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Discours du Président Zine El Abidine Ben Ali devant la Conférence Internationale sur « Les Questions de la Jeunesse dans le Monde Islamique : Enjeux du Présent et Défis du Futur »
(Carthage, le 24 novembre 2008) Au Nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux Excellence, le Docteur Abdulaziz Altwaijri, Directeur général de l'Organisation Islamique pour l'Education, les Sciences et la Culture (ISESCO); Excellence, le Docteur Mongi Bousnina, Directeur général de l'Organisation Arabe pour l'Education, la Culture et les Sciences (ALECSO); Excellence, Monsieur Habib Ben Yahia, Secrétaire général de l'Union du Maghreb Arabe (UMA); Mesdames, Messieurs, Honorables invités, Nous déclarons ouverts, par la grâce de Dieu Tout-Puissant, aujourd'hui, les travaux de cette conférence internationale sur le thème : “Les questions de la jeunesse dans le monde islamique : Enjeux du présent et défis du futur”, en commençant par adresser nos salutations et les expressions de notre considération à Leurs Excellences ici présents, aux représentants des organisations régionales et internationales, aux parlementaires, aux représentants des médias, aux représentants des organisations non-gouvernementales, ainsi qu'aux experts, aux penseurs et aux chercheurs venus des pays frères et amis, en leur souhaitant, à tous, la bienvenue et un séjour agréable parmi nous. Je tiens à remercier, tout particulièrement, le Dr. Abdulaziz Altwaijri, Directeur Général de l'Organisation Islamique pour l'Education, les Sciences et la Culture (ISESCO), pour m'avoir décerné le blason de cette conférence, et pour les nobles sentiments qu'il vient d'exprimer, dans son aimable intervention, à l'adresse de la Tunisie, de son peuple et de sa direction. Il me plaît, également, d'exprimer ma profonde appréciation au Pr. Ali Sarikaya, qui a fait l'éloge de l'expérience tunisienne en matière d'encadrement de la jeunesse, et m'a fait l'honneur de me décerner le blason du Forum de la jeunesse de l'Organisation de la Conférence Islamique pour le dialogue et la coopération. Je tiens, en outre, à saisir cette occasion pour mettre en exergue la coopération privilégiée que notre pays entretient avec l'ISESCO, et dire combien nous sommes favorables à la tenue de semblables assises en Tunisie, dans le cadre des activités et des manifestations régionales et internationales que nous avons pris coutume d'accueillir dans notre pays, dans le but de renforcer le dialogue et l'entente entre les nations et de servir les causes de notre nation arabe et islamique, et celles du développement et de la paix dans le monde. L'ISESCO a choisi, pour la présente conférence, un thème qui est de la plus haute importance, à savoir celui des questions de la jeunesse dans le monde islamique. A travers ce choix judicieux, l'Organisation a démontré à quel point elle est consciente de la position sociale majeure dont jouissent, de nos jours, les jeunes, dans nos pays islamiques, et du rôle vital qui les attend pour qu'ils reprennent le flambeau et poursuivent la progression, avec assurance et aptitude. Mesdames, Messieurs, La conjoncture qui prévaut, aujourd'hui, dans le monde, est préoccupante, du fait de l'élargissement du fossé entre pays du Nord et pays du Sud, de l'aggravation de l'endettement, de l'extension des phénomènes de pauvreté et de marginalisation, de la dégradation accrue de l'environnement, de la perturbation des marchés financiers, de la recrudescence des vagues de haine et d'agressivité et de l'acharnement à nuire aux symboles et dogmes religieux. La conjoncture est également préoccupante en raison de l'absence de dialogue et de consensus dans le règlement des conflits, de l'approche déséquilibrée des problèmes internationaux et de l'incapacité de la solidarité humaine à faire face aux calamités naturelles et aux crises sociales. Le monde d'aujourd'hui pose également à nos sociétés musulmanes des défis majeurs, dans les domaines de la culture, de la communication, des sciences, de la technologie et de l'économie, approfondissant, ainsi, les écarts civilisationnels qui nous séparent des sociétés évoluées. C'est là une conjoncture qui est de nature à choquer les consciences. Elle n'incite ni à la satisfaction ni à la quiétude, tout particulièrement dans les rangs des jeunes, tant il est vrai qu'ils constituent, au sein de toute nation, la catégorie fragile qui est exposée, plus que toute