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«Il n'y a aucune raison pour qu'Ennahdha me fasse peur… mais, il faut rester vigilant»
Un homme, un parti - Ahmed Brahim, premier secrétaire d'Ettajdid
Publié dans Le Temps le 02 - 07 - 2011

Interview réalisée par Mona BEN GAMRA - Ahmed Brahim, le premier secrétaire d'Ettajdid se livre à nous dans cette interview. L'ancien professeur de français à l'Université de Tunis I et spécialiste en linguistique parle politique mais avec des mots empreints de sincérité, qui en disent long sur l'homme de principes qu'il est. N'hésitez pas à le rencontrer, car Ahmed Brahim est un homme simple qui a toujours le mot pour rire. Et puis une question sur la réforme de l'enseignement ? ‘'Vaste programme''. L'éducateur qu'il est, à qui on a confié le portefeuille ministériel de l'enseignement, nous en parle brièvement, mais d'une manière digne de considération.
Pôle Démocratique Moderniste perd le nord par hasard ?
- Au contraire, nous voulons en faire une étoile polaire. Actuellement, notre pays est dans une situation d'incertitude, une phase historique dans laquelle il se prépare à fonder une nouvelle République. Les électeurs ont besoin d'une orientation claire et le Pôle en tant qu'alliance pour la démocratie et la modernité constitue un repère important.
Avec le départ de quelques partis, peut-on considérer que ce Pôle bat de l'aile ? Regrettez-vous cette alliance ?
- Le retrait de ces partis s'est produit juste après la signature du protocole du Pôle. C'est un choix qui nous a surpris certes, mais qui ne diminue en rien l'importance du Pôle en tant que dispositif unitaire ayant montré beaucoup d'efficacité lors de son premier meeting tenu le 18 juin. Quasiment 4000 citoyens y ont assisté. Cela montre que le Pôle répond aux attentes de très larges secteurs de l'opinion. La dynamique unitaire qu'il porte en lui ira crescendo, j'en suis convaincu.
Quant à la question de l'alliance, elle constitue une partie constitutive de l'identité d'Ettajdid. On a toujours œuvré pour la formation d'alliances avec des forces progressistes même du temps de l'ancien régime. En 2004 l'Initiative Démocratique était à la base d'une opposition claire contre Ben Ali. Idem pour l'Initiative Nationale en 2009. Au Pôle Démocratique Moderniste notre alliance constitue une dynamique d'unification qui a ses spécificités, lesquelles sont liées aux spécificités de la consultation électorale pour l'Assemblée constituante.
Est-ce une alliance des partis de gauche pour faire barrage contre les islamistes ?
La conception du Pôle est une conception patriotique nationale. Elle n'est pas orientée contre tel ou tel parti, mais d'une manière positive pour construire une République conformément aux principes démocratiques et universels. Le but étant de préserver les acquis modernistes notamment ceux qui concernent l'égalité homme/femme.
La conception du pôle est, par ailleurs, une conception large qui va au-delà des frontières traditionnelles de la gauche. La diversité des orientations politiques visibles dans la composition même de ce Pôle, prouve que cette alliance se veut nationale et démocratique, en ce sens qu'elle propose des solutions pour l'ensemble du pays et apporte des réponses aux attentes de toutes les franges de la société. Mais Il y a une composante sociale importante dans son programme qui tient compte du fait que la Révolution s'est déclenchée comme protestation contre la marginalisation régionale, notamment celle des régions de l'Ouest du pays, contre l'injustice et pour la dignité, laquelle doit se traduire concrètement dans la réalité vécue des citoyens, et être garantie par la constitution. Partant de ce fait, la nécessité de répondre aux aspirations de justice sociale ne s'impose pas simplement à la gauche mais à l'ensemble de l'échiquier politique. Mais nous ferons en sorte que ce Pôle soit plus large et plus représentatif de la diversité des forces de la société.
Est-ce que vous allez vous présenter avec des listes communes ?
Nous nous sommes rencontrés sur la base de principes fondamentaux. Nous sommes en train de nous structurer. Les listes électorales au nom du Pôle seront, bien sûr, à l'ordre du jour.
