Ils étaient tous là. Le tout Tunis politique voire même culturel s'est déplacé hier matin à la Chambre des conseillers du Bardo. L'occasion ? Eh bien, c'était la séance de clôture des travaux de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution et de la transition démocratique (HIROR). Les Ben Achour, Mbazaa et Essebssi y étaient également. Sans oublier les membres de la Haute instance, les présidents des deux autres commissions ayant accompagné la Révolution à savoir, Abdelfattah Amor et Taoufik Bouderbala, le président de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) Kamel Jendoubi, les leaders des partis les mieux nantis en ce moment, à l'exemple des chefs des partis Ettajdid, Ettakatol et le PDP, respectivement, Ahmed Brahim, Mustapha Ben Jaafar et May Jribi. Quoi qu'il en soit, l'ampleur de l'évènement qui allait se produire dans la salle d'honneur du si imposant édifice du Bardo, était suffisante pour justifier la fouille pratiquée à l'entrée, pour le moins intimidante aux yeux de quelques éternels grincheux. L'assistance était tout sourire Direction la salle d'honneur, qui était assez vaste et si étroite pour contenir autant d'assistance. Et c'est bien entendu Yadh Ben Achour le président de l'HIROR qui a prononcé son allocution de bienvenue pour donner la parole, par la suite, à la vice présidente de la Haute instance, Latifa Lakdhar pour faire le bilan des travaux. Et c'est au sens de l'adage qui dit, on n'est jamais mieux servi que par soi-même que le bilan a été dressé et traduit dans la salle par les déluges d'applaudissements des membres de la Haute instance et par les sourires d'approbation arborés par d'autres présents. Ben Achour n'oubliera pas de louer les mérites de la HIROR d'avoir été le premier espace où se pratiquait la liberté d'expression et de saluer, par ailleurs, les martyrs de la Révolution, les membres de la Haute instance, les agents de sécurité et tout le beau monde ayant assisté au déroulement des travaux de la Haute instance. Mais il omettra, bien entendu, de dire un petit mot, le plus infime soit-il, à l'encontre des journalistes ayant fait la couverture des travaux de la HIROR, même si leur nombre, ce jour-là, était assez important et que leurs visages devenus familiers aux yeux des membres de la HIROR et de son président ne passaient pas inaperçus. Bilan mitigé Latifa Lakhdar qui a brossé à grands traits les tâches entreprises par la HIROR a parlé du rôle de l'instance « dans l'instauration du cadre juridique et législatif pour cette phase de la transition démocratique. On reconnaîtra à la Haute instance un rôle important joué pour répondre aux forces de rétention et pour trouver des solutions immédiates à des problèmes urgents du temps de la Révolution. » a-t-elle avancé. La vice présidente de la HIRO0R a rappelé également les noms des personnalités politiques invitées à la Haute instance à l'exemple, du premier ministre Béji Caied Essebssi, le ministre des Affaires sociales, Mohamed Ennaceur, Kamel Jendoubi le président de la Haute instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), Kamel Laabidi le président de l'Instance nationale pour la réforme de l'information et de la communication (INRIC), Abdelfattah Amor et Taoufik Bouderbala. Latifa lakhdar a exprimé, par ailleurs, la position de la Tunisie quant à la Révolution libyenne et son soutien à nos frères libyens et tout autant aux Palestiniens, en montrant le ralliement de la Tunisie à la cause palestinienne et en qualifiant Israël « d'Etat sioniste ». L'entrée théâtrale de Caïd Essebssi Le discours du Président de la République n'était pas moins élogieux puisqu'il a insisté sur le mérite de la Haute instance qui a œuvré pour la transition démocratique même si les conditions sécuritaires et sociales ne s'y prêtaient pas. Mais il fallait aussi s'attendre à des interventions forcées de quelques mécontents parmi les membres de la Haute instance. Et c'était le cas, lorsque Lamia Ferhani, avocate, présidente de l'Association des martyrs de la Révolution attaque en paroles le déroulement de cette rencontre en exprimant sa déception de ne pas voir parmi l'assistance des mères de martyrs à honorer. On s'y attendait en fait. Mais ce dont on s'attendait moins, c'était l'entrée théâtrale de Béji Caïd Essebssi, toujours fidèle à sa réputation de tribun lorsqu'il ‘'fait du coude'' à Ben Achour pour répondre à l'insistance de Lamia Ferhani. « Je compatis à la peine de l'intervenante qui a perdu un des siens pendant la Révolution. Et je tiens à vous informer qu'un Conseil des ministres sera tenu demain pour traiter de la question des martyrs. » dit-il, en insistant sur l'adoption de l'Etat tunisien de la cause des martyrs. « Chose promise chose due. » laisse-t-il entendre en clôturant la rencontre sur une note d'espoir avant de laisser libre cours aux notes musicales. Imaginez un peu l'hymne national entonné a cappella par des jeunes chanteurs d'opéra. La Haute instance qui durant son exercice a connu des hauts et des bas a volé très haut en concluant avec de la musique d'opéra… un brin ‘'tunisifiée''. Du haut de sa grandeur.