autre, aux effets des conditions qui l'entourent. Nous autres musulmans, qui sommes une nation de paix, de concorde, de bon droit et de modération, nous pouvons, pour peu que nous prenions nos affaires sérieusement en main, unifiions nos positions et suivions les voies du progrès et de l'invulnérabilité, nous imposer en tant que partenaire influent sur la scène internationale, et contribuer, de concert avec les forces du bien et de la paix, à résoudre bon nombre de problèmes du monde. A l'heure où nos pays musulmans déploient des efforts colossaux pour rejoindre le cortège de la civilisation et du progrès, nos jeunes se doivent d'être à l'avant-garde de cette marche et aux premiers rangs des forces du progrès, de la modernisation et de l'action utile. C'est que rien ne peut être construit sans les jeunes. Notre nation islamique ne peut retrouver son aptitude à l'initiative qu'à travers ses jeunes. Elle ne peut, non plus, être en phase, de manière positive, avec son époque qu'à travers ses jeunes. Elle ne peut, enfin, explorer judicieusement son avenir qu'à travers ses jeunes. Nous sommes convaincus, pour notre part, que le secteur le plus important qui nous aidera à préparer nos jeunes à devenir la force motrice et stimulante dans nos sociétés, est l'éducation; celle-ci étant la base de l'initiation des jeunes au respect de nos constantes civilisationnelles, culturelles et religieuses, et des plus nobles valeurs universelles. En la matière, les programmes des études constituent le meilleur moyen d'ancrer en nos jeunes le sens du droit et du devoir, le respect des valeurs de la science et du travail, l'attachement aux vertus du dialogue et de la tolérance, l'esprit éclairé et le respect de l'opinion différente, l'exhortation mutuelle au respect des valeurs de modération et de tolérance, le rejet de la haine et de l'extrémisme, et l'assimilation des connaissances, sciences et technologies modernes, avec le plus haut degré d'ouverture et d'effort d'interprétation. Il nous faut, de surcroît, former nos jeunes, dès les toutes premières étapes de l'enseignement, à l'attachement à leur identité, à leur patrimoine et à leurs spécificités, et à l'approfondissement en eux du sens de l'appartenance nationale, culturelle, civilisationnelle et religieuse, sans rupture avec leur époque et en interaction lucide avec autrui. Quant au deuxième secteur auquel nous devons, à notre sens, porter une attention particulière, il regroupe deux domaines complémentaires. Il s'agit de la culture et de l'information; étant entendu que l'intérêt accordé à ces deux volets est un enjeu national et un droit consacré pour tous les individus, toutes les générations et toutes les catégories sociales, offrant, à tous, des opportunités de production et de créativité, en même temps que des opportunités d'expression et de formulation des points de vue, en toute liberté, à l'abri de toute directive ou confiscation. Le moment est venu pour nos jeunes de contribuer à hisser notre culture du stade local au stade universel, et de l'enrichir d'une production authentique et de qualité, en phase avec l'époque moderne, ses nouveaux modes de production littéraire, intellectuelle, musicale, théâtrale, cinématographique et artistique, et toutes ses techniques et industries avancées en matière de diffusion et de commercialisation. Dans cette optique, il est de notre responsabilité d'aménager les conditions, les espaces, les institutions et les industries qui incitent à la production et à la créativité, d'une manière qui réponde aux exigences du progrès et à l'ampleur des défis posés, tant il est vrai qu'il ne peut y avoir de développement économique et social sans un développement culturel dynamique et évolutif, qui respecte les constantes nationales tout en étant ouvert sur les cultures étrangères. Eu égard à l'importance du rôle de l'information dans l'enrichissement de la participation des jeunes aux diverses questions posées, nous avons œuvré, en Tunisie, à offrir à nos jeunes des espaces spécifiques dans nos médias nationaux, et à les doter d'une chaîne radiophonique et d'une chaîne télévisuelle qui leur sont destinées. Nous avons, également, ouvert au secteur privé les portes de l'audiovisuel, afin d'enrichir le paysage médiatique national, d'en diversifier les sources, d'en promouvoir le rendement et d'offrir un surcroît d'opportunités d'accueil des jeunes talents désireux de s'exercer aux domaines de la production, de l'animation, de