Le Temps-Agences- Les forces syriennes ont arrêté plusieurs dizaines de personnes hier à Hama, où les tirs de la veille ont fait selon l'opposition 22 morts. Des blindés sont toujours stationnés autour de cette ville de 650.000 habitants dans le Centre-ouest de la Syrie, théâtre d'imposantes manifestations depuis le début du mouvement de contestation du régime de Bachar Al Assad en mars dernier. Certains chars de l'armée se sont éloignés hier de la ville et un habitant a déclaré que les forces gouvernementales étaient désormais principalement concentrées autour du siège local du parti Baas, du quartier général de la police et de l'immeuble de la sécurité d'Etat. Ammar Kourabi, dirigeant de l'Organisation nationale syrienne des droits de l'Homme, basée au Caire, a déclaré que les tirs de mardi, quand des partisans du président Assad ont déferlé dans les rues de la ville, avaient fait 22 morts. Des centaines de personnes ont été arrêtées, a-t-il ajouté. L'agence de presse officielle syrienne Sana rapporte qu'un policier a été tué dans un affrontement avec des hommes armés. Elle ne fait pas mention de pertes civiles mais ajoute que des "hommes armés" ont été blessés. Pratiquement toutes les forces de sécurité avaient été retirées de Hama au début du mois dernier, après la mort d'une soixantaine de manifestants le 3 juin. Dans un rapport publié hier, Amnesty International demande que les autorités syriennes soient jugées pour crimes contre l'humanité après l'écrasement de la révolte dans la ville de Tel Kelakh en mai. L'ONG appelle les Nations unies à saisir la Cour pénale internationale (CPI) pour la mort de neuf personnes en captivité après leur arrestation dans cette localité proche de la frontière avec le Liban. "Amnesty International considère que les crimes commis à Tel Kelakh sont des crimes contre l'humanité car ils apparaissent comme faisant partie d'une attaque systématiquse et de grande ampleur contre la population civile", écrit l'organisation. Amnesty évoque une "opération sécuritaire dévastatrice" au cours de laquelle de nombreux hommes, y compris des blessés, ont été arrêtés et torturés. L'offensive militaire à Tel Kelakh, qui a duré plusieurs jours à la mi-mai, a contraint des milliers de personnes à chercher refuge au Liban. "Les récits que nous avons entendus de la part de témoins des événements à Tel Kelakh peignent un tableau profondément inquiétant d'abus systémiques ciblés pour écraser la dissidence", a expliqué Philip Luther, directeur adjoint de l'ONG pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord. "La plupart des crimes décrits dans ce rapport tombent sous le coup de la juridiction de la Cour pénale internationale. Mais le Conseil de sécurité de l'Onu doit au préalable soumettre la situation en Syrie au procureur de la cour".