passivité du service d'ordre qui n'a pas été lui aussi épargné de cette violence aveugle qui a semé la terreur au cours de cet après-midi de la honte. Démocratie ne rime pas avec anarchie Si l'on ne se trompe pas, le championnat de la ligue un a repris ses droits après l'engagement du ministère de l'intérieur d'assurer la sécurité dans les stades. Mais jusque là ce qui a été fait sur ce plan est bien en deçà du minimum requis. De plus, la police ne doit pas être présente seulement mais agissante au cas où les contraintes sécuritaires l'exigent. La démocratie n'est pas en effet synonyme de passivité affligeante de notre police. Combien de fois n'a-t-on pas vu la police de pays démocratiques comme les Etats Unis, l'Allemagne ou encore la France réagir énergiquement aux dérapages. L'autorité de l'Etat est en jeu et au stade de Bizerte elle en a subi un sacré coup. Il par conséquent grand temps de tirer la sonnette d'alarme car le pays se trouve déjà au bord du gouffre.