l'expression, de la communication, de la culture et des loisirs, sous leurs diverses formes. Quant au troisième secteur qui mérite attention et sollicitude, c'est celui des technologies de l'information et de la communication. En effet, nous avons besoin d'investir dans l'intelligence et le savoir, afin de maîtriser, à notre tour, les sciences et les technologies modernes, d'exploiter au mieux les larges perspectives qu'elles nous ouvrent pour stimuler les investissements, lancer des projets économiques et multiplier les opportunités d'emplois. Nous nous devons, en outre, d'ouvrir à nos jeunes le maximum d'opportunités pour qu'ils assimilent la culture numérique et s'initient à l'industrie de l'information, des logiciels et des services électroniques innovants, tant elle représente l'un des grands enjeux du présent et l'un des défis majeurs de l'avenir. Enfin, le quatrième secteur, qui est loin d'être moins important que les trois précédents et dont il importe de prendre soin et d'y encourager les investissements, est celui des sports, domaine d'intérêt privilégié des jeunes. C'est que le sport est devenu, aujourd'hui, partie intégrante de la vie des gens, partout dans le monde. Il est aussi devenu un facteur de promotion sociale et l'un des éléments du développement économique. A cela s'ajoutent l'attrait qu'exerce sur les jeunes l'appartenance aux sélections nationales et l'esprit de compétition qu'elle développe en eux. La ferveur et l'enthousiasme que cette appartenance suscite chez les jeunes ne sont pas moins grands que ceux que suscite n'importe quelle autre appartenance nationale offrant l'occasion de faire honneur à la patrie et de hisser sa bannière dans les instances internationales. Aussi avions-nous présenté, dès l'année 2003, à l'Organisation des Nations Unies, un projet de résolution qui consacre, dans les textes onusiens, le droit de tout être humain à l'exercice du sport et de l'éducation physique, à l'abri de tout danger ou discrimination, et dans des conditions sociales et éducatives adéquates, qui confortent l'enseignement, la santé, le développement et la paix dans le monde. Ce projet a d'ailleurs été adopté à l'unanimité, lors de la 58e session de l'Assemblée générale des Nations Unies. Il importe que nous ne perdions pas de vue, en cela, le rôle vital de la famille dans l'éducation des jeunes générations, à l'heure où se multiplient les moyens modernes d'information et de communication, et tout particulièrement les chaînes satellitaires dont certaines propagent des idées et des comportements qui sont incompatibles avec nos vraies traditions et nos valeurs islamiques. En la matière, la situation revêt une importance singulière, tant il est vrai que nos sociétés seront demain telles que nous aurons formé nos générations, aujourd'hui. C'est pourquoi il nous appartient de ne ménager aucun effort pour dynamiser le rôle du père et de la mère au sein de nos sociétés, afin qu'ils fassent preuve d'un surcroît de vigilance et soient, pour leurs enfants, et aux côtés de l'école et des composantes de la société civile, un rempart inexpugnable face aux idées éculées, aux mentalités figées, aux diverses tendances réactionnaires, à la déculturation, au laxisme et à l'excès. Nous devons rechercher les meilleures modalités pour consolider la coopération et la complémentarité entre la famille, l'école, les organisations et les associations, en vue de renforcer l'encadrement de nos jeunes gens et jeunes filles et de les inciter à interagir à bon escient avec leur entourage et avec la culture de leur époque, sans abandonner leur patrimoine social d'effort d'interprétation, de lumières et de progrès, ni leurs valeurs religieuses authentiques, de tolérance, d'ouverture et de modération, sans excès ni reniement. Dans le cadre de notre souci d'améliorer et de promouvoir notre situation sociale, nous nous devons impérativement de prendre soin de l'emploi, s'agissant de l'un des plus grands défis qui se posent, aujourd'hui, à nos sociétés. C'est que l'emploi est un fondement essentiel de la dignité et du sens de citoyenneté. Il appartient à l'Etat de concevoir, de concert avec les divers partenaires professionnels et sociaux, les opportunités, les perspectives, les moyens, les mécanismes, les mesures et les solutions qui permettent aux jeunes, en général, et aux titulaires de diplômes supérieurs d'entre eux, en particulier, de s'établir à leur propre compte et de lancer des projets