De Hechmi GHACHEM - Ce que beaucoup ignorent, c'est que la Mafia a commencé comme un mouvement de résistance politique clandestin avec la débâcle des musulmans de Sicile et des autres régions de l'Italie. Ce n'est pas là notre sujet du jour, mais il pourrait, éventuellement, nous intéresser dans la mesure où l'on voit, aujourd'hui, des mouvements politiques idéalisés par un passé de résistance laborieuse et bénie par la grâce divine, agir – toute proportion gardée – comme le feraient les Triades et les autres organisations mafieuses à travers le globe : ne jamais perdre la sympathie et le soutien populaires en veillant à venir en aide aux familles des victimes des guerres entre clans rivaux en offrant quelques subsides aux veuves et aux orphelins et en rendant plusieurs services à la société des pauvres. Des actions, somme toute, louables et qui respectent parfaitement les recommandations divines. Reste un problème majeur : d'où vient l'argent de la Mafia ? Et c'est là où le bât blesse ! Il en va de même de certains partis politiques qui dépensent à tout va pour l'acquisition des locaux et pour venir en aide aux pauvres et aux nécessiteux par pure charité religieuse prétendent-ils mais nos ancêtres nous ont appris à nous méfier de tout en nous signalant « qu'aucun chat ne chasse pour le compte de Dieu ! ». D'où vient l'argent de ces nouveaux saints du troisième millénaire ? Tous les Tunisiens connaissent la réponse mais personne ne semble avoir assez de témérité ou d'inconscience pour le déclarer publiquement via les médias écrits ou audio-visuels. On sait, cependant, que des textes de loi concernant le subventionnement des partis est en voie d'élaboration, que la majorité veut le parapher à part - quel hasard - les mouvements qui jouissent des dons faramineux venant de l'étranger et qui ne s'en cachent pas puisqu'il n'y a pas le moindre décret de loi qui interdise de recevoir de l'argent de l'étranger. Cela veut-il dire que n'importe qui pourrait proposer à des gouvernants des pays du Golfe, d'Europe, d'Asie ou des Etats-Unis de leur vendre la Tunisie moyennant un investissement plus ou moins licite pour l'aider à prendre le pouvoir. C'est grave ! Ce sont là les nouvelles techniques de la colonisation. Si quiconque veut faire de la politique, il doit le faire avec des deniers tunisiens pour que son programme soit adapté à la réalité de notre société. On ne peut gagner l'aura des saints avec l'argent des autres. Cela me rappelle les paroles d'un ami égyptien alors que son pays préparait la normalisation avec Israël : « Nous, Egyptiens, avons fait corps avec la cause palestinienne. Il y a au moins un martyr par famille, mais ce que les « pétro-dollars » du Golfe ont causé comme dégâts à notre société est mille fois plus dangereux, plus pernicieux et plus résistants à l'usure du temps, que toutes les guerres que nous avons soutenues contre Israël. Avec leur argent, ils ont chamboulé de fond en couple les règles d'une société pauvre mais bien équilibrée malgré le manque des moyens. La puissance de l'argent est mille fois plus dévastatrice que toutes les guerres. Car, c'est l'argent qui fait et défait les guerres et non le contraire. Donc, nous allons faire la paix avec Israël parce que nos « frères », les Arabes, nous ont causé beaucoup trop de torts ! ». Le subventionnement des partis est la carte maîtresse de toute option démocratique. Le peuple doit avoir connaissance de tout ce qui se trame en la matière. Les instances de l'Etat qui le représente doivent avoir accès à toutes les sources et gérer, en acceptant ou en refusant toute action de circulation d'argent selon des lois qui restent, hélas, encore inexistantes et qu'il faut urgemment élaborer. Autrement, on se réveillera un jour et l'on sera surpris que notre pays a été vendu, à notre insu.