Le Forum Citoyen Indépendant est une structure dynamique présidée et animée par Noura Borsali, elle-même membre de la Haute Instance. Il organise depuis le 5 février 2011 des débats-discussions autour de thèmes comme : la transition démocratique, l'indépendance de la justice, le code électoral, la justice transitionnelle, les défis économiques et transition démocratique, le pacte républicain, etc. Samedi 21 Mai, le Forum, en partenariat avec le Club Sans Parti pour une Patrie, a invité Yadh Ben Achour pour une conférence-débat à propos de la naissance et de l'évolution de la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique. Devant un auditoire très nombreux et dans une atmosphère très détendue, Noura Borsali a souhaité la bienvenue au président de la Haute Instance qui s'est déplacé dans la salle pour saluer certaines personnes avant de prendre la parole. Conférence improvisée, sans langue de bois. Yadh Ben Achour a qualifié la Révolution de « moment rare et particulier qu'on pourrait comptabiliser en heures puisque chaque heure nous apporte du nouveau ». Ensuite, il a commencé par relater les différentes étapes de la naissance de cette Instance. Il fut surpris, le 15 Janvier 2011, que Mohamed Ghannouchi ait fait appel à lui, d'autant plus qu'il n'avait pas de relations avec les sphères du pouvoir et qu'il était l'un des 18 signataires d'une lettre officielle adressée à l'ex dictateur en 1994, protestant contre la politique générale appliquée qui allait à l'encontre des intérêts supérieurs du pays. D'autres événements vont le conforter dans cette rupture, parmi lesquels la grève de la faim de 2005. Composée de 75 personnes et prévue au départ pour la réforme politique qui devait éliminer toutes les lois allant contre les droits de l'homme (dans la Constitution et les différents Codes régissant le pays), l'Instance va prendre une autre dimension, celle de proposer d'autres lois, celles des partis, de la presse et du code électoral. Cette période a été marquée par un flou où interféraient plusieurs pouvoirs antagonistes « légitimes » et « légitimés », d'où l'émergence après consultations, tractations, négociations, de la Haute Instance dont chaque terme a été minutieusement pesé et choisi pour éviter toute équivoque mal intentionnée. Cela n'a nullement empêché les obstacles et les difficultés, à commencer par la composition de l'Instance qui a intégré les représentants des régions, des jeunes, des partis et de l'UGTT. Ensuite, la Haute Instance s'est attelée à la rédaction du code électoral pour l'élection d'une Constituante le 24 Juillet. Yadh Ben Achour a souligné l'atmosphère parfois houleuse dans cette assemblée car certains membres sont peu habitués au débat démocratique, ce qui a engendré des dépassements verbaux qui peuvent ralentir les discussions : 23 ans d'oppression et d'autocensure expliquent cela. L'objectif essentiel de l'Instance est de promulguer, dans la liberté, une loi électorale. Il a insisté sur les débats qui ont entouré principalement les articles concernant l'interdiction aux ex rcédistes de se présenter aux élections et l'article traitant de la parité. A propos de l'exclusion des rcédistes, il a tenu à préciser qu'il n'était pas pour la chasse aux sorcières, ni pour la discorde qui risque d'entacher la paix sociale. Il ne s'agit nullement de livrer ces personnes en pâture à la vindicte populaire pour assouvir un besoin de vengeance. Au contraire, il fallait favoriser la réconciliation sociale et garantir la cohésion nationale. Concernant la parité, il a fait remarquer qu'il s'agit d'une mesure historique qui n'est que la suite logique et cohérente des différentes réformes qu'a connues la Tunisie : de la période réformiste, au mouvement zeitounien qui avait encouragé l'éducation de la femme, à Tahar Haddad jusqu'au Code du statut personnel. Ainsi, cette Instance a-t-elle participé à l'élaboration d'un acquis historique, celui de la mise en place d'élections libres et transparentes. Yadh Ben Achour a précisé que la Haute Instance a une légitimité incontestable, institutionnelle et révolutionnaire, car elle est la synthèse de la logique institutionnelle, celle de l'état et de la logique révolutionnaire qui était représentée par le Conseil de la Révolution. Il a terminé son exposé en exprimant ce que tous les présents pensaient, à savoir que la vigilance est de mise, que l'action révolutionnaire doit être permanente, que les obstacles sont innombrables et pas toujours détectables et que la société civile consciente et organisée, épaulée par tous les contrepouvoirs (médias, associations, ong), est l'unique garante de la pérennité de notre révolution.