Ambiance extrêmement bon enfant et conviviale lors du meeting organisé avant-hier par la liste Nabeul 2 du parti démocratique progressiste à Hammamet. Le fondateur du parti Mohamed Néjib Chebbi était déjà là à 17h00 après un vrai marathon le matin qui lui a permis de visiter Menzel Bouzelfa, Gombalia et Hammamet et écouter les doléances des citoyens. Cette visite sur le terrain est clôturée par une présentation du programme du parti et un discours du fondateur du parti de près d'une heure et demi devant une salle comble. Très décontracté et égal à lui-même, Néjib Chebbi a appelé ses sympathisants à se mobiliser pour la cause du PDP. « Nous œuvrons dit –il tous ensemble pour que le PDP parle à tous les tunisiens dans leur grande diversité et apporte des réponses aux vrais problèmes qu'ils rencontrent. C'est tous ensemble que nous travaillons à construire la deuxième République et c'est ensemble que nous gagnerons le 23 octobre » A la fin du meeting, Ahmed Néjib Chebbi à bien voulu se convier à notre collaborateur Comment se positionne le PDP par rapport aux autres partis ? Le parti a une implantation nationale. Il a présenté des listes de l'ensemble des circonscriptions à l'intérieur et à l'extérieur du pays. De point de l'activité et de la visibilité politique, le parti organise des meetings, de porte à porte et établit des contacts directs avec les électeurs pour se faire connaître et connaitre son programme. Les différents sondages nous placent jusqu'à présent comme second parti après Ennahdha . Notre objectif est devenir le premier parti d'ici les élections. Cela est parfaitement possible dans la mesure où plus de la moitié des tunisiens ne se sont pas prononcés. Donc il dépend de l'effort que nous allons déployer au cours des 40 derniers jours pour conquérir le maximum de soutien. Notre souhait c'est d'être le premier parti du pays. L'argent compte beaucoup dans la vie des partis. Que pensez –vous de l'argent électoral et d'où vient votre financement? L'argent, c'est le nerf de la guerre. Cela est connu. L'argent ne fait pas lui-même une armée. Il peut créer des mercenaires. Donc je ne crois pas que l'argent soit un facteur décisif. C'est un facteur important mais en premier lieu il y a la pensée politique, le crédit politique et l'implantation politique. Le PDP est un vieux parti qui a un programme et une implantation. Simplement les activités des partis nécessitent de l'argent. Donc il faut un financement. L'absence d'un financement public organisé par la loi c'est un financement privé et le PDP réunit ses finances dans le cadre de la loi établi et de la transparence absolue. Tout l'argent détenu par le PDP est un argent d'origine strictement tunisien. Nous n'avons jamais accepté un seul centime étranger parce qu'il va de la souveraineté nationale de notre pays. Les tunisiens de quelle classe sociale qu'ils soient, prêtent main forte parce qu'ils sont conscients des enjeux. Des hommes d'affaires nous prêtent de l'argent dans les limites qui viennent d'être déterminés et dans le cadre de la transparence. Nous présentons nos comptes à la cour des comptes et nous pouvons répondre de chaque millime que nous avons placé et de son emplacement. Pour nous, il n'y a aucun problème. Il y une nouvelle expérience démocratique en Tunisie. Le parti a besoin d'organiser ses meetings, de louer des locaux, d'éditer des flyers. Tout cela coûte des centaines de milliers de dinars. La décision d'interdire la publicité politique a-t-elle un fondement légal ? Je suis avocat. J'ai lu avant de prendre la décision les textes juridiques. Il y en a deux. Un texte du contrôle des élections et un texte relatif à l'élection de l'assemblée constituante. L'article 4 du premier décret octroie à l'ISIE le droit d'organiser la communication pendant la période électorale. L'article 47 de la loi pour l'élection de la constituante l'affirme aussi. L'article 51 définit ce qu'on entend par campagne électorale qui commence vingt jours avant le jour du scrutin et se termine au plus tard 24h 00 avant le jour du scrutin. Donc pour nous notre lecture est simple. L'ISIE est fondé à réglementer pendant la campagne électorale et non pas avant. Voilà le conflit c'est pour quoi nous pensons que la décision prise par l'ISIE n'a aucun fondement légal Que pensez-vous de la montée de listes indépendantes ? Je crois que le temps des indépendants est passé. Tout simplement