économiques, de créer des emplois et des sources de revenus, en fonction des possibilités et des conditions de chaque pays. Mesdames, Messieurs, Nous sommes convaincus que les liens qui unissent généralement les individus d'un seul et même peuple, avec toutes ses composantes politiques, sociales et culturelles, ne peuvent croître ni prospérer que dans le cadre de la participation, du dialogue, du consensus et du respect mutuel, sans marginalisation ni exclusive. Il serait sage, à cet égard, de faire confiance à nos jeunes et de les encourager à avoir confiance en eux-mêmes et en leur société et à s'intéresser à la chose publique dans leurs pays. C'est que les réalités nous imposent d'être constamment à l'écoute de nos jeunes, dans un monde en perpétuelle mutation, et de leur tenir un discours novateur qui réussit l'adéquation entre les spécificités constantes et les impératifs de la modernité, et qui les prépare à devenir des citoyens majeurs, responsables de leurs patries et de leur monde. Voilà bien pourquoi nous considérons que la prise en compte de la chose publique, par toutes les générations et les catégories sociales, est un indicateur de prise de conscience et de maturité, en même temps qu'une preuve de progrès et d'évolution et un symbole évident de citoyenneté lucide et de saine pratique démocratique. En Tunisie, nous nous sommes préoccupés, avec le concours des structures consultatives et des diverses composantes de la société civile, de consacrer cette orientation pour nos jeunes gens et jeunes filles. Nous avons, ainsi, développé nos législations en abaissant à 23 ans l'âge d'éligibilité aux conseils municipaux et aux instances parlementaires, et de 20 à 18 ans l'âge électoral. Nous avons, en outre, institué la périodicité des consultations de jeunes, afin d'identifier leurs préoccupations, leurs aspirations et leurs positions, et de mettre à profit les résultats de ces consultations dans l'élaboration de nos plans de développement. Dans le but de conforter ce principe, nous avons fait de l'année 2008 l'année du dialogue global avec les jeunes. Ce dialogue, auquel ont pris part les diverses catégories de jeunes de notre pays, a débouché sur l'élaboration d'un Pacte de la jeunesse qui a été signé le 7 novembre 2008, par l'ensemble des organisations nationales concernées et une élite de jeunes tunisiens. En concrétisation de notre choix stratégique en matière d'encadrement des jeunes, de prise en compte de leurs problèmes et de renforcement du dialogue avec eux dans tous les domaines et à tous les niveaux, et par souci d'associer la communauté internationale au renforcement et à l'enrichissement de cette orientation, nous appelons, à cette occasion, à placer l'année 2010 sous le signe de l'Année mondiale de la jeunesse, et à la tenue, au cours de ladite année, sous les auspices des Nations Unies et avec le concours des organisations internationales concernées, d'un congrès mondial de la jeunesse, auquel participeraient des jeunes du monde entier, pour débattre de thèmes qui intéressent les jeunes et déboucher sur la promulgation d'un Pacte international qui consacrerait l'attachement indéfectible de la jeunesse mondiale aux valeurs universelles communes. Mesdames, Messieurs, Les générations successives de jeunes sont notre richesse au moyen de laquelle nous bâtissons le présent de nos sociétés et préparons leur avenir. Ce même avenir qui reste tributaire, pour une large part, de la sollicitude dont nous entourons nos jeunes, de l'éducation que nous leur donnons et des perspectives que nous leur ouvrons pour qu'ils assument leur part de responsabilité et de prise de décision. Car, l'alternance des rôles d'une génération à l'autre, en tout temps, est dans l'ordre normal de la nature humaine et constitue le fondement même du développement de la société. Je suis persuadé que les recommandations et les suggestions qui émaneront de vos présentes assises ne manqueront pas de contribuer à approfondir la prise de conscience de notre nation islamique de l'importance de la place qui doit être celle des jeunes au sein de nos sociétés, et de l'ampleur de la responsabilité qui nous incombe à tous de construire un avenir sûr et prospère pour nos jeunes, et de les préparer à affronter l'avenir, avec le maximum de confiance, d'optimisme et d'ambition. Pour conclure, je tiens à vous renouveler mes souhaits de bienvenue et mes salutations et de souhaiter à vos assises la pleine réussite.