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Le mal persiste, la justice fait profil bas
Organisation Liberté et équité — Conférence sur la torture et le silence médical après la révolution
Publié dans La Presse de Tunisie le 27 - 09 - 2011

L'Organisation Liberté et équité a organisé hier, à Tunis, une conférence de presse pour dévoiler un échantillon de scandales de la torture et du silence médical exercés après la Révolution au nom sans doute du pouvoir.
Le premier cas nous présente une affaire aussi complexe que louche; celle de Abdelmalak Sbouï. La version officielle indique qu'il s'agit d'un voleur arrêté le 17 juillet 2011 pour tentative de vol dans une maison. L'autre version, celle filmée par une journaliste exerçant au journal électronique « al sea», nous met face à un vieux monsieur, rongé par la maladie jusqu'aux os, envahi par les vers, délaissé par les médecins du service des urgences de l'hôpital Charles-Nicolle et surtout un état squelettique dont les jambes sont non seulement neutralisées par une musculature inexistante mais aussi par de lourdes chaînes. «Au troisième jour de l'Aïd, nous avons reçu de la part de Melle Hajer Mtiri, journaliste au journal électronique « al sea», un appel d'urgence pour venir en aide à un vieux monsieur, hospitalisé à l'hôpital Charles-Nicolle et dont l'état est fort critique du point de vue santé, prise en charge et accueil. Nous nous sommes déplacés sur-le- champ et nous avons été traumatisés par la seule vue de ce monsieur, à tel point que j'ai perdu connaissance et mon collègue a failli, lui aussi, tomber dans les pommes», indique Me Imène Trifi, avocate et représentante de l'Organisation Liberté et équité.
Abdelmalak Sbouï ou l'énigmatique histoire du «cadavre qui respire»
Le 17 juillet 2011, un voleur a été arrêté en flagrant délit en train de s'enfuir de la maison du crime. Son nom: Abdelmalak Sbouï. Selon les témoignages des membres de la famille victime de son action, cet homme mesure environ un mètre quatre-vingts. Bien bâti, les cheveux touffus et les traits tout à fait différents de celui du monsieur hospitalisé, cet homme ne manquait pas de force le jour de l'arrestation au point que, selon les dires des témoins, six ou sept agents de police ont eu du mal à l'obliger à entrer dans le camion. Selon les données fournies par Me Trifi, le voleur n'avait pas de papiers d'identité. Au moment de sa tentative de fuite, il est tombé du haut de l'enceinte de la maison, ce qui lui a causé quelques égratignures, et ce, suivant le procès-verbal. «Cependant, lorsqu'on s'est déplacé à la maison des victimes, nous n'avons trouvé aucune enceinte! Mystère !», fait remarquer Me Trifi. L'affaire du prétendu Abdelmalak Sbouï a été confiée par le ministère de la Justice et des droits de l'Homme à l'avocate Mme Imène Trifi.
Si Abdelmalak Sbouï a été arrêté le 17 juillet en étant en bonne santé, excepté les petites égratignures dues à la chute, il a été, dix jours après, transféré à l'hôpital la Rabta dans un état de santé fort dégradé. Entre-temps, le procès a été fixé au 22 septembre 2011. «J'ai insisté pour qu'on donne des preuves sur son identité en vain. Entre-temps, le ministère de la Justice, la direction des prisons et de la rééducation ainsi que le tribunal de Ben Arous m'ont demandé, tour à tour, de déposer une demande l'amnistie et d'en finir avec cette affaire, ce qui n'est pas du tout normal. Comment demander l'amnistie pour une personne dont l'identité n'est pas connue !», s'exclame Me Trifi. Ce qui est encore plus curieux, c'est qu'avant le procès en date du 22 septembre, Abdelmalak Sbouï était inconscient, au service de réanimation. Puis, son état s'est nettement amélioré.  «Après le 22 septembre, il est bizarrement retombé dans le coma !Je voulais, alors, le photographier afin que l'un de ses proches puisse le reconnaître, mais on m'a refusé cette requête. J'ai demandé au médecin si ce monsieur a été torturé. Il a baissé les yeux et m'a dit qu'il ne pouvait pas parler», renchérit Me Trifi.
