Les tenants et les aboutissants de la procédure enclenchée par trois avocats, le rôle de l'ATI et les impressions ici et là… Le verdict est tombé : le tribunal de première instance a rendu son jugement quant à la fermeture de tous les sites pornographiques dans notre pays. L'univers des X qui depuis la Révolution a pris de l'ampleur sur le net, chiffres à l'appui, est nettement interdit. Une frange de Tunisiens étant devenue depuis quelque temps des accros de la cybersexe. La décision a de quoi faire grincer des dents, bien des amateurs des lois de la séduction et de l'aliénation par l'image. « Les Tunisiens ont vécu pendant 23 ans sous le joug de la dictature. C'est là qu'ils commencent à respirer à pleins poumons un air frais de liberté. Cette fermeture intempestive des sites pornos a de quoi nous faire transpirer. C'est une atteinte aux libertés individuelles. Et si un couple souhaite voir un site pornographique, il est libre de le faire. Pourquoi veut-on les en empêcher ? Ce sujet, à mon sens devrait être traité sans détour ni fausse pudeur. » nous confie, au bout du téléphone une mère de famille tracassée par le verdict du tribunal. Elle n'en revient pas « Je crois que ce n'est qu'un début. Bonjour la liste des interdits qui viendront petit à petit grignoter les droits acquis des Tunisiens. » Mais qui sont derrière la fermeture des sites pornos ? Ils sont en fait trois avocats, Monôm Triki, Imed Saaydia et Ahmed Ben Hassana qui ont déposé une plainte demandant la fermeture des sites pornos en Tunisie. Le 23 mai une pétition a été envoyée à l'Agence tunisienne de l'informatique (ATI) qui n'a pas assisté à la plaidoirie. Le 26 mai Le verdict a été prononcé en faveur des avocats. Contacté à ce propos Me Monôm Triki nous a avancé que ses collègues et lui ont présenté des témoignages de pédopsychiatres, de sociologues et de spécialistes de l'enfance qui ont montré études à l'appui l'impact de ces sites sur l'équilibre psychologique des enfants. Soit. «Mais L'Agence nationale de sécurité informatique (ANSI) met à la disposition des parents soucieux de cette question un logiciel de contrôle parental à télécharger gratuitement et directement sur le site de l'agence. Sans oublier le call-center de la même institution qui répond à toutes les interrogations des parents en ce sens.» lui avons-nous demandé. Me Triki trouve que cela ne suffit pas car les sites pornos sont devenus à la portée de tous après la Révolution « A un simple clic sur un panneau publicitaire ou autre, parfois même sans le vouloir un enfant ou un ado peut tomber sur un site pornographique. Par exemple si vous inscrivez sur un moteur de recherche ‘'vidéo toon'' vous allez être surpris par l'indécence des vidéos que vous pouvez retrouver. Le problème est d'autant plus grave que les enfants et les ados sont bien équipés aujourd'hui. Avec un téléphone 3 G ou dans un Publinet …les occasions qui se présentent sont multiples pour satisfaire les besoins en fantasmes des petits curieux du sexe. » dit-il. En ce sens, ils sont en effet, 420 mille adresses mondiales qui circulent sur la toile d'araignée qui ne cesse d'étendre ses tentacules dans notre pays avec la levée de la censure sur le net. Et le Tunisien ne se fait pas prier pour répondre à l'invitation des ‘'travailleurs du sexe'' pour s'y livrer lors des horaires administratifs. Selon notre interlocuteur, la courbe des connexions sur google estime à 60% l'augmentation des visites tunisiennes. Mieux encore, 7 sites pornographiques font partie des 100 premiers sites web les plus visités en Tunisie. Ce que dit la loi Ces données ont de quoi nous donner froid dans le dos. Partant de ces faits la plaidoirie des avocats s'est basée sur des articles de lois qui figurent notamment au chapitre 2 du code de la protection de l'enfant qui prémunit les enfants contre, entre autres, la violence sexuelle. Sans oublier le Pacte international des Nations unies de 1966 relatif aux droits civils et politiques qui énonce dans son article 19 le droit à la liberté de circulation de l'information exception faite des sites qui présentent une atteinte à la liberté de culte ou incitent à la violence ou encore à la débauche.