Depuis les premières étincelles ayant favorisé l'avènement de la Révolution du 14 janvier, nos élèves se sont mis en alèrte, donnant l'impression de vouloir être de la fête. Dès lors, ils réagissaient instantanément à tout soubresaut survenant en cours de route, en commun accord, presque en symbiose, Internet et Facebook aidant, avec leurs camarades des autres régions ou même des autres établissements au sein même de leur ville. Il leur a fallu beaucoup de temps pour reprendre goût aux études. Même après la reprise des cours, décidée officiellement par le ministère de tutelle suite à la fermeture des établissements scolaires imposée par le cours des événements, les élèves ont pris tout leur temps pour se remettre finalement au travail, après avoir usé de tout leur sens de l'irresponsabilité et de l'inconscience, se laissant guider par leurs caprices enfantins, au gré de leur humeur du jour. Pour un oui ou pour un non, ils sortaient de leurs gonds pour défrayer la chronique ; tout était prétexte pour eux pour déserter les classes et perturber le déroulement des cours déjà lourdement affectés par la longue rupture. Le scénario, pour eux, était toujours le même, survenant le plus souvent pendant la première pause récréative de 10h : une poignée d'élèves, toujours les mêmes, commençaient par émettre des sifflements, ameutant autour d'eux les autres fraîchement sortis des cours. Et la foule constituée et regroupée dans la cour, vite transformée à son tour en un espace de contestation, commençait à scander des slogans prétendument révolutionnaires adaptés à la thématique du moment, incitant à la réaction. Leur remue-ménage ne prenait fin et le brouhaha établi à l'intérieur de l'établissement ne se dissipait alors que lorsque toutes les salles avaient été vidées des braves élèves désireux d'apprendre et que tous les professeurs avaient rejoint leur salle. Le personnel administratif a laissé faire, sans réagir, évitant la confrontation dans un contexte d'une rare fragilité, nullement aidés par des parents malheureusement démissionnaires. Les enseignants, la mort dans l'âme, ont fait montre d'une grande patience, présents assidument pour s'acquitter de leur devoir.
Attitudes nonchalantes
Par ailleurs, même si les cours ont retrouvé leur vitesse de croisière, notamment après les vacances de printemps, l'attitude nonchalante et désavouée de nos élèves n'a pas trop changé, l'assiduité a toujours fait défaut et des cas d'indiscipline récurrents sont depuis lors à l'ordre du jour. Après chaque récréation, ils prennent tout leur temps avant de daigner rejoindre leurs classes, traînant lourdement les jambes, l'un après l'autre, n'éprouvant aucune gêne à faire attendre leurs professeurs qui sont toujours les premiers à être au rendez-vous. Les cours, pour eux, sont une corvée, et ils y assistent corps sans âmes, donnant l'impression d'avoir l'esprit ailleurs. L'année scolaire touche désormais à sa fin, et l'on n'est plus qu'à quelque trois rares semaines avant l'avènement de la semaine bloquée, pour tous les élèves, les bons et les moins bons, pour sceller leur sort. Mais ils ne s'en soucient outre mesure, prêtant plutôt l'oreille aux échos inhérents au dernier soubresaut politique en date, à savoir les déclarations de M.Rajhi.
Et les bacheliers ?
Quant à ceux des classes terminales, à mesure que l'échéance du bac blanc se rapproche, au lieu d'être sur le qui-vive, prompts à tout faire pour pallier les lacunes et les défaillances cognitives et méthodologiques, ils manifestent paradoxalement une légèreté révoltante. Et font montre d'une insouciance fâcheuse, en nette contradiction avec les mesures exceptionnelles prises en leur faveur, dont l'allègement du programme et la tenue de séances de rattrapage, osant effrontément sécher les cours pendant cette phase cruciale consacrée habituellement à la révision collective en classe, n'ayant pour d'autres soucis que de s'amuser, s'entêtant, par exemple, à célébrer l'avènement désormais révolu du bac sport, quitte à le passer symboliquement. Voilà, en somme, ce qu'il en est de l'ambiance générale prévalant à l'intérieur de nos établissements en cette fin d'année scolaire ; tel est l'état auquel sont réduits ces temples sacrés du savoir, trônes par excellence de la discipline, du respect et du dévouement. Un tel état des lieux marqué par le fléchissement de l'autorité administrative, par la démission déplorable des parents et par la nonchalance décevante manifestée par beaucoup de nos élèves ne peut que jeter le discrédit sur nos institutions éducatives en proie à des dérapages inaccoutumés. Cette année scolaire touche à sa fin, fort heureusement, mais, d'ici à l'entame de la prochaine, un travail de longue haleine doit être accompli sans trop tarder. Un chantier d'envergure est à entreprendre dans les plus brefs délais dans la perspective impérative d'une refonte globale et radicale du système éducatif défectueux, souffrant d'un dysfonctionnement profond et de lacunes criardes à l'origine de sa précarité, avec l'implication sine qua non de tous les maillons de la chaîne, de tous les acteurs agissants, sans exclusion aucune. Le salut de notre enseignement public et la notoriété de notre école sont à ce prix. Naceur BOUABID