• « 2010 est une bonne année pour Tunisiana et nous allons enregistrer une bonne croissance » • « Ce qui a fait la force de Tunisiana c'est l'innovation, et nous avons toujours cette ambition d'être à la pointe de l'innovation. Pour cela, il nous faut avoir accès aux technologies de troisième génération. » • « On continuera de recruter puisque nous recrutons 200 personnes chaque année » « Cette transaction est une bonne affaire », annonce M.Yves Gauthier, Directeur Général de Tunisiana. Elle clarifie la position de Tunisiana en Tunisie. « Nous sommes actuellement adossés à un groupe de Telecom, des investisseurs locaux sont aujourd'hui actionnaires de la société, quelque chose que nous avons toujours souhaitée et nous avons des partenaires stratégiques de taille, à savoir Princess Holding et le Groupe Delice Danone, ce qui consolide davantage notre assise financière », nous a confié M. Yves Gauthier, Directeur Général de Tunisiana que nous avons rencontré à la veille de l'annonce officielle du nouvel actionnariat du premier opérateur privé de téléphonie mobile en Tunisie. Interview…. Le Temps : M. Gauthier, si on commencait avec cette question de parts de marché ainsi que la position de Tunisiana sur le marché de télécommunications en Tunisie ? Y.Gauthier: Nous n'avons pas pour le moment de chiffres officiels. Mais je pense que nous détenons environ 53% de part de marché à peu près. Et entre 52% et 53% sur le marché de téléphonie mobile. Avec la nouvelle structure de l'actionnariat, quelles sont les grandes lignes de la nouvelle stratégie de Tunisiana ? Nous n'allons pas changer notre stratégie. Mais c'est vrai que notre façon d'opérer va être modifiée. Parce qu'auparavant on appartenait à deux groupes, mais en effet nous étions entre deux groupes. Nous ne pouvions pas suivre ni Orascom ni Qtel, nous étions impatients d'avoir notre stratégie. Actuellement, Qatar Telecom, qui détient 75% du capital, fait que nous appartenons au Groupe Qtel, ce qui veut dire que nous allons nous aligner sur la stratégie de ce groupe. Mais il faut dire que cela ne va pas modifier grand chose, à court terme, à Tunisiana. Peut- on donc nous attendre à des changements sur le moyen et le long termes ? Non, il ne s'agit pas de changements, mais plutôt d'orientations. Elles peuvent être des orientations sur les fournisseurs, des orientations sur des technologies, mais franchement, à court terme et même à moyen terme il n'y a pas de changements envisagés. L'annonce du changement au niveau de l'actionnariat a été faite depuis un moment, on imagine que vous avez tracé les grandes lignes de ce qui va venir dans les prochaines périodes. Qu'en est-il alors de ces grandes lignes ? Nous avons notre propre stratégie bien définie, et nous allons la continuer. Je pense que ce qui va le plus influer sur notre plan d'actions, c'est le comportement du marché tunisien plutôt que ce qui va se passer au niveau du Groupe. Ce qui est structurant, de savoir quand est ce que nous allons obtenir la licence 3G (3ème Génération) ! Quand est ce que nous allons pouvoir lancer ces services là ? Ce sont les éléments qui vont le plus influer sur notre stratégie. Que Qtel soit aujourd'hui à 75% du capital. Ceci ne va pas modifier grand-chose dans le comportement du consommateur tunisien. Le fait que Qtel détienne 75% du capital, cela ne veut pas dire que les services ou les produits vont être chamboulés. Le président du conseil d'administration de Qtel a précisé, lors de la conférence de presse, que vu l'expérience acquise par le groupe, une fois qu'elle aura l'opportunité d'accéder au marché tunisien avec sa nouvelle position d'actionnaire majoritaire dans le capital de Tunisiana, il mettra à la disposition des clients tunisiens de nouveaux produits se basant sur de nouvelles technologies. Si vous nous donniez