La situation environnementale dans notre pays laisse vraiment à désirer : après évaluation et diagnostic de l'état des lieux, le bilan n'est guère reluisant, et le constat en vigueur y afférent n'est que pour refléter cette amère réalité. Les ressources naturelles vitales, du reste vulnérables et non renouvelables sont en péril, du fait de l'exploitation humaine démesurée et irrationnelle. L'écosystème tunisien est davantage fragilisé sous l'effet dévastateur de la forte pression exercée sur certains milieux déjà considérablement affectés: ainsi, 219 espèces maritimes et terrestres sont menacées de disparition, dont 50 espèces végétales; le littoral, qui réunit près de 70% de la population totale de la Tunisie, et 90% des activités industrielles et touristiques, est sous l'emprise d'une convoitise grandissante générant un usage souvent anarchique et insensé du domaine public et des propriétés maritimes, soumis de surcroît aux aléas du réchauffement climatique, à l'origine de la hausse du niveau des eaux, donc de l'érosion maritime qui s'en suit. De même, l'écosystème marin, déjà gravement lésé, n'est pas au bout de ses peines: la pollution chimique et industrielle qui touche certaines zones marines a porté préjudice aux conditions hydro biologiques en les dégradant remarquablement ; le recours aux méthodes de pêche intensives et illicites opérant selon des techniques dévastatrices des grands chalutiers a entraîné la désertification des vastes prairies à posidonie qui offrent d'habitude oxygène et gîte de nidification pour les poissons, et la raréfaction du gibier, donc l'appauvrissement des ressources halieutiques. Par ailleurs, la gestion des déchets solides demeure le maillon faible de la politique environnementale dans notre pays qui, faut-il le rappeler, produit 150 mille tonnes de déchets industriels par an, et 2.8 millions de tonnes de déchets ménagers, soit 0.7 kg par personne et par jour, et ce en dépit des efforts fournis dans ce sens, dont la création des décharges contrôlées associées aux centres de transfert, l'adoption du système de collecte rémunérée, la création d'un fonds de dépollution constitué sur la base d'une redevance sur les matières premières en plastique, etc… Au vu de l'état des lieux inhérent à la situation environnementale prévalant sous nos cieux, il va sans dire que les politiques publiques, l'arsenal juridique et le cadre institutionnel n'ont pas été au niveau des défis et n'ont pu endiguer de manière adéquate les atteintes à l'environnement. Or, à l'aube de cette nouvelle ère de renouveau, de liberté et de démocratie, tous les espoirs de pouvoir redorer le blason de l'Environnement dans notre pays et d'asseoir les fondements du développement durable sont désormais permis. A la veille de l'avènement mémorable et tant attendu de l'élection de l'Assemblée Constituante, l'heure est sans conteste à la rescousse : il faut saisir l'opportunité historique qu'offre aux Tunisiens et aux Tunisiennes la nouvelle constitution à élaborer conséquemment pour ennoblir la cause environnementale, consacrer le droit de tout un chacun à un environnement sain et équilibré qu'il est impératif de prémunir contre les aléas des politiques de circonstances et les humeurs changeantes des acteurs institutionnels. Fort de ces critères indubitables et convaincu que la vie de l'être humain est tributaire de la valorisation des ressources naturelles (sources de vie), de leur préservation ainsi que de celle des équilibres écologiques, que le droit à la dignité humaine implique le droit de vivre dans un environnement sain assurant un cadre de vie de qualité, que les générations futures ont les mêmes droits que les générations présentes, que les risques environnementaux et la dégradation des ressources naturelles peuvent porter préjudice à la santé humaine et au développement économique et social, et que les impacts à long terme des problèmes globaux de l'environnement constituent une menace pour la durabilité du développement du pays, un collectif indépendant de militants et d'experts en développement durable préconise l'insertion sine qua non des principes relatifs au droit environnemental dans la constitution tunisienne, aussi bien au niveau des droits fondamentaux qu'au niveau des institutions de l'Etat. Ils contestent certains choix de développement qui n'ont pas réussi à concilier les impératifs du développement économique et social avec ceux de la protection de l'environnement ; de ce fait, ils proposent la création par la constitution d'un nouvel organe qui évalue et oriente les politiques publiques dans la perspective du développement durable, et qui constituera une garantie du respect de ces principes. Ce groupe de l'initiative citoyenne éco-constitution » a déjà à son actif le lancement d'une campagne nationale d'information et de sensibilisation inaugurée lors d'un séminaire organisé à Tunis le 28 mai 2011. Un deuxième rendez-vous est donné à Djerba, ce samedi 25 juin, organisé à cet effet avec le concours de l'Association pour la sauvegarde de l'Île de Djerba, à l'adresse des représentants de la société civile, des partis politiques, des experts, des administrateurs, des médias… opérant dans la région du sud-est.