Une page est tournée, une nouvelle commence et nous espérons que cette fois-ci, elle sera la bonne ! Le discours émouvant du nouveau Président de la République intérimaire Dr. Moncef Marzouki, tranche avec tous ceux de ces prédécesseurs par la tonicité et surtout l'ambition ardente. Le tribun à l'éloquence de l'homme du Sud, charriant avec lui des années de luttes âpres et souvent amères contre la dictature implacable qui l'a poussé à l'exil, n'a pas fait de concessions quant aux objectifs essentiels : Rompre avec l'ancien régime totalitaire et corrompu et construire le nouveau modèle social en conformité avec les aspirations de la Révolution du 17 décembre – 14 janvier 2011. Un moment historique pour tout le monde malgré la charge « intérimaire » et une « présidence » amputée de l'essentiel… le présidentialisme gouvernant. Pour ma part, je ne peux me plaindre, ayant défendu sur ces mêmes colonnes le régime parlementaire ou à la limite le présidentiel mixte style 5ème République, en France. Ennahdha, d'ailleurs, confirme ainsi les orientations majeures de son programme politique. L'homme que j'ai connu sur les bancs du collège Sadiki, en première « S1 », camarade de promotion de Hédi Griou, Fadhel Khelil, feu Hamed Boughzala, Aziz Mamelouk, Ali Neïfar, Hichem Gribaâ, Issa Baccouche, Hichem Bouzouita, et bien d'autres gamins de la vénérable institution créée par « Al Wazir Al Akbar », Kheïreddine Bacha Attounsi a été brillant dans ses études secondaires et universitaires, et n'a pas failli à ses origines du Sud, rebelle au protectorat français et à la tribu combattante des « Mrazigs », mais aussi à ce côté urbanisé, modelé au Cap-Bon, à Sousse et dans les capitales tunisienne et de l'Alsace, à Strasbourg. Un mélange farouche de volonté d'être juste et libre et de modestie naturelle. Son ardeur à défendre les causes justes en martelant son attachement à l'égalité des catégories sociales et des régions, ainsi qu'aux libertés politiques et civiles, le droit à la différence, en toute chose, même dans le vestimentaire, bien que sa défense du Niquab n'a pas été appréciée par tout le monde, côté féministe, a accompagné des gestes de bonté sincère et de courtoisie, encore une fois, de l'homme du Sud, envers Si Foued Mbazaâ, le Président sortant, et les chefs de partis de l'opposition qu'il a reçus dans sa première heure de travail en tant que magistrat suprême de la République. La chaleureuse accolade fraternelle à Mme Maya Jéribi, cette femme admirable de combativité et secrétaire générale du PDP, montre à quel point l'homme est en train de frayer sa voie vers un nouveau style de la Présidence démocratique et plurielle. Sa petite « larme » a rappelé à certains les bons souvenirs de Bourguiba, homme sensible et père de la Nation, mais qui confirme aussi, que « l'enfant est le père de l'homme ». En chacun de nous campe un enfant, un être faible et fragile quelles que soient les hautes charges qu'il assume… et c'est tant mieux ! La Tunisie a besoin, aujourd'hui, plus que jamais de fraternité et de concorde. Il faut remettre le pays au travail, aller de l'avant et dépasser les nervures et les blessures passées. Aucun système politique au monde n'a été parfait et démuni des ratages douloureux à travers l'histoire, parce que le pouvoir est lié à la nécessaire décision qui peut satisfaire le « bien » mais qui peut aussi créer « le mal » collatéralement. S'attarder sur les règlements de compte et les « revanches » égocentriques et orgueilleuses, nous fera perdre du temps et de l'énergie. Bourguiba, lui-même, a pris « sa » revanche sur les Beys de Tunis mais il est sorti par la petite porte et son œuvre est plus que jamais en ballottage, aujourd'hui. Finalement, la persistance c'est dans la capacité de dépassement de soi. Notre Prophète vénéré Mohamed a été le plus grand parce qu'il a pardonné à ses pires ennemis et pas seulement par un décret d'amnistie générale à la Mecque, mais en invitant tout le monde à la maison de Dieu ! C'est de là que l'Empire musulman a atteint l'Atlantique jusqu'en Espagne ! Souhaitons à Marzouki bon vent dans son voyage présidentiel, mais son premier devoir doit être de réconcilier les Tunisiens avec eux-mêmes et la Tunisie avec son temps. L'excessif n'a pas d'avenir le monde est de plus en plus difficile à gérer parce que multiple et sophistiques. La Tunisie a besoin de tous ses enfants et de toutes ses énergies pour trouver une petite place au soleil. La générosité et le cœur sont les valeurs du passé. Faisons qu'elles soient celle du présent et de l'avenir !