Les difficultés liées à l'approvisionnement en certains biens de consommation alimentaires sur le marché local continuent de susciter l'inquiétude des ménages tunisiens. Aujourd'hui et en dehors de toute surenchère politique, la spéculation économique bat son plein sur nos marchés mettant en déroute le pouvoir d'achat du consommateur et le niveau de la demande nationale. Certains observateurs craignent l'impact du couple inflation et chômage sur les salaires nominaux. Les prix des produits alimentaires flambent aujourd'hui et le ménage tunisien en a ras-le-bol avec les discours politiques apaisants. Même les commerçants et les petits détaillants crient leur désarroi et déplorent les dépassements du marché parallèle et la rareté de certains produits. Lait, eau minérale, œufs…Des produits de première nécessité qui manquent sur nos étalages et dont les prix deviennent frénétiques. Vente au noir de lait, enchérissement des prix des œufs, Augmentation des prix des légumes, manque de certains produits de consommation et carambolage pour l'achat d'eau minérale et de lait dans nos super et hyper marchés…On aura tout vu. Mais est ce qu'on va s'arrêter là ? Certainement pas. A un mois de l'Aïd, le Tunisien se voit déjà gagné par la hantise du prix du mouton surtout après l'engagement de la Tunisie à fournir une partie des besoins de la Libye en ovins. Selon les rumeurs la manœuvre se déclenche et on commence même à faire passer illégalement les têtes d'ovins au-delà de nos frontières. Sachant que le kilo de viande est vendu actuellement en moyenne à 15 dinars sur nos marchés, quelle sera la cote de prix pour cette année furibonde? Comment peut-on justifier cet état de déséquilibre entre l'offre et la demande de biens de consommation sur le marché ? Indépendamment des raisons conjoncturelles liées à la baisse de la production post-Révolution et de la morosité de la demande, l'accroissement spectaculaire de l'exportation (qu'elle soit réglementée ou pas des produits alimentaires vers la Libye) et le manque de régulation sur le marché, ont contribué largement à biaiser l'équilibre du marché national. En fin de compte il revient toujours au consommateur tunisien de subir et d'encaisser le coût d'une politique commerciale déloyale soutenant l'accroissement des recettes d'exportation aux dépens du pouvoir d'achat du consommateur? Et ce qu'on lui donne d'un côté, on le reprend de l'autre. Il est vrai que vendre sur le marché libyen constitue, actuellement, une bouée de sauvetage qui permet entre autres de favoriser la contraction du déficit commercial avec l'extérieur et d'améliorer un tant soit peu la balance de paiement. Alors que le consommateur demeure toujours le parent pauvre dans tout ce mic mac. Il incombe aujourd'hui au ministère de Commerce et de Tourisme d'agir, de prendre des mesures draconiennes, contrôlant les flux d'entrées et de sorties de biens de consommation vers la Libye, préservant l'équilibre entre l'offre et la demande et soutenant par ricochet le pouvoir d'achat du consommateur. Néanmoins, si nous aurons à situer les choses dans leur contexte, les spéculateurs seraient les vrais criminels qui infectent et polluent l'environnement économique du marché à tous les niveaux. Et à ce point là, s'il n'y a pas un coup de barre assez téméraire pour stopper ce calvaire qui n'a que trop duré, tout le pays risque de s'enliser dans une situation alarmante sans fin et sans issue.