Les troupes spécialisées dans le « Tarab » d'Alep se succèdent depuis plusieurs années sur les festivals tunisiens et se ressemblent. Elles sont plusieurs à se partager le souci de sauvegarder un patrimoine musical authentique et le transmettre aux nouvelles générations pour qu'il ne tombe pas en désuétude, face à de nouvelles vagues musicales modernes. «Chouyoukh Salatine Ettarab», le groupe qui s'est produit lundi dernier (08 août) au Théâtre Municipal dans le cadre de la 29è session du Festival de la Médina , ne diffère pas du « Groupe des Chefs-d'œuvre du Patrimoine » programmé dernièrement au Festival de Carthage : les deux ont présenté le même répertoire des « mouwachahet », « adwar » et « qoudoud halabiya », sauf que ce dernier était doté des danseurs du « moulawia », cette danse soufie qui accompagne souvent les chansons liturgiques et qui produit une sorte d'exaltation spirituelle. D'ailleurs, tous ces groupes se déclarent les héritiers qui ont repris le flambeau des ancêtres, les grands ténors du « Tarab » et de la musique traditionnelle de la ville d'Alep, comme Nadim Derwiche, Abdelkader Hajjar, Mohamed Khairi, Sabri Medallal et enfin et non le moins le grand Sabah Fakhri, qui ont toujours été appréciés du public tunisien. Ce soir-là, la bonbonnière était archicomble. Un public nombreux de mélomanes férus de la musique classique était venu pour savourer les «mouwachah», «dawr» et «qoudoud halabiya» en compagnie des «Chouyoukh Salatine Ettarab» ; cette troupe qui se produit pour la deuxième année consécutive lors du même festival et qui aura encore une autre soirée prévue pour le mercredi 10 août, tellement elle comprend des chanteurs de charme et des musiciens professionnels. Créée en 2000, cette troupe a déjà visité tous les pays arabes et un bon nombre de pays européens et asiatiques. Son objectif est de sauvegarder le patrimoine musical arabe à un temps où la mondialisation menace les spécificités culturelles des peuples et, par là même, assouvir l'oreille du mélomane arabe très assoiffé de chansons authentiques, celles puisées d'une culture arabe riche en musique et en poésie et recelant de sources inépuisables qu'il faut bien sauvegarder. Tels sont donc les objectifs de cette troupe dont les membres suivent les traces de leurs prédécesseurs qui passent pour les maîtres du tarab et qui ont réussi à faire valoir les chansons classiques depuis plusieurs années. Les «Chouyoukh Salatine Ettarab», étaient uniformément vêtus en « imbez » (sorte d'habit traditionnel syrien). Les 10 membres de la troupe, dont sept musiciens (un violoniste, un violoncelliste, un luthiste, un flûtiste, un joueur de qanoun et deux percussionnistes) et une chorale composée de trois chanteurs (Ameur Khaïri, Abboud Hallak et de Houssèm Libnani) ont commencé par visiter des compositions de «Mouachchahat» orientales. Puis, les trois chanteurs se sont relayés sur le microphone pour interpréter les grands chefs-d'œuvre non seulement des « dawrs » et des « qoudoud », mais aussi les «Mawawil», un genre musical moyen-oriental, très populaire en Egypte et en Syrie. Ils ont mis beaucoup d'ambiance et de gaîté parmi la foule des gens en exécutant quelques mouvements de danse syrienne, ce qui leur valut des applaudissements très chaleureux. Ils ont présenté tour à tour « Kol lil malihati », « Ibâthli Jawab », «Foug Ennakhal», « Ya hilou ya moussalini » ; mais aussi la chanson du grand Wadiï Essafi « Al Allah Taoud » et d'autres chansons choisies dans le répertoire arabe classique. Une soirée qui s'est déroulée à la satisfaction générale ! Cependant, le public tunisien mérite de voir d'autres troupes syriennes plus célèbres et plus performantes dans ce genre de musique !