Le Temps-Agences- Des centaines d'habitants ont fui ces dernières 24 heures la ville rebelle syrienne de Hama craignant la répression de l'armée, à la veille de nouvelles manifestations attendues à travers le pays pour rejeter tout dialogue avec le régime de Bachar Al-Assad. Face à la poursuite de la répression sanglante de la révolte, le patron de l'ONU Ban Ki-moon a estimé que les tueries doivent cesser, alors que le chef de la diplomatie française Alain Juppé a jugé inacceptable que le Conseil de sécurité ne puisse condamner la répression du fait de l'opposition de Moscou. Les autorités tentent de soumettre Hama (210 kilomètres au Nord de Damas), ville traditionnellement rebelle où 23 civils ont été tués depuis mardi par les tirs des forces de sécurité et théâtre de manifestations massives contre le pouvoir, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Au total, une centaine de familles, environ un millier de personnes, ont quitté Hama pour Al-Selmiya, à une trentaine de km plus loin, a précisé le chef de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. Les chars sont toujours postés aux principales entrées de cette ville de 800.000 habitants, sauf à l'entrée Nord, mais ce sont les forces de sécurité qui procèdent aux opérations à l'intérieur de ses murs, selon des militants. Les habitants avaient pris la décision de défendre jusqu'à la mort leur cité pour empêcher l'entrée des soldats, a dit M. Abdel Rahmane. Le chef de l'Organisation nationale des droits de l'Homme (ONDH), Ammar Qorabi, a confirmé la fuite des habitants en évoquant la poursuite des perquisitions, des assassinats et des arrestations dans la cité. Mais les autorités qui continuent d'attribuer les troubles à des groupes terroristes et refusent d'admettre l'ampleur de la contestation, ont appelé par la voix du journal Al-Watan les manifestants à éviter toute confrontation et de dégager les rues afin d'éviter une opération militaire présentée comme un dernier recours. Selon Al-Watan, des habitants ont réclamé le retour de l'ancien gouverneur, la libération des manifestants arrêtés et l'engagement que les forces de l'ordre n'interviendront pas, ainsi que la liberté de manifester. Dans le reste du pays, des manifestations ont eu lieu dans la nuit de mercredi à hier dans plusieurs villes pour répondre à des rassemblements pro-régime, a précisé l'OSDH. L'armée, chargée d'étouffer la contestation, a en outre imposé un couvre-feu à Jabal El-Zawiya dans la région d'Idleb, où le régime poursuit ses opérations militaires durant lesquelles environ 300 personnes ont été arrêtées ces dernières 48 heures, a indiqué l'OSDH. Le couvre-feu non annoncé a empêché les habitants de se ravitailler et a interdit les fermiers de semer leurs récoltes, a ajouté M. Abdel Rahmane. Alors que la révolte lancée le 15 mars ne faiblit malgré la répression qui a fait plus de 1.300 morts civils, les militants pro-démocratie ont appelé comme tous les vendredis à une journée de manifestations dans l'ensemble du pays. Aujourd'hui même, le slogan «Non au dialogue» a été choisi par les militants pour réaffirmer leur refus de dialoguer avec le régime dont ils veulent la chute.