Il y a quatre jours, le site tunisien « www. Tekiano.com » a publié un article intitulé « Tunisie, invasion porno sur facebook ». Cette information qui fait froid dans le dos a largement été expliquée dans l'article. En fait, « des profils de Tunisiens et de Tunisiennes diffusent des vidéos classés X, avec pour acteurs, des internautes bien de chez nous, dans des séquences torrides », rapporte le journaliste. Nul ne peut nier qu'Internet a beaucoup d'avantages et a contribué amplement au développement des mentalités à tous les niveaux. Mais cet outil revêt des inconvénients. Il s'agit en fait d'un espace virtuel parsemé de pièges. Chats, forums de discussions, sites de rencontre ou même d'information risquent de se transformer en un espace d'arnaque, de mensonge et de pratiques illégales ou immorales. En fait, les adultes, les jeunes et les moins jeunes (adolescents et enfants) risquent de rencontrer des prédateurs de différents types. Des prédateurs sexuels, des arnaqueurs et même des psychopathes. Pis encore, cet espace est le terrain favorable pour ceux qui ont des difficultés pour s'intégrer dans la société d'une manière ou d'une autre. Ils osent parler des sujets « tabou » et évoquer des questions « interdites » par la société. Tel le cas de ces vidéos qui circulent sur facebook et qui ont fait l'objet de l'article d'ouverture de « Tekiano ». Il est clair que quelques utilisateurs du fameux réseau social sont en train de dériver. Ils négligent ainsi la morale et surtout les conséquences de ces actes irresponsables sur une tranche d'âge bien déterminée, les adolescents et même les enfants qui s'intéressent à ce réseau. C'est un danger permanent, car « aussi invraisemblable que cela puisse paraître, des centaines d'individus diffusent chaque jour ce genre de contenu directement sur leur mur ! Il suffit alors de tomber sur l'un de ces comptes, pour avoir accès intégralement à son contenu et ce, sans mêmes être obligé d'envoyer une demande d'amis. De fil en aiguille, on s'aperçoit rapidement que les amis des amis dudit compte diffusent eux même sur le mur (toujours en libre accès), d'autres vidéos pornographiques. On se retrouve au final avec toute une collection d'extraits et de films qui n'ont absolument rien à envier aux plus grands sites de films X », explique le journaliste. Un constat inquiétant, d'autant plus que les parents ignorent ces dangers. Des images X autrefois très difficiles à obtenir sont malheureusement devenues à la portée des internautes tous âges confondus. Un simple clic de souris donne accès à ces images pornographiques qui ont incontestablement un impact négatif sur les jeunes internautes qui échappent surtout au contrôle parental. Ces derniers ne sont pas très souvent au courant de ce qui se fait sur ce réseau virtuel, comme ils calculent mal et ne prévoient pas les dangers. L'accès facile qu'Internet donne à la pornographie doit en fait figurer parmi les principales préoccupations des parents de jeunes internautes. Pièges Nombreux sont ceux qui ont été piégés par des obsédés. Sous couvert d'anonymat, ces derniers réussissent à convaincre les jeunes, les enfants et même des adultes à se confier sur le réseau. Internet favorise les confidences et les révélations intimes, et « les mauvais utilisateurs » s'en servent pour nouer des relations de confiance avec des jeunes qui manquent encore d'expérience et surtout qui calculent mal les conséquences. Ce problème a largement été évoqué dans l'émission « Les infiltrés » diffusée au cours de cette semaine sur France 2. Le magazine d'investigation a réalisé une enquête choquante sur les prédateurs sexuels qui sont à la chasse des adolescents et même des enfants ne dépassant pas les 12 ans. Après avoir chatté sous le pseudonyme d'une fille âgée de 12 ans. Le journaliste a pu, en fait, piéger des adultes qui cherchent à nouer des relations avec la petite « Jessica ». L'enquête a démontré avec preuves que, même un gamin de six ans risque d'être malmené par les prédateurs à cause de l'absence de contrôle. Un contrôle parental et même des compagnies qui développent ces forums et sites de discussion doit être de mise. Les parents peuvent aider leurs enfants à se protéger en s'informant sur les risques liés aux communications en ligne et en s'impliquant davantage dans les activités des enfants et des adolescents sur Internet. Car les lésions et les conséquences de ces abus risquent ruiner la vie à ces jeunes et ces enfants. Sana FARHAT ---------------------------- L'angle de l'expert Mahdi Mabrouk, sociologue : « La technique est « neutre », mais l'usage est souvent « orienté et dicté » par les besoins » Le Temps : Le réseau facebook conçu pour consolider les liens sociaux est en train d'être utilisé pour diffuser des contenus pornographiques. Comment explique-t-on ce comportement de certains internautes ? Mahdi Mabrouk : Le dérapage de l'usage d'Internet et la manipulation n'est pas une pratique tunisienne. Ça fait trois ans que des réseaux de pédophilie se développent sur Internet. C'est la sociologie de l'usage des nouvelles technologies de l'information et de la communication. En fait la technique est « neutre », mais l'usage est souvent « orienté et dicté » par les besoins et les valeurs. La spécificité de facebook est qu'il est un espace public virtuel qui favorise un débat sérieux. Ce dérapage dangereux vers l'exposition de l'intimité fait qu'on peut avoir une idée sur la vie personnelle des individus. Ce sont des bricoleurs identitaires qui exposent leurs photos et leurs albums. Or quand il y a un dérapage dans « l'individuel » on tombe dans la pornographie. On parle de la privatisation extrême de facebook ce qui nous laisse très proches de la pornographie. Il importe de dire dans ce contexte que la pornographie ne présente pas réellement un « tabou » parce que depuis des décennies et des décennies, les individus ont créé des moyens et des astuces pour percer leur sanctuarisation. Mais nul ne peut nier que ces images diffusées sur le net ont un impact négatif sur les jeunes et les enfants. Il y a généralement un risque de maturité précoce et de voyeurisme. C'est comme si « on encourageait les actes de viol ».