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Magouilles, têtes de Turcs, diversion : qui tire les ficelles ?
Imbroglio et paralysie du tout Monastir à cause de l'aéroport international
Publié dans Le Temps le 30 - 04 - 2011

Le sit-in des employés de l'Aéroport International de Monastir, dure depuis plus de 50 jours. Ayant constaté que rien n'a été accompli, les sit-inners ont appelé à un « vendredi de la colère ». Un vendredi, que Nahla Tekayya, une habitante de Monastir qualifie de « journée qui paralyse la vie dans cette ville. Toutes les entrées emmenant à Monastir sont bloquées, les commerçants ont été appelés à fermer leurs boutiques alors que les transports ne fonctionnent plus. C'est une paralysie totale qui frappe la ville », nous dit-elle au téléphone.
La grande foule qui a rejoint les sit-inners, brandit les mêmes revendications. Des revendications canalisées sur une page créée sur le réseau social facebook : où on lit « Une journée pour trancher à Monastir. Pour la reprise de notre aéroport. Ça passe ou ça casse. On conquiert ou on meurt. TAV Dégage ». Des slogans qui en disent long sur le degré d'incompréhension qui règne entre les différentes parties concernées par ce dossier. Surtout avec une situation qui n'a connu aucun changement depuis près de deux mois de non activité, ou presque dans cet aéroport. La tension ne fait que monter dans la ville de Monastir, au même moment que beaucoup d'acteurs semblent préférer le silence : le gouvernement de transition, le ministère de tutelle et surtout l'Office de l'Aviation Civile et des Aéroports, dont le management ne semble pas avoir fait des choses sur le terrain afin de calmer un tant soit peu les esprits.
Le Secrétaire Général du bureau régional de l'UGTT à Monastir, passé à tabac
Pour les habitants de Monastir, et notamment les employés de son aéroport, l'objectif est de « faire revenir cet aérodrome historique sous la tutelle de l'Etat tunisien ». Mais il semble qu'une grande partie des habitants et employés négligent le fait qu'il s'agit « d'un contrat dûment signé entre le gouvernement tunisien et le constructeur turc TAV ». Un contrat qui stipule entre autres que l'opérateur turc exploite l'aéroport de Monastir dans le cadre d'une concession qui concerne aussi, et bien évidemment, l'aéroport d'Enfidha. Selon des sources très proches du dossier, l'ancienne direction de l'OACA avait nommé un commandant d'aéroport à Monastir « quelque chose qui ne figurait pas dans le contrat signé. L'objectif étant de conserver l'autorité de l'Etat Tunisien». Tout en assurant un contrôle régulier de l'activité dans cet aéroport d'une capacité de quelques millions de passagers par an. Lors du passage de l'aéroport sous la tutelle des Turcs « un pacte social aurait été paraphé consistant dans l'augmentation de salaires et dans des titularisations ». Selon une source autorisée au sein de TAV Tunisie, qui a préféré garder l'anonymat, « nous avons essayé de rencontrer les gens qui réclament certains droits, mais on nous a toujours repoussés. Même le ministre des Transports dans le gouvernement de transition, avait essayé de leur parler, mais c'était une tentative vaine. Nous avons voulu et essayé d'écouter leurs doléances, mais ils ne tiennent pas toujours le même langage ». Le responsable de l'opérateur turc qui s'exclame en disant « comment veut-on qu'on opère des travaux de maintenance, alors qu'on empêche les techniciens de la société d'entrer même à l'aéroport, depuis plusieurs mois », ajoute que « ces gens là, sont manipulés par des parties étrangères à l'aéroport, notamment les concessionnaires qui travaillent dans l'aéroport, tels que ceux qui gèrent les sociétés de maintenance au sol ou ceux qui gèrent les free-shops ». Ce même responsable n'a pas voulu évoquer le rôle de l'Union Générale des Travailleurs Tunisiens (UGTT) qui a appelé à cette grève générale dans le secteur des transports, mais qui a tourné en une grève générale ayant touché tous les aspects de la vie quotidienne dans cette ville de la côte Est de la Tunisie.
Selon Mouldi Jendoubi, membre du Bureau Exécutif de l'UGTT la grève « est réussie, à 100% ». Mais c'est enfin Saïd Youssef, le secrétaire général du bureau régional de l'UGTT à Monastir qui a été tabassé par la foule sous prétexte qu'il s'agit « de quelqu'un qui était l'un des pions de l'ancien régime et qui servait les intérêts de ses familles proches ».
