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Crise de misogynie à la radio Zitouna ?
Publié dans Le Temps le 16 - 11 - 2011

Sit-in demandant le départ de Iqbal El Gharbi (jugée «gauchiste») en appui à l'incontournable Mohamed Machfar
Kamel Omrane manifeste son soutien à Iqbal El Gharbi
Que se passe-t-il à la radio de la Zitouna ? Depuis la nomination de Mme Iqbal El Gharbi en tant qu'administrateur judiciaire de la première radio coranique du pays, un sentiment de malaise a saisi le milieu de la petite villa qui sert de siège à la radio. Après une pétition de 250 signatures contestant l'arrivée d'une nouvelle directrice qualifiée de « gauchiste » à la tête d'une radio coranique, (est-ce le paradoxe ?), le ton monte encore.
Les employés de la radio décident un sit-in revendiquant ainsi le départ de la nouvelle supérieure hiérarchique. Auprès de la radio, on affirme que le personnel fait bloc autour de Mohamed Machfer, qui conteste, pour sa part aussi, la nomination d'une femme à la tête d'une radio islamique. Iqbal Gharbi se trouve alors dans l'impasse. Sa nomination en qualité d'administrateur judiciaire de la Radio Zitouna attise plusieurs réactions que ce soit de la part de son prédécesseur (Mohamed Machfer) que de celle de la part de bon nombre du staff travaillant dans la station coranique. Que peut faire une femme au sein du dogme ?
« C'est une gauchiste ! », et alors !
Le sit-in observé devant la demeure de la radio fait bruit et pour les deux jours passés, la première radio coranique du pays ne diffuse que des récits du Saint Coran. Explications ? Que se passe-t-il à la radio ? M Machfar n'est pas fair- play ? Qu'est-ce que M Machfar a contesté précisément ? Sa mise à l'écart de la part des autorités ou la nomination d'une femme présumée « moderniste » et « progressiste » à la tête d'une radio islamique ?
Selon M Machfar, ancien administrateur de la radio, le problème est purement administratif et il n'a rien à voir ni avec sa mise à l'écart, ni avec les tendances ou les mouvances politiques de Mme Gharbi. Il déclare aux médias que la nomination de Mme Gharbi n'est qu'une « grosse faute » de la part du gouvernement. La radio étant une société à responsabilité limitée (SARL) et pas une société anonyme pour que l'Etat nomme quelqu'un à la direction du conseil d'administration. Une plainte est alors déposée par M Machfar, rien que pour rappeler à l'Etat que la SARL ne nécessite pas un chef de conseil d'administration. Est-ce normal ?
Quoiqu'il en soit et, pour comprendre les raisons et les motifs de ses réactions, il faut bien saisir les raisons pour lesquelles Mohammad Machfar a été démis de ses fonctions à la tête de la radio.
Flash back, alors ! Au cours du mois d'août dernier de l'année en cours, M Machfar avait licencié deux jeunes journalistes travaillant à la radio. Le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) était ainsi convoqué à une réunion au premier ministère avec M Sinaoui responsable de la communication au sein de ce ministère ainsi que M Machfar pour résoudre le problème. La réunion n'a pas abouti. Pire, M Machfar a quitté la réunion et laissa les autres invités en hors-jeu et on croit savoir que cette réaction lui a coûté sa fonction à la tête de la radio.
Pour mieux cerner la situation nous avons contacté Mr Kamel Omrane, ancien directeur de la station et devenu ministre des Affaires Religieuses avant d'être contraint à la démission par Mr Machfar. En fait, Dr Omrane ne voit pas la raison pour laquelle on conteste la nomination d'une femme à la tête d'une radio coranique. « Je croix profondément au respect des institutions. L'Etat à décidé de nommer une femme à la tête de la radio de la Zitouna. Il faut respecter ses décisions. Je suis contre ce qui ce passe et le recours à la force et au sit-in est strictement dénoncé », estime-t-il tout en précisant que « je ne voi aucune raison pour laquelle on a contesté la nomination de Mme Iqbal El Gharbi à la tête de la radio. C'est une femme très compétente et elle est hautement qualifiée pour cette mission indépendamment de ses idées. Il faut lui donner sa chance et éliminer tous les préjugés ». En fait, pour Dr Omrane, l'affaire est un peu délicate. « C'est une radio religieuse, entre autre islamique. Et partant de là, il faut respecter les valeurs qu'elle diffuse et surtout donner l'exemple à autrui en respectant la loi », ajoute-t-il. Pour lui, il faut toujours savoir raison garder !
De toute façon, la radio ainsi que son staff se trouvent otages d'un bras de fer engagé entre l'ancien administrateur judiciaire de la Radio (proche gâté du gendre de l'ancien président et ancien propriétaire de la radio comme on l'affirme) et les autorités de tutelle. Le gouvernement peut-il intervenir ?
Zied DABBAR

