Un malaise général s'empare de la population tunisienne en ces jours de premier Ramadan de la Révolution. Les chaleurs caniculaires de l'été, la longueur de la période de jeûne ou la soif et la fatigue ne peuvent à elles seules expliquer la morosité de l'atmosphère dans le pays ni l'exaspération de plus en plus grandissante chez la majorité des citoyens. Normalement, pareille période post- révolutionnaire devait être celle de la joie, de l'effervescence et de l'engouement dans l'action pour la réussite du processus démocratique et la réalisation des objectifs de la Révolution. Or, c'est une situation tout à fait opposée qui s'installe et où la peur et l'incertitude prédominent. Il y a certes, l'inévitable période de flou, inhérente à toute phase de transition. Mais, lorsqu'elle a tendance à s'éterniser ou qu'on veuille lui faire jouer les prolongations, le risque devient grand et le danger grave. On ne peut accuser personne de vouloir entraver la démarche démocratique ou de multiplier les foyers de tension, mais on est dans l'obligation de trouver le diagnostic adéquat et le remède efficace pour éviter au pays les affres de la violence et le risque de retomber entre les griffes de la dictature. Il est question, aujourd'hui, de redonner confiance au peuple et éveiller son enthousiasme. C'est l'affaire de toutes les parties, la classe politique, les organisations de la société civile et surtout le gouvernement de transition. Car, on ne peut assainir l'atmosphère et aller de l'avant sans couper avec les anciennes pratiques et sans donner au peuple les moyens assurant sa dignité et préservant son indépendance.