« Yanna » est le titre de la soirée du lundi 19 juillet qui a été assurée par le groupe Zouheir Gouja à El Abdellia. Une soirée consacrée essentiellement aux musiques traditionnelles tunisiennes puisées dans plusieurs régions du pays (Nord, nord-ouest, sud…) Zouheir Gouja a dû sillonner le pays de long en large pour dénicher ce patrimoine musical qu'il a présenté ce soir au public féru des musiques authentiques qui remontent aux siècles écoulés. C'était une belle invitation à un voyage à travers un patrimoine musical typiquement tunisien presque méconnu des générations présentes. Un groupe de musiciens jouant d'instruments hétéroclites (gombri, outars, chqacheq, gasba, tabla et bendir) et trois voix féminines (Raoudha Ben Abdallah , Lobna Nooman et Naouel Ben Salah) ont enchanté ce soir les assistants qui sont venus (re)découvrir les chansons ancestrales sous une forme régénérée et dans un style rénové. Un effort louable fait par le musicologue Zouheir Gouja pour sauvegarder cet héritage musical en y insufflant un nouveau souffle pour qu'il ne tombe pas en désuétude. Salah Ouerghi, le « Yanna » du groupe (le terme signifie en berbère le chef du groupe) eut le mérite d'avoir agréablement interprété des chansons en jouant de son « gombri » aux rythmes forts et accélérés qui rappellent le fameux « stambali » dont seuls les adultes se souviennent aujourd'hui. Quant aux trois chanteuses, elles ont interprété des chansons anciennes sur le style du « salhi », un autre genre musical typiquement tunisien qui allie mysticisme, poésie et ambiances de fête et de transe. Des chansons liturgiques comme « Ya Allah » et « Allah ya Rabbi » et des chansons folkloriques comme celles de feu Ismaïl Hattab « Bin El Widiène » et « Ech Jeb », interprétées merveilleusement par l'une des voix féminines. Le public eut droit à un « mawel » oriental « Kol lil Malihati » qui fut bien ovationné ! La percussion basée sur plusieurs instruments en bois, en cuivre ou en porcelaine était assurée par trois percussionnistes qui ont donné toute la mesure de leur talent en battant sur leurs différents instruments, créant ainsi une ambiance festive et très chaleureuse parmi les assistants. La soirée s'acheva sur une note mystique avec une « nouba » ancienne intitulée « Noubat Sidi Marzouk » qui fut accompagnée par les applaudissements enthousiasmés du public qui reprenait en chœur le couplet « Salam Alik Ya Baba ». Une soirée mémorable !