plus de détails à ce sujet… Je ne pense pas que c'est ce qu'il a voulu dire. Je pense qu'il a voulu dire que Tunisiana allait bénéficier de l'expérience de Qtel. Qtel a lancé la 3G il y a trois ans, nous, nous allons le faire maintenant. Nous allons donc nous inspirer de l'expérience de Qtel pour lancer nos services. Nous allons effectivement profiter de l'expérience du groupe en la matière. C'est évident. Nous n'avons pas aujourd'hui acquis l'expertise requise sur la 3G, et cette expertise là nous allons la chercher chez le Groupe Qtel. C'est dans ce sens là qu'il parle, cela ne change pas nos plans d'investissement, mais c'est certain que nous allons nous appuyer davantage sur l'expérience de ce Groupe. Vous êtes presque certain de l'obtention de cette licence 3G ! Je ne suis sûr de rien. Nous avons déposé la demande depuis longtemps. C'est moi qui la demande, mais ce n'est pas moi qui l'accorde. Ce n'est pas parce qu'il y a de nouveaux actionnaires que je vais changer mon discours. Mais je dirais qu'en tant qu'opérateur mobile, il faut qu'un jour nous ayons accès à la technologie 3G. Je ne sais pas quand est-ce que cela va arriver, mais il faut que nous nous y préparions et qu'on continue de demander à y avoir accès, puisque nous sommes le seul opérateur mobile qui ne la vend pas. Donc, je dirais que le marché doit être sain et que tout le monde puisse avoir accès aux mêmes technologies, il s'agit d'une demande qui me paraît tout à fait légitime. Je n'ai aucune information, de plus ni de moins sur ce que je viens de dire, mais je suis sûr que nous allons continuer à voir quelles sont les conditions nécessaires pour obtenir cette licence. Avec le changement de la structure de l'actionnariat, le consommateur va s'attendre lui aussi à de nouveaux produits. Si vous pouviez nous en dire plus ? Oui, c'est évident. Les nouvelles technologies amènent de nouveaux services. Aujourd'hui, il est nécessaire d'être performant sur l'Internet mobile. La technologie dont nous disposons aujourd'hui, nous permet d'avoir un service de base, mais qui n'est pas à présent au niveau de ce que Tunisiana devrait pouvoir offrir. Ce qui a fait la force de Tunisiana c'est l'innovation, et nous avons toujours cette ambition d'être à la pointe de l'innovation. Pour cela, il nous faut avoir accès aux technologies de troisième génération. Et à partir de là on pourra être dans la capacité d'amener les services qui iront avec. Qu'en est-il de la situation financière de Tunisiana ? On ne peut pas donner de chiffres actuellement. Comme nous sommes consolidés, il faut toujours attendre. D'abord les comptes de 2010 ne sont pas encore arrêtés, mais on peut dire que 2010 a été une bonne année pour Tunisiana et que nous allons enregistrer une bonne croissance. Nous avions une situation financière très solide, nous avons pratiquement épongé nos dettes, avec une bonne croissance. Je ne peux pas donner de chiffres exacts, mais je dirais qu'en 2008-2009 nous avons enregistré une bonne croissance de plus de 10%, près de 12%. Pour cette année, ce sera une bonne croissance aussi. Nous avons ressenti en quelque sorte l'impact de la crise, mais malgré tout nous ferons une bonne croissance. Qu'en est-il de la politique d'emploi de Tunisiana. Y aura-t-il de nouveaux recrutements ? Nous essayons toujours d'avoir les bonnes personnes aux bonnes places, de recruter des gens dans l'esprit de Tunsiana. Les gens qui ont envie de bien travailler, qui ont de l'ambition et qui soient dynamiques, c'est exactement ce que nous recherchons. On continuera de recruter puisque nous recrutons 200 personnes chaque année. L'arrivée d'un troisième opérateur téléphonique n'a-t-elle pas gêné Tunisiana en matière de ressources humaines surtout avec certains départs ? Franchement non, bien sûr qu'il y a eu des personnes qui nous