Cela devient systématique. Dans pratiquement toutes les grandes surfaces, à chaque passage à la caisse on vous soustrait quelque petite monnaie de façon indélicate : on ne vous rend pas 10, 20 millimes et même plus, sans aucune excuse, sans aucune explication. Si vous avez le culot de protester, on vous regarde comme un mesquin harpagon qui «ose» réclamer une telle misère ! Puis on traîne les pieds pour appeler un petit chef, qui tarde à revenir avec de la monnaie, ce qui provoque quelques protestations de ceux qui font la queue, qui sont dans l'ignorance de la chose et, de demandeur de plein droit, on devient individu gênant. Le consommateur a des droits, celui d'être traité de façon respectueuse d'abord, et de voir restituer la totalité de son dû. Il n'a pas à entrer dans des considérations qui ne concernent que les gestionnaires, celle de fournir les caisses de façon permanente en petite monnaie. N'oubliez pas que jusqu'au jour d'aujourd'hui, toutes les pièces mises en circulation et garanties par l'Etat tunisien, de 1, 2 et 5 millimes ont toujours cours, autant que toutes les autres. A notre connaissance, la Banque Centrale n'a émis aucun avis contraire à ce jour. Multipliez ces infimes sommes par le nombre de passages quotidiens et le nombre de caisses, cela engendre des petits bénéfices appréciables. De quoi payer les factures du téléphone au moins… Selon des caissières interrogées, dans un de ces supermarchés, la direction organise un vrai racket : d'abord on ne fournit pas les caisses en menue monnaie, laissant donc les caissières se débrouiller avec le client. Deux cas de figures : si la caisse est «déficitaire» à la fin du service, le manque à gagner est soustrait de la mensualité de la caissière. Bon, celà est cohérent. Mais dans le cas contraire, c'est-à-dire même quand qu'il y a un « excédent », non seulement la caisse centrale récupère le surplus, mais, la caissière est aussi pénalisée en se voyant retirer de son salaire l'équivalent du montant déjà récupéré… Sérieusement, on n'arrive pas à y croire ! Résultat, il n'y a jamais de mensualité fixe, elle dépend inévitablement des retenues. Impossible de vérifier, on refuse de montrer les bulletins de salaires…. Des manutentionnaires et quelques employées de rayons confirment. Ils sont au courant des agissements des directions financières… Impossible de mettre en doute tant de faisceaux convergents, même si aucune preuve palpable n'est à portée de la main. Où est cette UGTT si prompte à défendre les injustices sur tous les fronts aujourd'hui ? Et le ministère des Affaires sociales ? C'est le moment de contrôler, d'obliger la direction à mettre fin à ces agissements inadmissibles, et rembourser toutes les sommes indûment prélevées. Maintenant l'éventail s'élargit. Le boulanger garde la totalité des 200 ou les 250 millimes pour une baguette ou un pain. Cela devient lentement le prix de vente. La contagion touche l'épicier et même les échoppes de fruits secs. Nous jeter tout le temps à la figure le « modèle » de civisme et de citoyenneté qu'est l'Europe ne doit pas se limiter seulement à ne pas écraser une cigarette sur le trottoir, ou se débarrasser d'un papier mouchoir par-dessus l'épaule. Il faut aussi rappeler que dans tous les commerces, tous les supermarchés, on vous accueille avec un « bonjour Monsieur (ou Madame)», on vous rend gracieusement votre monnaie jusqu'au dernier centime d'euro, et vous avez droit, en prime, à une « bonne journée », ou un « merci au revoir ». Qu'on en prenne de la graine. Hattab El Hatef (Fonctionnaire à la retraite)