Dans ce cas de figure, vous risqueriez de perdre des sièges au profit d'autres partis nouvellement créées. Qu'en pensez-vous ?
Notre conception n'est pas partisane, mais unitaire. Nous n'avons aucune crainte au sujet des sièges. L'essentiel est d'arriver aux élections de l'Assemblée constituante avec une présence consistante de représentants du projet de société dont est porteuse notre alliance. Le nombre de sièges que peut avoir telle ou telle partie ne posera pas problème.
Quel avenir pour la Haute instance quand on sait qu'‘'Ennahdha'' s'en est retirée et que d'autres partis menacent d'en faire autant ? Peut-on, malgré tout, parler de ‘'consensus national '' ?
Dans cette période de transition, c'est la recherche de consensus qui prime. Toutes les parties (organisations civiles, personnes indépendantes et partis politiques) doivent travailler dans cet esprit d'ouverture et de recherche de consensus. Nous regrettons la facilité avec laquelle certains recourent à la surenchère. Ce retrait intempestif d'''Ennahdha'' a lieu à un moment où il faut donner à l'opinion un message de sérieux, où l'intérêt du pays doit être mis au-dessus des intérêts partisans, quels qu'ils soient.
L'opinion ne comprend pas qu'après avoir participé activement aux travaux de la Haute instance, tel ou tel parti décide d'agir d'une manière unilatérale et se retire, surtout que ce retrait coïncide avec la préparation d'une loi censée moraliser et réglementer de façon transparente les rapports entre l'argent et la politique. Je lance un appel solennel à toutes les parties de cette Instance, y compris ‘'Ennahdha'', pour que la recherche du consensus autour des mécanismes de la transition démocratique l'emporte sur toute autre considération.
Face aux attaques d'''Ennahdha'', la semaine dernière, vous avez évité la polémique en la désamorçant. C'est tout à votre honneur. Par ailleurs, est-ce que ‘'Ennahdha'' vous fait peur ?
Il n'y a aucune raison qu'elle me fasse peur. Nous sommes en période pré-électorale et le peuple n'a pas encore dit son mot, mais nous pensons qu'il faut être vigilant pour que les principes démocratiques et ceux des droits de l'Homme en particulier, dirigent l'action de tous les partis politiques. Ces principes universels ne sont en rien incompatibles avec notre identité arabo-musulmane, qui constitue un dénominateur commun de l'ensemble du peuple et qui, par conséquent, et qui ne doit donc faire l'objet d'aucune surenchère. La religion doit être à l'abri de toute instrumentalisation politique ou politicienne. Elle ne doit pas être instrumentalisée pour remettre en cause les acquis modernistes du pays. Sur cette question, nous sommes extrêmement vigilants et nous pensons que la majorité des Tunisiens est attachée autant à son identité qu'à ses acquis modernistes et démocratiques. C'est pourquoi il faut empêcher tout retour en arrière et faire démocratiquement barrage aux risques de régression. Cela nous préoccupe, bien sûr, mais nous sommes confiants en l'intelligence de notre jeunesse et de notre peuple.
Est-ce que Ettajdid se vend bien ?
Je n'aime pas beaucoup cette expression ! Pour moi la politique doit être à l'abri des lois du marché. Il faut qu'elle soit quelque chose de sérieux qui correspond à nos engagements pour l'intérêt de la communauté et qu'elle soit synonyme de rectitude morale et d'engagement patriotique sincère.
Ok, je vous pose la question autrement : est-ce que Ettajdid a de la visibilité ?
Je pense qu'Ettajdid jouit d'une réputation de sérieux et de rigueur reconnue par l'opinion, même si des efforts doivent être faits dans le domaine de la communication pour mieux faire connaître nos positions et nos orientations. Les moyens de communication de masse jouent un rôle important et nous appelons à ce qu'ils soient plus ouverts et plus objectifs pour que nos propositions y trouvent l'écho qu'elles méritent. Nos moyens financiers ne permettent pas, hélas! de faire des campagnes de lancement publicitaire du type de ceux qu'on a vus dernièrement.
