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"Nous n'avons jamais compté Ben Ali parmi nos amis"
Exclusif au "Temps" et à "Assabah" - Gordon Gray, ambassadeur des Etats-Unis en Tunisie
Publié dans Le Temps le 03 - 05 - 2011

« Nous avons eu des contacts (avant et après le 14 janvier) avec Ennahdha, et ses membres ont affirmé qu'ils ne sont pas dans « la logique » de la violence »
« Quand est-ce que Kadhafi quittera le pouvoir ? Je ne peux pas le dire. La situation est, certes, inquiétante, mais je précise encore que nous rejetons toute activité militaire en Libye »
« Quelque chose d'extraordinaire nous arrive à tous ».
Nous constatons (ma consœur d'Assabah, Essia Atrous et moi-même) que Gordon Gray vivait la Révolution tunisienne et la mort de Ben Laden - nous ne pouvions pas mieux tomber, d'ailleurs – comme une sorte de délivrance.
« Vous pouvez, aujourd'hui, me poser toutes les questions que vous voudrez. Ce n'était pas vraiment possible avant la chute de Ben Ali et (demain), aujourd'hui, la célébration de la Journée mondiale de la presse aura une valeur particulière – à nos yeux – pour la Tunisie.
Je salue aussi la déclaration du gouvernement tunisien quant à la liberté de la presse. Il ne peut, en effet, y avoir de démocratie sans presse libre ».
Ben Laden est, donc, mort. Ma consoeur fait part de ses réserves quant à une espèce de sentiment assez confus entre peur et optimisme aux Etats-Unis surtout que l'opération s'est déroulée sur le sol pakistanais.
Gordon Gray répond : « Votre question est très juste. Le président Obama en a fait l'annonce officielle mais je n'en connais pas encore les détails techniques. Je voudrais simplement préciser ceci :
- D'abord, justice et faite.
- Ensuite, Ben Laden est responsable de la mort de milliers de personnes pas uniquement des Américains mais aussi des Musulmans.
Maintenant, vous me demandez comment Al-Qaïda va réagir : le Département d'Etat publie un avis d'alerte générale. Car on sait qu'elle a toujours réagi ».
Oui, mais la fin de Ben Laden suppose-t-elle la fin du terrorisme, surtout qu'on constate qu'il y a d'autres figures émergentes ?
« L'idéologie du meurtre, de l'assassinat et de la terreur a montré qu'elle n'attire plus les gens. Elle a montré ses limites. Le 14 janvier, en Tunisie, on ne scandait pas les slogans de Ben Laden.
Les Tunisiens aspiraient à un Etat démocratique. Cela dit, on ne doit pas baisser la garde ou, encore, assouplir la vigilance ».
Il nous vient à l'esprit la récurrence de toujours : à savoir que les Démocraties occidentales auraient fabriqué de toutes pièces Ben Laden et qu'en ce qui nous concerne, elles aient fait planer son spectre sur nos têtes pour légitimer et sanctifier même (c'est le cas de la France), Ben Ali. On nous l'a toujours dépeint comme étant le dompteur des intégristes, et donc, les Démocraties occidentales (dont l'Amérique), le considéraient comme un « ami ».
« Je ne suis pas d'accord avec vous, rétorque Gordon Gray. Nous n'avons jamais eu de bonnes relations avec Ben Ali. Il s'était déjà mis à contre-courant de l'Histoire en soutenant Saddam, en 90, et nous l'avons toujours critiqué pour son dédain à l'endroit des Droits de l'Homme, et, en plus le Président Obama ne l'a pas félicité après sa réélection en 2009 ».
Oui, mais, objectons-nous, à notre tour, Saddam – dictateur accompli fut bien l'allié des Etats-Unis et pour assez longtemps puis, on a eu l'impression – après les Tours jumelles – que M. Bush avait cru déceler les traits de Ben Laden dans ceux de Saddam.
