L'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA) semble chercher une voie loin des balbutiements que l'organisation a connus depuis le 14 janvier. De nouvelles têtes ont certes émergé, mais, semble-t-il on ne sait pas encore sur quel pied danser. Et c'est dans l'objectif de déchiffrer les codes de l'actuelle situation que traverse la Tunisie, que l'organisation patronale a invité Iyadh Ben Achour, Président de la Commission Suprême pour la Protection des Objectifs de la Révolution, de la Réforme Politique et de la Transition Démocratique. Il fallait à vrai dire s'attendre à un débat houleux qui permettrait de savoir les orientations politiques possibles que comptent suivre les hommes d'affaires et les chefs d'entreprises tunisiens, c'est en fin du compte un discours purement politique sans beaucoup de nouveautés. Dans un mot de bienvenue, Wided Bouchamaoui présidente actuelle de l'UTICA, a souligné que « les hommes d'affaires demeurent toujours une partie prenante du paysage national, et ont un rôle important et une contribution dans la conception de l'avenir du pays et la réalisation des aspirations de ses générations à une vie meilleure ». Admettant que la Centrale Patronale a connu de meilleurs jours que ceux ayant suivi le 14 janvier, Wided Bouchamaoui a répliqué en disant que « ceci ne doit pas être pris comme un prétexte pour exclure les chefs d'entreprises des initiatives nationales ». Elle appelle aussi à user du « dialogue et de la concertation afin de résoudre les problématiques à l'échelle nationale, régionale ou encore sectorielle », profitant de la même occasion pour « inviter toutes les parties prenantes à contribuer à mettre à dispositions les conditions minimales et essentielles susceptibles de retrouver la cadence normale de croissance économique ». Après un tel préambule, Iyadh Ben Achour prit la parole. On ne savait pas alors où allait basculer le débat, mais on ne s'attendait guère à un discours « politique » qui ne semble pas avoir répondu aux attentes des chefs d'entreprises présents, ni à celles des journalistes présents. Tout en dressant un portrait de son parcours de « juriste, universitaire, et de citoyen lambda », Iyadh Ben Achour (66 ans) a usé d'un langage qui n'apporte rien de nouveau et auquel on était déjà habitué. Un même discours qui ne fait guère avancer les choses. Il raconte à l'assistance « lui, homme universitaire a dû faire avec les 155 membres de la dite commission, notamment les premiers jours après sa création ». Il s'agissait, dit-il « de gens qui ont été habitués à l'oppression sous la dictature de Ben Ali, avec lesquels il était impossible de tenir un dialogue. Des gens qui ont été toujours sur la défensive ». Selon lui « la nature spontanée de la Révolution en Tunisie a fait que beaucoup de gens se sont auto-proclamés (logiquement) protecteur de la Révolution, que ce soit au niveau national ou au niveau régional ». Il raconte par la suite comment cette commission a eu ses multiples missions, pour arriver « comme par un deuxième miracle, malgré les différends et les rixes et dans le laps de trois petites semaines, à adopter le projet de loi de la Haute Commission des Elections ». Il s'agit vraiment d'un grand effort à savoir celui d'arriver à un tel consensus de la part des 155 membres, dont on rapporte qu'ils perçoivent les rémunérations que recevaient les anciens conseillers sous Ben Ali, à savoir plus de 2000 dinars par mois. Une « accusation » qui a été violemment niée par le même Iyadh Ben Achour lors d'une réunion à Sfax. Mais à quoi s'attendait-on d'une telle réunion qui se tenait au fief même des chefs d'entreprises ? Que les hommes d'affaires sortent de leur mutisme et annoncent leurs partenariats secrets avec l'un des partis en Tunisie ? Certes. Mais Iyadh Ben Achour n'a cessé de surprendre. Il déclare, haut et fort, parlant des hommes d'affaires cette formule : « note objectif aujourd'hui n'est pas de régler les comptes à ceux qui ont commis des erreurs auparavant. L'objectif est de sensibiliser ». Car selon lui « beaucoup d'entre eux ont commis des erreurs. Mais, il ne faudrait pas les poursuivre, les dénoncer dans les cours de justice ou les violenter et les réprimer ». Bien qu'on soit totalement d'accord sur les deux derniers points concernant la violence et la répression envers ces « gens » dont parle Iyadh Ben Achour, nous nous interrogeons sur le rôle de la justice dans cette nouvelle Tunisie. Selon le président de cette commission à tâches infinies « nous sommes devenus (parlant des Tunisiens) libres d'esprit et d'expression », mais à lire ses propos entre les lignes, on se croirait dans une contrée où l'on devrait accepter de tout effacer et tout recommencer. Ce n'est pas à vrai dire « une chasse à la sorcière » le fait de répondre négativement aux propos du président de la Commission, mais beaucoup de « crimes » ont été commis par des hommes d'affaires appartenant à cette Union Patronale, et qui ont laissé leurs empreintes sur l'économie nationale. Les membres appartenant à cette patronale accusés par tout un chacun de malversation et de corruption sont nombreux, il y en a même ceux qui étaient présents à cette conférence. Tout compte fait, ladite conférence n'a réussi à apporter aucune nouveauté. Même le financement des partis politiques, un sujet qui fait couler beaucoup d'encre n'a pas été évoqué. L'apparition de Iyadh Ben Achour au podium de l'UTICA, semble être une nouvelle chance ratée, tant du côté du président de la commission que celui des hommes d'affaires. Autant de temps perdu dans des discussions qui ne font pas avancer les choses, et qui n'apportent guère de visibilité. Haykel TLILI amen [email protected] bechirtou [email protected]