Nous faisons confiance à la force de nos idées et à l'enthousiasme de nos militants pour dépasser la faiblesse de nos ressources financières. C'est pourquoi, nous pensons qu'il faut tendre vers un minimum d'égalité de chances en réglementant et en moralisant de manière claire et transparente les sources de financement des partis politiques.
Certains parmi vos détracteurs considèrent que vous avez fait partie de l'opposition ‘'consensuelle'' et que vous avez composé avec le régime de Ben Ali en siégeant à la chambre des députés. Comment leur répondez-vous ?
Il y a eu en 1988 un Pacte national qui s'est inscrit dans une démarche qui était à l'époque censée être « consensuelle » et que les partis présents à l'époque avaient signé, y compris ‘'Ennahdha' et d'autres, mais cette démarche s'est assez vite avérée autoritariste et non pluraliste. Pour ce qui nous concerne nous nous sommes clairement positionnés dans l'opposition, au moins depuis notre premier congrès. Notre présence au parlement, qui avait d'ailleurs été réduite à sa plus simple expression (deux députés) n'était en rien un cadeau de Ben Ali. En 2009, je me suis moi-même présenté aux élections présidentielles en déclarant d'emblée que j'avais l'intention d'affronter Ben Ali dans une compétition d'égal à égal, malgré l'absence quasi-totale des conditions minimales pour des élections démocratiques. Cette déclaration avait eu pour conséquence immédiate la suspension du journal ‘'Attariq Al Jadid''et une campagne féroce contre ma personne et mon parti. Mon manifeste électoral a été saisi pendant 9 jours sur 13. J'ai pu malgré tout porter une voix d'opposition ferme et de dénonciation claire du pouvoir personnel, du despotisme et de la corruption, y compris celle des proches de Ben Ali. Nous avons été un parti d'opposition sérieux, et nous avons eu en tant que tel une contribution importante dans l'accumulation de la conscience politique qui a conduit à la Révolution.
Pourtant on dit que vous avez rencontré Ben Ali peu avant le 14 janvier?
Qu'est-ce que vous racontez là ? Je n'ai jamais été reçu par Ben Ali, et je ne le connaissais pas plus que n'importe quel Tunisien. D'ailleurs, autant qu'il m'en souvienne, depuis la tenue de notre premier Congrès en 2001, aucun dirigeant de notre parti n'a été reçu par Ben Ali. Ettajdid n'était plus invité aux cérémonies des fêtes officielles. Moi-même je ne suis premier responsable du parti que depuis le 2ème congrès, en 2007. Il est vrai que le 12 janvier j'ai rencontré le premier ministre Mohamed Ghannouchi sur sa demande, comme l'ont fait les dirigeants d'autres partis politiques de l'opposition légale véritable et des représentants de la société civile. Je lui avais exprimé fermement à cette occasion notre dénonciation de la répression sanglante et notre vision des solutions politiques à apporter d'urgence.
Quelle réforme de l'enseignement proposez-vous ?
Vaste dossier ! Dossier urgent qui nécessite une réforme profonde à tous les cycles, du primaire au supérieur, tant sur le plan structurel que sur celui du contenu, de façon à stopper la dégradation de son niveau, à améliorer celui-ci, à redonner à l'école et à l'université son rôle d'ascenseur social, et à faire de l'enseignement un levier du développement intégral. A cette réforme doivent être associés démocratiquement les enseignants, les parents et les étudiants. Il faut en particulier garantir l'accès au savoir et à la connaissance à tous, sans distinction de type social ou régional. Il faut renoncer aux méthodes verticales de simple transmission du savoir pour des méthodes interactives avec la participation active de l'apprenant, qu'il soit élève ou étudiant. Il faut donner toute la place qu'ils méritent à l'esprit critique, au libre exercice du jugement, à la nécessité de former une tête « bien faite » plutôt qu'une tête « bien pleine ». En somme tout ce qui permet de former des citoyens libres et responsables.


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