ont quittés pour « Orange ». Mais cela ne nous a pas surpris, c'est quelque chose à laquelle nous nous sommes préparés. Et puis, quand il y a des personnes qui partent, ce n'est pas une mauvaise chose pour les personnes qui restent, parce que cela permet d'opérer certaines promotions et des changements de postes, ce qui permet des changements en interne ce qui demeure nécessaire au sein de toute entreprise. L'avènement d'Orange ne nous a pas impactés d'un point de vue ressources humaines. Son avènement vous a certainement impacté en matière de parts de marché ! Bien sûr, c'est évident, à partir du moment qu'on utilise le réseau Orange, vous n'utilisez pas le réseau Tunisiana. Quand on était seulement deux à manger un gâteau et qu'on est devenu trois à manger le même gâteau, on ne peut pas dire que cela ne nous impacte pas. Jusqu'à présent, l'impact est inférieur à ce qu'on attendait. Dans combien de temps estimez-vous que Tunisiana pourra récupérer le retard qu'elle a par rapport à ses concurrents en matière de produits Internet ? Je dirais six mois. Vous savez dans l'internet mobile, la technologie est la même. Après c'est la façon dont on le vend effectivement et les services que l'on offre, que ce soit en matière d'applications ou le service en lui-même. Ce que nous cherchons, ce sont les services de qualité, et je crois que nous allons continuer sur cette voie. L'annonce de l'introduction en Bourse de Tunisiana circule depuis quelque temps. Si on pouvait avoir de plus amples informations là-dessus ? C'est une décision des actionnaires. Qatar Telecom a parlé de la mi-année. Mais en tous les cas il faudrait la préparer. Pour le moment nous n'avons pas commencé à nous préparer. Il faut faire un prospectus, le document décrivant la compagnie, qui explique comment on va progresser et comment on va gérer le business dans les trois voire les quatre ans à venir. C'est tout un processus qui va être mis en place. Pour faire une introduction en bourse il faut choisir le moment opportun. Il faut savoir quand est-ce que le marché boursier devient porteur, ainsi que quelques autres conditions. On s'introduit en fonction de ces conditions là. Ce qui est pour le moment sûr, c'est que cette décision relève des actionnaires, ce n'est pas un choix du Directeur Général, étant donné que ce sont les actionnaires qui vendent, et non pas la compagnie. Ce ne sera peut être pas forcément une augmentation de capital, les actionnaires pourront vendre une partie du capital. Cela ne doit pas être forcément une recherche de financement de Tunsiana qui n'a pas besoin d'aller chercher des financements sur la bourse. Pour nos activités 3G, on ira certainement chercher des financements pour financer la licence et l'investissement, d'autant plus qu'on aura remboursé nos dettes précédentes. On pourra aller rechercher des financements partout, par des obligations, par des emprunts bancaires. Après, il faudra faire ce qui est le plus avantageux pour la compagnie. Franchement, aujourd'hui, ce n'est pas un souci. Nous n'allons pas en bourse parce que nous voulons rechercher des financements. Yves Gauthier, toujours Directeur Général de Tunisiana : avec le nouvel actionnariat s'agit-il d'un nouveau contrat à objectifs ? Tant que l'actionnaire pense que vous êtes la bonne personne et que vous êtes en train de réaliser de bons résultats, vous êtes toujours Directeur Général. Si on ne l'est pas on passe à une autre chose, c'est normal, c'est la règle du jeu. A Qatar Telecom, on me connait. Je pense que les nouveaux actionnaires me font confiance vu les résultats réalisés de par le passé, pour pouvoir continuer encore avec eux pour les années à venir. Pour combien de temps, nous verrons bien ?. J'aime bien la Tunisie. Pour le moment, oui je vais continuer, oui. Interview conduit par Haykel TLILI