« Non, Saddam n'était pas l'allié des Etats-Unis. Il a été en fait envahir un pays qui, lui, a toujours été l'allié des Etats-Unis. C'est aussi une forme de terrorisme. D'une manière générale, le monde actuel se libère, s'affranchit et il n'y a guère plus de place au terrorisme, d'où qu'il vienne ! ».
Est-ce, néanmoins, logique de répétorier le Hamas à la même enseigne qu'Al-Qaïda ? Et, précisément, parce que des manifestations de joie à l'annonce de la mort de Ben Laden ont eu lieu dans les Territoires occupés. De surcroît, comment se fait-il que la réconciliation entre le Fatah et le Hamas n'a pas été approuvée par les Etats-Unis ?
« Il y a une nuance, répond l'ambassadeur. Il ne s'agit pas d'approuver. Il ne s'agit pas d'être d'accord ou pas d'accord. On verra si le Hamas renoncera au terrorisme et qu'il s'engagera de manière effective dans le processus démocratique. Il faut renoncer au terrorisme comme étant une politique. Voyez-vous Ennahdha s'est engagée dans ce processus. Nous avons justement eu des contacts avec Ennahdha et ses membres ont affirmé n'être pas dans la logique de la violence ».
Avant le 14 janvier ou après ?
« Avant et après, rétorque Gordon Gray. D'ailleurs, je reconnais et je répète qu'il était difficile pour nous d'avoir des contacts avec les membres de la société civile du temps de Ben Ali. Maintenant, les choses sont beaucoup plus simples. Le dialogue reprend réellement entre les Etats-Unis et le peuple tunisien».
Et la situation explosive, justement, en Libye ? Quelle est la vision des Etats-Unis? Sont-ils conscients des conséquences – logistiques, économiques, militaires, politiques – que cela exerce sur notre pays.
« Parfaitement, répond Gordon Gray. Je réalise pleinement que cela représente une source d'inquiétude pour le peuple tunisien, surtout face aux scènes de Kadhafi qui retourne ses armes contre son peuple et ses déclarations (auparavant) vindicatives contre la Tunisie après la fuite de Ben Ali.
Cela dit, une équipe de l'Agence américaine de développement étudie actuellement le moyen de remédier au blocage des échanges économiques entre la Tunisie et la Libye par le biais d'une multitude de micro-projets.
Je suis, néanmoins, impressionné par le sens de l'hospitalité exceptionnel des Tunisiens. Non seulement, il y a 30.000 travailleurs tunisiens en Libye qui sont rentrés mais des milliers de Libyens ont été accueillis par le peuple tunisien. Cela dit, je précise encore que nous rejetons toute activité militaire en Libye ! ».
M. l'Ambassadeur est parfaitement clair. Mais, il ne pourra ignorer l'idée que se fait beaucoup de monde sur l'engagement/non engagement des Etats-Unis en Libye. Les frappes aériennes montrent leurs limites. Obama qui brigue un nouveau mandat, ne veut pas faire la guerre en tant que Prix Nobel de la paix. En revanche, Sarkozy qui brigue lui aussi un mandat, a besoin d'un coup d'éclat pour remonter dans les sondages. L'OTAN en Libye ne serait, donc, qu'un cheval de Troie…
« Je vous signale, réagit M. Gray, qu'il y aussi les Emirats Arabes Unis et le Qatar dans cette action militaire. Le Conseil du Golfe a appelé à une action le 12 mars dernier. De son côté, le Conseil de sécurité a voté la Résolution 1973, et grâce à cette résolution, des milliers de vies humaines ont été sauvées à Benghazi. Cela ne veut pas dire qu'il n'y pas eu de victimes. Mais, je suis d'accord avec vous : La situation est, en effet, grave. Maintenant, vous me demandez combien cela va durer : je ne peux pas vous répondre. En fait, quand est-ce que Kadhafi quittera le pouvoir ? Ce qui est sûr, c'est qu'il n'est plus le leader ou le maître de la Libye. Et quand on voit tant de ressources pétrolières qui n'ont pas profité au bien-être du peuple libyen, cela condamne irrémédiablement Kadhafi et surtout devant l'Histoire ».


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