Après un séjour à la Rabta, situé entre le 17 juillet et le 13 août 2011, le vieux monsieur a été transféré par la direction des prisons à l'hôpital Charles-Nicolle le 14 août, sans pour autant être accompagné de son dossier médical. Ignorant la vérité de son état de santé — il est atteint d'une grave infection au cerveau et  «probablement, selon l'oratrice, du sida», les médecins ont dû lui faire faire toutes les analyses. Mlle Hajer Mtiri l'a découvert le troisième jour de l'Aïd dans l'état décrit ci-dessus, enchaîné au niveau des chevilles et ayant des traces de chaînes sur les poignets, alité au service des urgences. Transféré au service de réanimation, il a été placé sous haute surveillance policière. «Nous avons voulu entrer pour nous enquérir de la situation, mais nous nous sommes trouvés face à la réticence d'un agent en civil qui a manqué de nous flanquer son révolver sous l'énervement. Imaginez un simple voleur avec ceux bénéficiant d'une aussi grande surveillance, cela n'a pas de sens», ajoute l'avocate.
Après le troisième jour de l'Aïd, et grâce aux photos prises discrètement par la journaliste Hajer Mtiri, Me Trifi a montré ces photos à la famille victime du vol. Tous ses membres ont été unanimes sur la non-ressemblance des traits du voleur à ceux du vieux patient.
Dépourvu de papiers prouvant son identité, victime probablement de torture et d'un séjour «impitoyable» dans les établissements pénitentiaires, d'une machine énigmatique, Abdelmalak Sbouï bénéficie actuellement d'une assistance médicale. Toutefois, cela n'efface en rien l'état de délaissement scandaleux dans lequel il a été placé au beau milieu du service des urgences de l'hôpital Charles-Nicolle. La projection des diapos prises par Hajer Mtiri a bouleversé profondément l'assistance, à la vue d'un cadavre squelettique qui continue, péniblement, à respirer. La torture dans les établissements carcéraux continue après le 14 Janvier, un héritage honteux qui se perpétue malgré les slogans pro-droits de l'Homme, malgré la visite des experts internationaux et malgré la lutte acharnée des défenseurs des droits de l'Homme. Le corps médical reste, bizarrement, bouche cousue face à ces crimes.
Torture inconditionnée…
La conférence de presse a également donné la parole à Mme Saloua Bel Hadi, mère de Samir Métoui, condamné à 35 ans de prison. Ce détenu a été arrêté pour des crimes de vol. Pour avoir échangé des actes de violence avec les agents de police, il a été considéré comme un criminel gravissime. Transféré à l'hôpital pour une grave infection intestinale, son frère jumeau a tenté de le faire évader. Une tentative qui a échoué et qui risque de lui coûter la vie. L'Organisation Liberté et équité a projeté une vidéo de Samir Métoui sous l'autorisation de ce dernier. La vidéo montre clairement l'amputation génitale dont il a été victime. «Mon fils a été amputé dans ses parties génitales, il a reçu des coups lui causant cinq fractures dont trois au niveau de la jambe. Ils l'ont violenté au point qu'il a failli perdre la mémoire et c'est le médecin qui les a prévenus de l'éventuel risque. Ils l'ont également violé par le biais de la matraque. De surcroît, ils ont fait circuler la rumeur qu'il était, non pas un voleur, mais un violeur fort dangereux. Les médecins refusent, par punition, de lui administrer des calmants», indique la mère du détenu. Et d'ajouter qu'actuellement, et à cause des chaînes neutralisant ses jambes, son fils n'arrive plus à bouger sa jambe. La seconde jambe commence à se figer à cause d'un déficit de circulation du sang et du non-fonctionnement du système veineux.


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