Iqbal El Gharbi, au Temps
« Une femme dans un milieu d'hommes, dérange »
Exégète parmi les premières femmes à avoir investi un milieu réservé aux hommes, à savoir, le savoir religieux, Iqbal Gharbi a pu malgré une réticence peu avouée et sur fond de tensions avec les islamistes depuis le début des années 90, à se donner raison. L'universitaire ayant suivi des études à la Sorbonne, a intégré la Zitouna en 1993 et a pu y accéder au poste de chef de département des civilisations avant de le quitter pour un autre à la tête de la radio Zitouna. Avec son combat de tous les jours et sur tous fronts elle entend jeter les bases de ce qu'elle appelle « l'Islam des lumières » qui fait « moderniser et rationnaliser l'enseignement religieux » faisant fi de tout intégrisme religieux. Aujourd'hui, les extrémistes deviennent de plus en plus visibles dans une société d'où émerge une forme d'activisme islamiste. La manipulation des masses est de retour. Et ceux qui tirent les ficèles se revendiquent d'un déni de juridiction. Dans un jeu de pouvoir et de reprise d'assaut de la direction de la radio, Iqbal Gharbi est sollicitée à quitter les lieux. « Faites entrer l'accusé ! »
-Le Temps- : Expliquez-nous les raisons de ce sit-in qui a fait que la radio Zitouna émet du coran en continuité depuis ce matin.
Iqbal Gharbi : Je pense qu'il y a deux lectures de l'Islam qui s'opposent. D'un côté il y a l'Islam qu'on veut, celui qui prône la tolérance et prévoit l'acceptation d'autrui que j'appelle l'Islam des Lumières et d'un autre côté, il y a un Islam qui propose une lecture rétrograde de la religion. Je crois aussi que dans ce cas de figure une manipulation est orchestrée par certaines parties.
Croyez-vous vraiment que la présence d'une femme à la tête d'une radio coranique dérange ?
Oui, tout à fait. Le fait religieux est une affaire de tout le monde, y compris les ‘'oulamas'', les islamologues et l'intelligencia tunisienne. A mon sens l'expérience postrévolutionnaire est un test pour nous Tunisiens, pour voir quel genre de discours religieux on peut tenir, la place du religieux dans la société. J'ai vécu l'expérience d'enseignante à l'Université Zitouna au début des années 90. Il y avait une certaine réticence de la part de mes collègues qui votait mal la présence d'une deuxième femme dans cette institution. Deux décennies ont suffi pour voir les choses changer. Pour le mieux. Aujourd'hui, la situation est différente.
Est-ce que vous craignez les extrémistes qui deviennent de plus en plus visibles ?
Ces gens peuvent être noyés par la démocratie et la délibération sociale. Il faut opter pour le dialogue autrement on va tomber dans la dictature alors qu'on s'est libéré de justesse du ‘' tout sécuritaire'' de Ben Ali. Moi-même j'ai été opposée à la sécurité universitaire, il n'y a pas lieu d'y revenir.
A-t-on proféré des menaces contre vous ? Et est-ce que c'est en raison de vos prises de positions par rapport au port du voile ?
Dès le début j'ai été claire et je l'ai toujours écrit dans mes articles : le Hijab est une question personnelle et la femme est libre de porter ou pas. J'ai toujours essayé de déconstruire le discours en adoptant une approche qui adopte les libertés personnelles vestimentaires. J'ai été menacée sur Facebook après ma nomination à la radio Zitouna mais je ne crois pas que les raisons reviennent à ma lecture de la religion. La preuve en est : depuis le 14 janvier plusieurs parmi mes collègues à l'université ont eu des ennuis, alors que j'ai continué à enseigner et à être respecté par mes étudiants.
Est-ce que vous êtes optimiste ?
C'est à la société et à l'Etat de rectifier le tir en faisant comprendre que le fait religieux est une affaire de tous. Elle n'est pas le seul apanage des cheikhs. Malheureusement on a toujours une approche traditionnelle de la direction alors qu'elle devrait être pluridisciplinaire. Il faut miser sur l'éducation et le savoir de l'école primaire à l'université pour transmettre les valeurs du vivre ensemble.


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