Les leaders des partis s'étonnent de ce que les Tunisiens flottent encore et de ce que les jeunes boudent les bureaux d'inscription. Se sont-ils demandé pourquoi ? Ne sont-ils pas conscients d'avoir provoqué le désengagement politique des jeunes, seuls artisans de la Révolution, et qui se retrouvent comme d'habitude au ban de l'histoire, écartés d'un processus qu'ils avaient déclenché? Classe politique et médias (oui, nous) sommes, comme toujours habiles, à instrumentaliser les hauts faits de l'histoire, reflet narcissique de nos frustrations, de nos accommodations et même de nos compromissions. Mais ce qui est sûr c'est que, seules la décence, l'autocritique voire les « mea culpa » auront cet effet d'exorcisme et de délivrance. Gare en tous les cas à commettre la même bêtise deux fois : si nous continuons à renvoyer leurs problèmes existentiels, vitaux à la figure, les jeunes finiront par ne plus croire en rien. Si la classe politique et le gouvernement répètent à longueur de journée que le problème c'est 700 000 chômeurs, comme pour les accabler, - comme pour décupler leur dégoût d'être tout simplement nés et sans rien proposer de concret, si ce n'est les « recettes miracles » de jadis, - eh bien ce sera l'implosion. Partout, il est difficile aujourd'hui d'être jeune et partout les remèdes proposés sont d'ordre politique et c'est là que les partis bégaient car leurs soucis majeurs, actuellement, sont d'ordre idéologique. Programme sur programme et tous à quelques composantes près, se rejoignent. Or pour les jeunes, ce n'est toujours que de la cacophonie. Jusque là ils n'ont pas répondu aux appels d'Ennahdha et mine de rien ce sont eux qui arbitreront ; eux seuls démythifieront Ghannouchi et les siens. Et pour la deuxième fois, ils auront sauvé le pays. Mais entre temps, il faudra bien qu'on change d'attitude à leur égard. Raouf KHALSI daassi mich-el@hispeed,ch amad salem [email protected] amadyka [email protected]