La torture a -t- elle la peau dure ? Existe –t-elle encore après la Révolution du 14 janvier ? Ces questions ont été posées, hier, par l'association s'intéressant aux Droits de l'Homme, « Liberté équité », lors d'une conférence de presse très suivie, tenue à la Maison de Culture Ibn Khaldoun à Tunis. En plus du témoignage d'une victime, le cas d'un vieil homme qui serait dénommé Abdelmalek Sbouï, suscite beaucoup d'interrogations. Une image émouvante le montrant dans un lit d'hôpital, les pieds ligotés par des menottes, a bien choqué les présents. Me Imène Triki, de l'Association « Liberté équité », avait reçu le jour de l'Aïd el Fitr un coup de fil l'informant de la présence d'un vieil homme dans les services d'urgence de l'hôpital Charles Nicolle, dans un état pitoyable, ligoté. Après un mouvement de contestation, le malade a été transféré au service de réanimation. Le porte-parole officiel du ministère de la Justice, a demandé à Me Triki, dit –elle, « de présenter une demande de libération du détenu, pour qu'il soit libéré le lendemain ». Il s'agit selon la thèse officielle de quelqu'un arrêté, le 17 juillet dernier, alors qu'il était en train de perpétrer le vol d'une maison à Fouchna. Selon son dossier, il aurait escaladé le mur et serait entré à la maison par la fenêtre et en est sorti, lorsque les voisins l'ont suivi et que la police est arrivée. Le procès-verbal, mentionne que les policiers n'ont pas trouvé de pièce d'identité du voleur. Lors de l'audience du 22 septembre courant, le tribunal l'a libéré. L'avocate se demande comment peut-on le libérer sans l'avoir passé par les services anthropométriques ? Une deuxième question se pose : pourquoi n'ont –ils pas défini son identité ? Dans le premier PV, il est écrit qu'il est âgé de 70 ans, alors que dans la demande de passage par les services anthropométriques, il est établi qu'il est âgé de 60 ans. Pourquoi a-t-on insisté au ministère de la Justice pour formuler une demande de mise en liberté ? Me Triki ajoute que le directeur de la prison ainsi que le tribunal de Ben Arous, lui avaient demandé de présenter cette demande. Le juge voulait même accélérer les choses. Le jour du procès, en dépit des contestations de l'avocate, le dit Abdelmalek Sbouï, a été libéré. Le même jour, elle s'est rendue à l'hôpital et elle l'a trouvé dans une très mauvaise situation. Il était inconscient. Un médecin sur les lieux avait affirmé que son état était grave. A-t-il été torturé ? Le médecin a refusé de répondre, selon Me Triki. Arrêté le 17 juillet, il a été transféré aux services d'urgence de l'hôpital Charles Nicolle, le 27 du même mois. Que s'est-il passé, entre temps pour que son état de santé se détériore aussi gravement ? Me Triki s'est adressée à la famille qui avait subi le vol. En voyant la photo du visage de ce vieux, les victimes et leurs voisins ont déclaré que ce n'était pas lui le voleur. Toutefois, quand ils ont vu la vidéo, ils se sont rétractés. Ils ont refusé de donner un témoignage enregistré sur vidéo. L'association « Liberté-équité », ne peut affirmer que ce vieux est ou n'est pas Abdelmalek Sbouï. Elle demande qu'on établisse l'identité, de la personne hospitalisée, qu'on compare ses empreintes digitales avec celles se trouvant sur le P.V. Elle demande, aussi, qu'une photo lui soit prise afin de lancer un appel pour sa reconnaissance. Tout en espérant que la vie du dit Abdelmalek Sbouï soit saine et sauve, Me Triki, attend des éclairages du ministère de la Justice et du ministère de l'Intérieur.