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Ras-le-bol d'un immigré
Lettre de France
Publié dans Le Temps le 06 - 12 - 2011

Par BEN HAMIDA Ezzeddine Professeur de Sciences économiques et sociales - Où l'étranger –pour les plus modérés-, l'émigré –pour le « Français moyen »- l'Arabe -pour le raciste- et le musulman -pour l'islamophobe- est devenu l'origine du mal, de la crise, du chômage, de l'insécurité,…Bref, de la décadence de la FRANCE.
Pourtant, je suis gentil, j'ai toujours travaillé en fermant ma gueule, en m'écrasant, en respectant les indigènes même parfois en cirant leurs chaussures en parlant de la grandeur de leur culture, de leur révolution, de leurs apports en sciences sociales -en sciences économiques demeurent très modestes-, que la colonisation est une triste parenthèse ; et, quand je suis un peu intimidé, je dis même parfois que c'était peut être une opportunité!
Rien à faire, leur haine est ancestrale. Le mal est trop profond! L'actuel Ministre de l'Intérieur Claude Guéant veut croiser les fichiers des étrangers et de la sécurité sociale. En clair, le déficit de la sécurité sociale française est causé par les étrangers : Non seulement ils mangent le bifteck des Français mais aussi ils fraudent ; ils font beaucoup d'enfants ; ils touchent les prestations sociales et ils ne payent pas d'impôts sur le revenu puisqu'ils sont au chômage. Forcément, ils ne payent pas de taxe foncière : Comment voulez-vous qu'ils soient assujettis à cette taxe ? Ils sont rares les propriétaires parmi les étrangers. Ils sont tous, bon en très grande majorité, quoi, au chômage ! Même la taxe d'habitation, ils y participent que d'une manière symbolique puisqu'elle est indexée sur les revenus.
C'est les étrangers qui sont à l'origine de notre malheur.
Malheur, dites-vous ?
Pourtant, pour libérer votre patrie pendant la Première et la Seconde Guerre Mondiale vous avez fait appel aux Africains et aux Arabes, n'est-ce pas?
Peut-être, mais ils ont combattu par nos armes, créées par nos ingénieurs et sous commandement français, monsieur !
Et votre équipe nationale, alors, n'est-elle pas composée très majoritairement que par des Français d'origines diverses ?
Le coach est français et en plus on les a sauvés de la misère, autrement, ils seraient des délinquants en prison si ce n'est pas en Afrique!
Pour aller plus vite, pour celui qui n'a pas encore compris, la France va mal, même très mal, non pas à cause des étrangers, comme l'UMP et ses alliés naturels de l'extrême droite le laissent entendre, mais par ce qu'elle prend, depuis plus de 30 ans, comme bouc émissaire les étrangers pour expliquer son mal être social et économique : l'endettement de l'hexagone dépasse les 1700 milliards d'euros, les impôts sur les revenus (52 milliards d'euros) servent à peine à payer le loyer de la dette ; il y a près de 8 millions de pauvres dont 2 millions d'enfants et plus d'un million de jeunes. Le chômage au sens du pôle emploi frôle les 10% ; au sens du BIT (Bureau International du Travail), il avoisine les 14% (la différence entre les deux indicateurs s'explique, en gros, par le travail à temps partiel involontaire). Oui, la France va mal. Même très, très, mal.
Mais les étrangers n'y sont pour rien. Ils ont largement participé au développement et à la prospérité de ce pays. Mais à chaque campagne électorale, ils sont pris injustement pour cible. D'ailleurs, ils sont les premiers à être victimes de la crise économique. Leur taux de chômage est 4 fois plus élevé que celui de leurs collègues d'origine européenne. Un jeune étudiant d'origine arabe a 5 fois moins de chance qu'un jeune d'origine européenne de décrocher un emploi dans les 6 mois qui suivent la fin de son cursus universitaire.
En fait, pour éclairer le lecteur sur l'origine du déficit de la sécurité sociale française : il faut savoir que la sécu –comme on dit ici-, la colonne vertébrale de l'Etat-Providence, est composée de quatre grandes branches dont les dépenses se répartissent, en gros, comme suit : Maladie et invalidité (35%), Retraite et vieillesse (46%), Chômage (6%) et famille ( 13% dont 1,5% pour la lutte contre la pauvreté et près de 3% d'aides aux logements). Ainsi, nous constatons que l'origine du déficit de la sécurité sociale est causée fondamentalement par le taux de charge qui exprime le rapport actifs-inactifs (ensemble de la population active / ensemble des actifs). Et non pas, comme le martèlent les leaders de l'UMP et leurs sympathisants, les ETRANGERS. En réalité, le vieillissement de la population à terme et le non-renouvellement des générations provoquent une diminution du rapport actifs-inactifs et donc une charge de financement pour les actifs de plus en plus lourde.
Pourrais-je oublier les taxes sur l'alcool et le tabac et bien d'autres produits que l'Etat central ne les a plus versée à la sécurité sociale depuis près de 25 ans. La croissance « molle », aussi, n'a fait qu'aggraver la situation.
J'y suis donc pour rien.
Nous y sommes pour rien.
Nous apprécions ce pays malgré ses paradoxes avec ses phases de gloire et de regret. Nous aimons ses monuments, ses paysages, sa gastronomie, sa culture, ses théâtres, ses écrivains et nous estimons, à leur juste valeur, nos très nombreux concitoyens français qui récusent les thèses de l'extrême droite et le discours de monsieur Claude Guéant.
Je ne peux terminer mes propos sans exprimer ma profonde tristesse face au silence assourdissant des autorités africaines et maghrébines à l'égard de ces pratiques de certains partis politiques français. Nous, ne sommes pas dupes, leur silence, pour ne pas dire leur soumission totale qui est souvent humiliante pour eux et pour leur peuple, s'explique fondamentalement par la recherche de la paix politique et ainsi dire pour éviter que la France ne rétorque hypocritement en brodant – en plus, elle excelle avec art et manière- son attachement aux droits de l'homme en mettant ainsi en exergue leur manque de légitimité populaire. En fait, c'est l'histoire de la chanson : tu me tiens, je te tiens, par la barbichette.
Pensez à vos compatriotes de l'autre côté de la rive.


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