Le chemin est encore long pour une révision éthique, dépouillée et courageuse des « mœurs policières » dans notre pays. En aucun cas, il n'est conseillé, en cette période sensible de l'histoire de la Tunisie, de diaboliser la police tunisienne et de contribuer à la dégradation de ses relations avec les citoyens. Dans toutes les polices du monde, il y a du bon et du mauvais. Mais le principe c'est qu'il faut toujours distinguer entre un Etat policé, civilisé et citoyen et un Etat policier, répressif et coercitif, comme nous en avons eu la preuve durant 23 ans. Ce qui est sûr, c'est que les querelles, les règlements de comptes et la chasse aux sorcières ajoutent de l'huile sur le feu. Il y a, en ce moment, un mouvement de soutien autour de Samir Feriani, cadre supérieur du ministère de l'Intérieur, actuellement aux arrêts pour avoir « dénoncé » sur les colonnes d'un journal « la destruction des archives du ministère de l'Intérieur. On a donc salué ce courage. Sauf que ces allégations n'ont été confirmées que par le frère de Samir Feriani, qui ne travaille plus au sein de la direction générale des services techniques. Le juge d'instruction militaire, chargé d'enquêter sur cette affaire, découvre, rapidement, qu'il n'en était rien et que les déclarations de Samir Feriani ne sont guère fondées ni qu'il en détienne la preuve. Selon certaines indiscrétions – nous annonçons cela au conditionnel – Samir Feriani « aurait anticipé sur son éventuelle convocation par le juge d'instruction à propos de ceux qui, dit-on, seraient ses chefs spirituels Chedly Sahli et Moncef Ben Guebila. Par ricochet, la nomination de M. Tayeb, directeur général issu d'une police de proximité et qui se proposait de remonter jusqu'à certains dossiers et d'abattre certains cloisonnements aurait fait commettre à Feriani cette fausse manœuvre ». Pourquoi serait-il tombé dans ces avatars ? L'enquête suit son cours. En revanche, il n'était pas inspiré d'emprunter à Farhat Hached la fameuse phrase « Ouhebbouk ya chaâb » pour proclamer sa fibre révolutionnaire. Or, son mémoire de fin d'études – nous en disposons d'une copie – est un chef-d'œuvre de louanges à l'adresse de Ben Ali !