Le renouveau de la culture sous nos cieux relève-t-il de la gageure ? La question pourrait choquer par son caractère incongru vu l'espoir infini, né de la Révolution. Il n'empêche qu'elle mériterait quand même d'être posée eu égard à l'état des lieux pour le moins qu'on puisse dire peu reluisant. En effet, le paysage culturel offre les symptômes d'une désertification chronique, et d'une sclérose préoccupante, conséquences inéluctables de la mainmise et de l'instrumentalisation de la culture au cours des longues décennies passées. Parent pauvre des secteurs d'activité, celui de la culture, était de surcroît placé sous la tutelle officielle étouffante qui usait de tous les moyens possibles pour imposer ses propres orientations et sa vision, particulièrement par le biais d'une censure tatillonne et de l'attribution sélective des subventions. De quoi tuer la créativité, décourager les talents et imposer l'alternative de la compromission ou de la marginalisation, même si des actes isolés « d'insoumission » sont à relever. Il est vrai que l'animation culturelle, les foires du livre, les forums et autres conférences, ajoutés au foisonnement des festivals et des journées culturelles, pouvaient donner l'illusion d'une effervescence et d'un dynamisme féconds et créateurs. En réalité, généralement, seule, la quantité était au rendez-vous et le produit culturel servi consacrait plus un état de fait de mièvrerie, de platitude et de banalité, qu'il ne visait à affiner les goûts, promouvoir la qualité et honorer la créativité. Comment, dans ces conditions, ne pas parler de situation compromise, avec la prédominance d'un public soit allaité au biberon de la médiocrité, soit totalement détourné de la chose culturelle ? Peut-on espérer changer les mentalités, éveiller un intérêt plus qu'hypothétique auprès d'une jeunesse indifférente dans sa grande majorité à tout ce qui a trait à la culture, à part les spectacles de danse ou assimilés? Quand on est imbu de l'esprit de la révolution, on doit reconnaître que la tâche est ardue mais tout autant passionnante. Lesdits constats, au lieu de constituer des facteurs de désespoir sont de nature à autoriser un optimisme justifié quant à la possibilité d'une réforme en profondeur. Ce n'est qu'une question de conviction et de foi, mais aussi de choix judicieux et de…..moyens adéquats.