Après des jours de silence, pas parce que leur voix impudique, les femmes ont décidé de passer à l'action pour manifester leur crainte face à la montée des islamistes et surtout leur peur par rapport au Code du Statut Personnel, garant de leurs droits. Il a fallu malheureusement attendre que des enseignantes universitaires soient agressées pour que les Tunisiennes se rendent compte du danger qui les menace. C'est pour cette raison qu'elles étaient nombreuses se manifester hier, à la place de la Kasbah pour dénoncer les pratiques employées contre ces universitaires et pour dire au gouvernement provisoire et aux futurs responsables qu'elles ne sont pas prêtes de renoncer à leurs droits. « Nous voulons que les droits de la femme soient cités clairement dans la Constitution », répètent-t-elles. Spontanéité Ce mouvement lancé de manière « spontanée » sur le réseau social facebook a enregistré la présence d'une centaine de femmes toutes tranches d'âge confondues. Des femmes d'affaires, des médecins et des universitaires étaient au rendez-vous pour scander la liberté et le droit à une vie sans extrémisme ni obscurantisme ou exclusion basée sur la discrimination et l'anéantissement de la femme. Voyant le danger en face, les manifestantes déclarent qu'elles ne sont pas prêtent à laisser les choses dans les mains des décideurs islamistes qui mènent un double langage. Même la présence des 49 femmes dans la Constituante ne les rassure pas. Elles représentent en leur majorité le Mouvement Ennahdha. En fait, « si nous avons décidé d'être ici aujourd'hui c'est parce que nous avons constaté que le discours a changé », témoigne une manifestante qui a déclaré qu'elle quitte son bureau pour participer à la manifestation. « C'est à l'université qu'ils commencent par imposer leur ordres. Ils ciblent les femmes », ajoute-t-elle tout en insistant sur le fait qu'elle n'est pas prête à renoncer à ses droits, ni aux droits de ses filles, de ses sœurs et de la femme tunisienne en général. Division de l'université « C'est ainsi qu'ils vont diviser l'université et les établissements scolaires. Ils vont obliger les femmes et les filles à porter le voile, ce qui est contraire aux libertés individuelles », signale une autre manifestante tout en précisant qu'elle n'est « qu'une simple citoyenne qui se sent en danger ». « Nous sommes déterminées plus que jamais à revendiquer nos droits. Nous tenons à ce qu'ils soient garantis par la Constitution », ajoute une autre femme qui fait remarquer qu'elles sont toutes prêtes «à revenir à la place de la Kasbah s'il le faut ». « Nous sommes musulmanes et nous revendiquons nos libertés », crient d'autres. A priori, l'action semble s'être muede manière spontanée. Sauf qu'il est très facile de repérer des visages faisant partie ou qui ont fait partie d'organisations et d'associations féminines, notamment, l'UNFT. Autre élément à soulever c'est qu'un groupe de plus de 10 femmes a été accueilli par le Premier ministre « qui se porte garant des droits de la femme », selon Ons Hattab, universitaire à la Manouba. Elle signale par ailleurs, que la rencontre avec le Premier ministre a porté sur les événements qui se sont produits dernièrement, dans différents établissements universitaires et dont ont étaient victimes des enseignantes. Mais, le Premier ministre peut-il être à lui seul être garant des droits de la femme prochainement ? Les femmes se sont-elles rendu compte que c'est dans la Constituante que tout va se décider ? Certes. « C'est pour cette raison que nous avons décidé également de contacter les chefs des partis politiques pour dénoncer les pratiques agressives utilisées contre les femmes », déclare Mme Hattab. «Nous avons un rendez-vous aujourd'hui, avec Rached Ghannouchi», enchaîne l'universitaire tout en précisant qu'elles envisagent aussi contacter tous les responsables des partis politiques qui seront représentés dans la Constituante. Les femmes tunisiennes ont-elles raté un rendez-vous avec l'histoire ? Elles ne sont que 49 dans la Constituante sur les 217 élus, soit moins du quart des membres. Seront-elles capables de préserver et de consolider leurs droits sachant que parmi les 49 élues, 42 appartiennent au Mouvement Ennahdha ? La femme tunisienne est-elle condamnée d'être toujours protégée par l'homme ? Il est temps de bouger encore plus pour lutter contre la montée des idées rétrogrades qui traitent la femme en tant qu'objet et non en tant qu'acteur indispensable pour l'équilibre de la société. Sana FARHAT
Les universitaires se sont rassemblés à la Cité des sciences de Tunis Les rassemblements dénonçant les agressions contre les enseignantes se sont multipliés hier à la capitale. A la Cité des Sciences de Tunis, des Universitaires sont venus nombreux pour dénoncer ces actes. daassi [email protected] Fan des femmes tunisiennses [email protected]