TAV semble avoir tout fait
On se souvient tous des circonstances dans lesquelles l'opérateur turc TAV avait construit l'aéroport d'Enfidha. Il s'agit d'une période où la crise financière de 2009 battait son plein. Selon les mêmes sources proches du dossier «TAV aurait dépensé plusieurs milliards de dollars de plus de ce qui était prévu pour la construction d'un aéroport moderne dans un temps record. Pire encore l'ancien régime avait obligé l'opérateur à dépenser des milliers de dinars dans des meubles, des équipements, dans l'agrandissement de la piste d'atterrissage pour l'atterrissage de grands engins, tels l'A380, sans que tout cela ne soit stipulé dans le contrat ». On raconte aussi que l'ancien régime avait obligé les Turcs à ne pas profiter des produits de carrières se trouvant sur les lieux et appartenant au terrain acquis par les Turcs, afin de bénéficier aux mêmes familles proches de l'ancien régime. Le comble de cette histoire, est certainement le refus catégorique du président déchu d'inaugurer cet aéroport d'Enfidha, « juste sous la pression des familles mafieuses. Lesquelles ne se trouvaient jamais satisfaites. On voulait tout et toujours encore plus ». Selon le PDG du Groupe TAV, lors d'une conférence de presse donnée à Tunis « le fait que l'aéroport n'ait pas été officiellement inauguré, nous a empêchés de mener une campagne à l'international pour sa promotion ce qui aurait fait gagner beaucoup, non seulement à TAV, mais surtout à la Tunisie et à son tourisme ». Pour toutes ces extras importantes dépenses, on essayait toujours de convaincre les Turcs qu'il s'agissait « d'une pure coutume tunisienne. Et que c'était une piste pour gagner le cœur des dirigeants tunisiens ». Mais les Turcs savaient très bien de leur côté qu'ils allaient amortir leurs dépenses et leurs investissements dans les années à venir. Il s'agissait bien d'un investissement sur quarante ans, et avec, il y avait l'exploitation de l'aéroport de Monastir. Car sans cette clause qui stipulait aussi l'ajout de l'aéroport International Habib Bourguiba de Monastir « aucun des bailleurs de fonds, à savoir la Banque Mondiale et la Banque Africaine de Développement n'aurait à leur tour mis le paquet dans la construction de l'aéroport d'Enfidha ». Une question qui ne cesse d'être posée, c'est celle concernant « des pots de vins donnés à certains membres de la famille mafieuse, notamment à Belhassen Trabelsi», qui n'a été démentie par aucune partie, sauf bien évidemment les grands responsables de TAV, qui insistent toujours « sur leur transparence et leur intégrité, s'agissant d'une société d'une envergure internationale ». D'une façon générale, l'investissement dans l'aéroport d'Enfidha, était une bonne affaire pour les Turcs. Les raisons sont multiples: la proximité de la zone touristique, celles en place, ou celles prévues, telles que la zone de Hergla, le projet du Port en Eaux Profondes, dans la même région d'Enfidha, la grande zone industrielle à construire, toujours à Enfidha, bien que cette dernière peine toujours à voir le jour, outre le trafic aérien que devrait connaître la Tunisie et toute la région de l'Afrique du Nord, ce qui ferait de l'Aéroport d'Enfidha une zone logistique d'importance régionale et même mondiale. Tout le monde semble avoir trouvé son compte. L'aéroport de Monastir n'est dans ce cas qu'un « annexe » dans l'affaire. Aucune des grandes compagnies intéressées n'aurait accepté de construire et par la suite d'exploiter un nouvel aéroport, dont les investissements sont grandioses, alors qu'il n'est qu'à 60 kilomètres d'un autre aéroport international. La décision d'annexer l'aéroport de Monastir dans l'offre était prise lors d'un Conseil Ministériel Restreint (CMR), qui a décidé de cet ajout. TAV ne semble avoir accepté l'offre tunisienne que lorsque l'appel d'offres a été modifié. Fin de l'histoire.
Il ne revient à aucune partie locale de trancher, c'est à Washington qu'on le fera
Nous avons essayé de connaître la position de l'Office de l'Aviation Civile et des Aéroports sur cette question en essayant de joindre son Directeur Général Adjoint Kamel Ben Miled. Mais, et jusqu'au dernier moment, on nous a indiqué « qu'il était en réunion ». Fawzi Bourgini, Commandant de l'Aéroport de Monastir, que nous avons joint pas téléphone a préféré le « silence radio », sous prétexte que « des négociations sont en train d'avoir lieu au siège du Gouvernorat de Monastir » et que la prise de décisions dans cette affaire « n'est ni de ses compétences, ni des compétences de l'OACA », précisant dans la foulée que ce sont « les abus subis par les personnels tunisiens de la part de cette société turque, depuis 2008, qui les poussent à agir de la façon actuellement ».
L'UGTT, dont le membre du bureau exécutif, Mouldi Jendoubi, nie que son organisation ait pris part à la signature de conventions concernant l'aéroport de Monastir, sauf en ce qui concerne le « procès de passation sociale»
Selon lui « le bureau régional de l'Union a appelé à cette grève dans le secteur des Transports dans l'objectif de préserver les droits des travailleurs et des employés de l'aéroport de Monsatir ». L'UGTT semble aussi profiter de cette « question » qui semble à son tour prendre des dimensions politiques, et même une dimension régionale, afin d'imposer son diktat sur d'autres acteurs sur la scène nationale, notamment le gouvernement de transition. Mais ce qui semble échapper à tous, UGTT, employés de TAV et autres, c'est qu'aucune compétence, ou autre partie prenante locale n'est capable de trancher dans cette affaire de l'Aéroport de Monastir. Même pas le gouvernement de transition lui-même. Et si demain, l'opérateur turc, qui a, disons-le, lourdement investi, et qui aurait, peut être, suivi la piste de « pots de vins » pour absorber l'aéroport de Monastir porte plainte contre la Tunisie « pour non respect des clauses du contrat », l'arbitrage dans l'affaire sera effectué par la Chambre de Commerce Internationale, dont le siège est à Washington. Et un jugement par cette instance sera favorable à la société turque, c'est la réputation de la Tunisie qui sera encore plus ternie. Peut-on prendre encore plus de risque juste pour plaire aux dirigeants de l'UGTT qui semblent préférer négliger les intérêts du pays pour servir « d'autres intérêts personnels » ? Surtout que ces derniers ne semblent pas être conscients des perspectives d'un tel bras de fer, dans lequel le personnel de l'investisseur étranger semble être pris en otage ! Au même moment, l'activité dans l'aéroport de Monastir semble être suspendue jusqu'à un nouvel ordre, ce qui laisserait planer des doutes même si cet aéroport réussira à accueillir 1,5 million de passagers qui lui sont destinés comme seuil minimal, comme le stipule le contrat !


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