ces indépendants exprimaient la crise des partis. Aujourd'hui la démocratie ne peut plus fonctionner sans les partis et elle ne fonctionne qu'avec les partis. Je ne connais pas de députés indépendants au parlement français ni aux Etats Unis. Aujourd'hui il y a plus d'une centaine de partis. Les tunisiens peuvent choisir parmi eux où constituer d'autres et c'est le scrutin qui va sanctionner ces initiatives. Nous avons d'ores et déjà assisté que plus de 50 partis n'ont pas présenté deux listes. Demain, le résultat des élections va donner les ordres de grandeur et aucune démocratie ne fonctionne avec plus d'une dizaine de partis au maximum. Je pense que les indépendants ont le droit à la vie nationale. Je ne crois pas que l'action indépendante dans le domaine politique puisse avoir un avenir. Seuls les partis politiques ont un avenir. Pensez-vous à une coalition avec d'autres partis ? Aujourd'hui, c'est fini, chaque parti a présenté ses listes. Donc chacun pour soi et Dieu pour tous. Mais demain à l'assemblée constituante et dès aujourd'hui, nous appelons à la constitution d'un bloc démocratique. Tous ceux qui soutiennent le projet modernise, tolérante et ouverte sur le monde peuvent se réunir pour consolider les acquis modernistes de la Tunisie. Nous sommes donc pour une coalition démocratique Vous êtes optimiste pour l'après 23 octobre ? Je suis réaliste c'est-à-dire je suis conscient des atouts que nous avons et des défis qui sont encore énormes. Je suis prudemment optimiste mais avec beaucoup de prudence. Quel sentiment éprouvez-vous lors de vos visites des régions ? Je sens un problème de conscience parce que je suis devant une montagne de problèmes sociaux. Pour les résoudre, il faudrait énormément de moyens, assez de temps. Les attentes sont énormes et le défi est immense. Donc j'y vais, je relève ce défi en comptant sur le peuple tunisien libéré je l'espère, organisé dans des associations indépendantes, dans les structures nouvelles de la démocratie, c'est-à-dire les assemblées communales, régionales, les assemblées nationales, un peuple mobilisé et uni et ceci avec le soutien des pays amis. La Tunisie a un capital de sympathie historique renforcé grâce à la révolution pacifique et civique dont elle a donné l'exemple. J'espère que le peuple tunisien mobilisé et le monde est dans, nous pourrons relever tous ces défis. L'occident vous aidera t-il dans votre démarche politique ? J'ai voyagé dans plusieurs capitales européennes dont Rome, Bruxelles et Paris . Je vais très bientôt à Madrid pour rencontrer M Zapatero. Je viens de rencontrer la classe politique française dont Bayrou, et Delanoë qui expriment leur forte sympathie à l'égard de la Tunisie. Je trouve auprès d'eux une très bonne disposition à l'aider. A la veille de ces élections, vous vous investissez à fond. Vous êtes stressé à quelques jours de la constituante ? Stressé non mais sous pression oui car le ton est devenu intense. Depuis la révolution et jusqu'à aujourd'hui je n'ai non seulement pas pris un jour de congé mais même je ne plus exercer mes activités physiques. J'ai énormément sollicité mon corps et je vais continuer à le faire jusqu'aux élections. Cela est absolument nécessaire parce que le temps s'intensifie. Chaque minute compte pour les élections Quel est l'apport de Maya Jeribi dans tout cela ? Donc nous nous partageons le travail. Elle dirige le parti, je l'aide et je la complète par l'action politique sur le terrain Est-ce que vous rêvez de devenir Président du pays ? Mon rêve c'est le repos. Si je dois sacrifier ma sante et mon temps pour servir mon pays, je le ferai avec enthousiasme. Pour finir, je voudrai apporter un rectificatif dans votre journal qui a fait sortir cette information « le PDP propose la fermeture de la Faculté de médecine de Monastir pour ouvrir une faculté à Kasserine ». Cela n'a jamais été notre position. Il n'existe pas dans notre programme. Ce dont nous avons parlé dans notre programme c'est la constitution de pôles régionaux de santé qui partiraient des acquis c'est-à-dire des facultés de Sousse et de Monastir pour constituer un pôle pour l'ensemble du Sahel. Nous avons proposé un autre pôle pour Tunis, Sfax et pour le Centre Ouest. Le PDP n'a jamais envisagé la remise en cause des acquis de la ville de Monastir qui reste une ville universitaire. Nous voudrons l'améliorer et la consolider dans le cadre de ces pôles du Sahel